Je ne sais pas encore si j’irai au kiosque ce matin (finalement j’y ai fait une incursion rapide en vélo). Le ciel est gris, nous sommes dimanche, le petit-déjeuner tarde…
Je suis encore parti loin, très loin, depuis mon réveil. Pergama en Turquie, la ville qui abritait sur une immense colline, il y a 2000 ans, l’une des merveilles architecturales du monde : le grand autel de Pergame, aujourd’hui visible à Berlin. Pergame, c’est l’un des mots qui composent le nom de l’adresse de ce blog : pergame-shelter.
En novembre 2008, quand j’ai créé ce blog - il y a donc plus de 15 ans - je revenais précisément d’un séjour à Berlin où j’avais découvert, émerveillé, le grand autel de Pergame dont la frise de plus de 100 m de longueur représente le combat des dieux et des géants ; une allégorie du combat entre le Bien et le Mal (avec le triomphe du Bien), et sans doute aussi une référence à la force de l’Ordre (pas aux « forces de l’ordre »). Je cherchais un nom qui puisse évoquer la beauté et c’est Pergame qui s’est imposé. Shelter parce qu’un blog (surtout s’il est semi-confidentiel comme celui-ci) représente un abri pour son auteur. Et puis « shelter » est un mot-fétiche du lexique de Leonard Cohen dont je suis un fidèle admirateur depuis une bonne cinquantaine d'année.
Il y a plus de 3000 ans maintenant, vers 1350 av JC, l’art de la civilisation égyptienne produisait des chefs d’œuvre d’une beauté fascinante. C’était l’époque des règnes d’Akhenaton, de sa fille aînée, Mérytaton, et de Toûtankhamon, le frère de celle-ci. On vient de découvrir que le trésor fabuleux de la tombe de Toûtankhamon, découvert par l’archéologue anglais, Howard Carter, en novembre 1922, serait en fait celui de sa sœur aînée « recustomisé » en quelque sorte pour servir à Toûtankhamon. Dans cette hypothèse, le célèbre masque de 10kg d’or serait-il celui d’une jeune femme et non d’un jeune homme ?
Tout cela nous éloigne beaucoup du kiosque. Pas tant que cela peut-être, car ces sujets auraient pu faire l’objet de discussions animées autour de la table, sur les pavés du parvis où, qui sait, ensevelis à plusieurs mètre sous terre, patientent, muets, les vestiges d’une civilisation aujourd’hui oubliée (comme la nôtre peut-être un jour, à moins que, dans 2000 ans, quelques créatures en provenance d’une planète lointaine, étudient sur la Terre totalement dévastée, les vestiges de nos décharges publiques et apprennent tout de nos habitudes dans l’auscultation minutieuse de nos débris).
Mais nous n’en sommes pas encore là, et la terrasse du kiosque ce matin est déserte ; orpheline de son passeur parti en urgence à Tours auprès de sa tante gravement malade.
Dans ce reportage d’ARTE (eh oui, c’est ARTE qui m’a fait voyager de Pergame et dans la Vallée des Rois) concernant la fin de la XVIIIéme dynastie d’Egypte, il était présenté des objets absolument fabuleux ; en particulier ce coffre d’albâtre renfermant 4 statuettes d’une beauté indicible, d’environ 50 cm de haut, placées par couple, l’une en face de l’autre, se regardant à quelques centimètres de distance depuis plus de 3000 ans.
C’est ainsi que les hommes vivaient.
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