Matin un tantinet humide. Pas grand monde au kiosque ; pardon : au magasin de presse. Jean-Michel me commente la descente aux enfers d’Arnaud Lagardère, son ancien patron, qui vient d’être mis en examen pour tous les motifs qui concluent la soif inextinguible d’argent et de puissance, quand on ne dispose pas de l’intelligence machiavélique de certains milliardaires. J’ai vu une photo récente de cet héritier, bouffi et content de lui-même. Quelle tristesse !
Les couvertures des tabloïds affichent tous le visage déconfi d’un dénommé Girac, chanteur à ce que je sais désormais et que j’ignorais encore hier - Girac, pour moi, c’est le nom de l’hôpital d’Angouleme où, jeune ingénieur, j’ai effectué mon stage ouvrier de poses de bordures - qui s’est tiré une balle dans le ventre par dépit amoureux en tentant de faire passer son acte en tentative d’assassinat. C’est quand même prendre la police pour plus conne qu’elle ne l’est.
J’ai acheté un hors-série spécial du magazine « l’Histoire » sur la guerre d’Espagne ; un sujet qui me passionne, le creuset des drames du XXeme siècle, et même du suivant. El Campesino sera-t-il évoqué ?
Un jeune type tout en noir, façon anarcho-gothique, consulte compulsivement le « Canard » sur une des tables de la terrasse. Sur une autre, toujours la même, Philippe fumait une cigarette en prenant le frais avec son chien Utah et en m’assurant, alors que je le saluais et voulant probablement me rassurer, que rien n’avait changé à Bécon. Mais en fait, quand on y pense - mais bien fort - tout a changé car, comme chacun sait sans s’en apercevoir, tout instant est unique. Et donc, merveille du monde dont on ne goûte que trop rarement le plaisir indicible, le monde, d’une seconde à l’autre, n’est jamais identique. Ne faudrait-il pas que tout change d’ailleurs pour que rien ne change ? (merci Mr. Di Lampedusa).
Une dame qui doit venir chaque matin ne viendra pas demain car son « Parisien » ne sera pas en vente (1er mai oblige). Une autre dame avec juste 4 drôles dont un dans une poussette, une personne que j’ai déjà vue avec son équipage, passe juste quelques instants dans le kiosque car le magazine qu’elle souhaite n’est pas encore arrivé. Je la recroise un peu plus tard Place de Belgique et je fais les gros yeux à l’un des drôles qui lèche avec application le trottoir humide, puis ses doigts (dans cet ordre). La probabilité pour que ce cm2 de trottoir grouille de cochonneries est voisine de l’infini…
Mais, ça y est, j’ai déjà quitté mon passeur et la gare de Bécon-les-Bruyères.
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