Jour de la fête des travailleurs. Affluence sur la terrasse du kiosque. Les habitués, bien sûr : Tana Umaga, Mr Pascal (le Biker), une charmante dame qui avait acquis un « Abuelo » (l’a-t-elle lu ?), Martine qui, elle, est en plein dedans et qui semble beaucoup aimer, et une autre dame qui découvre qu’elle a devant elle un type qui a écrit un bouquin, qu’il est présenté sur les étagères de Jean-Michel (le bouquin, pas le type) et que ce dernier ne lui a rien dit ! « C’est quoi ce délire ? » s’exclame-t-elle, traduisant ainsi son étonnement amusé. Un instant elle a pensé en acheter un exemplaire et l’instant d’après, elle s’est ravisée : elle venait juste de se payer le dernier Don Winslow. Alors : deux chefs d’œuvre le même jour, c’est trop !
Que dire d’ailleurs de la manif ? Un peu le bordel, une Place de la République grise de monde (pas noire), un défilé où mon plaisir est de voir des types avec des tronches pas possibles et des gusses qui militent pour des causes indéfendables (de sombres groupuscules révolutionnaires aux revendications incompréhensibles) ; les traditionnels stands de merguez et de saucisses à l’oignon qui dégagent dans l’air des nuages de particules graisseuses et odorantes, lourdes en empreinte carbone ; de la musique crachée par des haut-parleurs hissés sur des camionnettes aux couleurs syndicalistes ; des chorégraphies de percussions (gros succès), etc.
Et donc, nous avons déambulé de République à Bastille en devisant gentiment de films et de séries à ne pas manquer.
Un moment, il fallait bien être raisonnable : nous nous sommes donc assis à la terrasse d’un troquet dans une rue adjacente, sous la protection d’une petite troupe de gendarmes mobiles déguisés en RoboCop.
Ah ! J’oubliais un truc qui a failli gâcher ma promenade militante : un vieux mec au visage usé par pas mal de choses en plus des années me tend un tract en m’indiquant qu’il s’agit d’une lutte pour aider les soignants qui s’occupent des vieux, lesquels sont en grève (les soignants, pas les vieux). Le type ajoute : « et vous en aurez besoin bientôt ! » ; je me marre tout en marchant ; il me rattrape en me disant que c’était une plaisanterie et qu’il se l’était autorisée car nous devions avoir le même âge… Alors là, ça m’a fichu un coup : le type avait l’air d’avoir plus de 75 balais ! Je ne me vois pas vieillir certainement. Madre de Dios !
Vous voulez savoir pourquoi je vais m’égarer dans la manif du 1er mai ? Je vais vous le dire mais, surtout, promettez-moi de bien le répéter à tous ceux qui vous demanderont pourquoi aller à la manif du 1er mai.
Bien que certains jugent que nous avons, en France, beaucoup trop d’avantages sociaux et d’assistés, qu’il y a des coups de pied au cul qui se perdent, … je vais à cette manif par respect pour nos anciens qui se sont battus - et parfois, fatalement - afin que les allocations chômage existent, les 5 semaines de congés payés, les 35H, pour que le travail des enfants soit interdit, le droit à la retraite légitime, et j’en oublie.
« Respect pour nos anciens, ça fait un peu ancien combattant, un combattant qui, pour l’heure, n’a jamais combattu !
Autre chose : le tonnerre gronde ce soir.
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