dimanche 24 novembre 2019

"Le cœur de l'Angleterre" de Jonathan Coe

Résultat de recherche d'images pour "le coeur de l'angleterre"Le tout dernier opus de Jonathan Coe plonge le lecteur dans une Angleterre confrontée aux turpitudes d'une vielle démocratie sur les braises de laquelle soufflent les vents mauvais du populisme et du racisme. Mais pour ceux qui penseraient qu'il s'agit d'une peinture de la société britannique, leur dire tout de suite que la galerie des portraits imaginée par l'auteur est parfaitement pertinente de ce côté-ci de la Manche.
L'histoire se déroule sur une petite dizaine d'années de 2010 à septembre 2018 et met en scène une famille et leurs proches. Il y a le grand-père, Colin, veuf de Sheila, figure matriarcale adorée, vieil homme aigri qui vote pour le Leave tenant l'Europe pour la cause de la déchéance anglaise ; le fils, Benjamin (Ben), un être sentimental dont le rêve est de devenir un écrivain reconnu, qui parvient à faire éditer un livre autobiographique sur l'amour de sa vie ; sa sœur Lois, traumatisée par la mort de son petit ami dans un attentat à la bombe alors qu'ils n'avaient que 20 ans ; la fille de benjamin, exilée aux Etats-Unis, victime d'un viol commis par le frère de Ben ; Sophie, la fille de Lois, brillante étudiante de gauche, instable dans ses relations avec les hommes, qui se marie avec Ian, un moniteur d'auto-école, plutôt à droite, sous influence de sa mère, "raciste ordinaire" ; et puis Sophian l'ami de Sophie, un gay qui finit par trouver son bonheur avec un trader, et Charlie, l'ancien camarade de classe devenu clown looser, etc...
Cette petite description est bien insuffisante pour refléter toute la richesse de ce récit
Résultat de recherche d'images pour "le coeur de l'angleterre"emprunt de nostalgie et de rage, d'espoir et de tendresse.
Une belle réflexion sur le cour de la vie - des vies - dans cette époque particulière qui voit plutôt triompher une sorte de défaite de la pensée.
On attend la suite, car il y aura une suite avec les mêmes personnages, ça semble évident.

545 pages, 23€, Gallimard.

mercredi 13 novembre 2019

"Expo 58" de Jonathan Coe

La fameuse expo de 1958 à Bruxelles dont le symbole était l'Atomium, conçu par l'ingénieur André Waterkeyn et les architectes André et Jean Polak, représentant la maille de l'atome de fer agrandie 165 milliards de fois, est le lieu principal de cette aventure amusante à laquelle les plus de 60 ans associeront probablement un brin de nostalgie lié à leurs rencontres de jeunesse ...

Résultat de recherche d'images pour "expo 58 livre"Thomas, employé du Ministère de l'Information, mène une vie plutôt conventionnelle. L'homme ne manque pas de charmes : une moitié des secrétaires lui trouvent des airs de Garry Cooper et l'autre moitié des allures de Dirk Bogarde. Par ailleurs, il possède un pedigree suffisant à le faire désigner par sa hiérarchie comme superviseur du pub le Britannia, le clou du pavillon britannique à l'exposition de Bruxelles de 1958 : sa mère est belge et son père a tenu durant 23 ans un pub. C'est ainsi qu'il se retrouve du jour au lendemain propulsé dans un espace-temps d'où surgissent des personnages aux comportements curieux et des créatures séduisantes, le tout dans une ambiance de fête universelle.
Résultat de recherche d'images pour "jonathan coe"

Difficile alors de ne pas oublier sa petite fille et son épouse restées au domicile conjugal qu'un voisin attentif s'emploie à fréquenter avec une certaine assiduité ...

Mais que lui veulent ces deux compères qui semblent l'espionner à tout bout de champ et qui l'enlève pour lui confier une mission loufoque ? Qui se cache derrière ce Chersky qui publie la feuille de chou du pavillon soviétique et dont la très belle Emily, une jeune américaine, semble amoureuse ? Comment ne pas céder au charme d'Anneke, la séduisante hôtesse belge ? Où toute cette histoire peut-elle bien mener cet anglais très ordinaire ?
Et bien tout ça, et davantage, vous le saurez en lisant "Expo 58" et en évitant de lire la fin avant d'y être arrivé : ce serait vraiment dommage !

lundi 4 novembre 2019

Jean-Paul Dubois (enfin) consacré !

Très fier et heureux pour la littérature et le plaisir de lire que Dubois soit consacré.
Que demande-t-on de plus à un livre que de vous faire sourire, rire et pleurer, apprendre et voyager ?
Et bien tout cela est dans "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon".

https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/04/prix-goncourt-2019-jean-paul-dubois-vainqueur-pour-tous-les-hommes-n-habitent-pas-le-monde-de-la-meme-facon_6017966_3246.html

Extrait de mon blog en date du 21 aout 2019 ...

Entre deux tomes de la "Recherche", cette lecture du dernier opus de Jean-Paul Dubois fut un bonheur absolu. Non que "Du côté de chez Swann" ne constitue pas non plus un vrai plaisir mais, sans parler de style d'écriture, évidemment, c'est assez différent : chez Proust vous êtes dans la révélation du monde (un certain monde quand même) et son analyse, prioritairement par les sens et l'imaginaire ; chez Jean-Paul Dubois vous êtes dans l’auscultation sensible, sans concession, de personnages placés dans des situations originales (ici un "super intendant d'un "condo" à Montreal, fils de pasteur danois et d'une soixante-huitarde exaltée, et hier un promeneur de chiens -"Le cas Sneijder" -, un apprentis maître d'ouvrage -"Vous plaisantez, monsieur Taner" -, un médecin toulousain en  connexion avec la pelote basque et Miami - "La Successsion"-, etc.), des situations dont la description est le prétexte pour l'auteur à poursuivre son regard tendre sur les belles choses de la vie ou son engagement viscéral (et littéraire) contre tout ce qui s'attache à nous les pourrir (petits chefs et leurs serviteurs dociles, boutiquiers maniaques du tableur Excel, prétentieux, donneurs de leçons, aigrefins, snobs, imbéciles-heureux de tout poil, etc.).
Résultat de recherche d'images pour "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon"On sourit - souvent -, on se régale de l'intelligence des phrases comme d’un plat subtil dont on savoure chaque ingrédient-mot (on en apprend même, pour ma part : shrapnel, nival, immarcescible, irréfragable, ...), on peut aussi pleurer (mais je ne vous dit ni où, ni pourquoi), bref, on sort de ce livre bien meilleur qu'avant d'y être entré (ce qui est rarement le cas avec un petit-chef). C'est déjà extraordinaire !