Ce matin, peut-être parce qu’un léger crachin flottait dans l’air, nous sommes partis loin : le Vietnam et puis, parce qu’on a peur de rien, une escapade au Mali.
Mais tout d’abord, il faut que j’évoque ma très grande fierté ; celle dont Martine est la cause puisque, dès qu’elle m’a vu arriver dans le « magasin de presse », elle est venue me dire qu’elle avait adorer « Abuelo ». Fierté, mais aussi bonheur : des mots, mis bout à bout pour fabriquer des phrases et assembler ces phrases pour qu’elles réussissent à « faire sens » et procurer du bonheur à une lectrice ou un lecteur. J’ai oublié de l’embrasser ! Et en plus, elle veut suivre mon blog ! Je lui ai montré comment s’abonner et dans les manipulations du smartphone, j’ai vu que son nom était d’origine vietnamienne.
Du coup (comme on dit maintenant), je me suis autorisé (non, j’ai demandé) à m’asseoir à la table des habitués. Il y avait bien sûr Pascal et Utah - qui m’a sauté dessus en guise de bienvenue -, et Philippe dont j’ai appris le pays d’origine par mon indiscrétion en réglant le flux RSS de Madame.
Anne-Marie (la dame aux 10€) et Laurence (la dame au « c’est quoi ce délire ? ») nous ont rejoints.
Et nous sommes partis au Vietnam ! Et en remontant loin ! 1945, le père de Philippe n’a que 16 ans quand il s’enrôle pour aller combattre dans le contingent indochinois contre Hitler. Bon, le temps qu’il arrive d’Indochine, la guerre était finie. Hitler et sa maîtresse, Eva Braun, s’étaient suicidés et des SS les avaient brûlés ; Goebbels et sa femme, itou, suicidés - mais pas cramés -, et leurs 6 enfants assassinés par leur mère.
Le jeune homme, modeste, n’a pas forcément considéré qu’il y avait un rapport de cause à effet entre son arrivée et la capitulation de l’Allemagne nazie. Il avait de ce fait un peu de temps libre, alors il s’est fait tatouer une rose sur l’avant-bras.
Philippe et son épouse sont allés au Vietnam une première fois sans le père, mais avec quelques indications pour tenter de retrouver leur famille. Ils y parvinrent et se fut un moment très émouvant, célébré quelque temps plus tard par l’ouverture d’une boîte de sardines et de quelques portions de « Vache qui rit ». Un repas vietnamien (délicieux) avait néanmoins été préparé au cas où les sardines et la « Vache qui rit » ne suffiraient pas.
Dans les années 2000, ils y sont retournés avec le père de Philippe qui n’avait jamais pris l’avion. Alors que celui-ci roulait encore sur la piste (l’avion, pas le père de Philippe), impatient, (le père de Philippe, pas l’avion) pensait qu’ils avaient déjà décollé.
Je leur ai raconté cette anecdote que j’aime beaucoup (rassurez-vous, il ne s’agit ni de cassoulet, ni de tête-de-veau sauce gribiche) ; c’est l’un des plus beaux souvenirs de mon voyage au Vietnam.
C’était en revenant de la Baie d’Halong (une splendeur). Le moteur de notre voiture explose. Il a la bonne idée d’exploser - le mot est peut-être un peu fort, mais, chère lectrice, cher lecteur, ça se nomme « la tension dramatique » - à proximité d’un hameau de quelques maisons (plutôt des cabanes, voire des masures… la tension dramatique !). Pendant que le chauffeur et notre guide font le nécessaire pour réparer la voiture (finalement, on en prendra une autre), nous sommes assaillis par les jeunes du village ; et en particulier les jeunes filles qui veulent être prises en photo avec nous et qui se changent pour enfiler leurs plus belles tenues ! Elles nous offrent des fruits et sont pliées en deux quand on fait la grimace en sentant un durian qu’elles viennent d’ouvrir. Pour donner une image de l’odeur repoussante de ce fruit, Wikipedia écrit : « En le mangeant, votre haleine ressemblera à celle que vous auriez, si vous aviez embrassé intensément votre grand-mère morte depuis des lustres. »
On saute en Afrique après un détour de quelques secondes au Rajasthan.
L’Afrique ! Je leur parle du Mali où on traversait la brousse en 4X4 sans aucun risque. J’ai le souvenir d’un matin à Mopti, cette grande cité au nord Mali, sur une boucle du delta intérieur du Niger, à proximité de Djenné où se trouve la plus grande mosquée de terre au monde (un bijou). Je me lève aux aurores (l’hôtel s’appelait « Le Cheval blanc », marbre, clim, personnel de service dans tous les coins, …) et je me rends sur les berges du fleuve, là où les grandes pinasses colorées en provenance de Gao ou de Tombouctou viennent déposer leurs ballots de poissons séchés, des fagots de sorgho, des sacs gonflés de matières diverses et des voyageurs - touaregs enveloppés dans leurs voiles indigos, peuls coiffés de leur chapeaux de cuir coniques, femmes en boubous multicolores, etc.
Des enfants, des hommes et des femmes torses nus, se lavent dans la rivière. Il doit être aux environs de 6h du matin. Je filme sans que l’on vienne m’interdire de filmer. Je suis le seul blanc. Je ne ressens aucune angoisse particulière.
J’imagine aujourd’hui Mopti, sous la férule des djiadistes. Et le Pays Dogon tout proche, magnifique, avec ses villages aux pieds des falaises de Bandiagara, voire même accrochés aux parois rocheuses pour certains…
Il crachine toujours sur Becon. Mélanie, cette jeune femme qui veut écrire arrive. Je lui cède ma place.
Jean-Michel me pose une dernière question : ai-je lu Dominique Fabre, « Gare Saint-Lazare » ? Eh non ! (Martine m’a avoué qu’elle n’avait pas du tout aimé ce roman et qu’ « Abuelo » à côté…).
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