lundi 5 février 2018

Les excès de la finance ou l'art de la prédation légalisée

Avec Pierre Rabhi en couverture, cet essai, qui se fonde sur un grand nombre d'entretiens avec des personnalités majoritairement acquises au slogan du titre, a été écrit en réalité par une journaliste, Juliette Duquesne. Peu importe, car l'ouvrage est plutôt bien écrit et documenté, mais on ne peut s'empêcher d'imaginer qu'un certain nombre de fans de Rabhi se seront laissés prendre par le marketing éditorial.


Résultat de recherche d'images pour "Les excès de la finance ou l'art de la prédation légalisée"Résultat de recherche d'images pour "juliette duquesne"L'auteure pointe du doigt la financiarisation de la société, la main-mise des grandes banques sur nos vies, la fraude et l'évasion fiscale scélérates (entre 60 et 80 milliards d'euros par an en France, soit de l'ordre de 20% des recettes fiscales), la folie des marchés financiers qui n’agissent, à la nano-seconde près, que sur du virtuel spéculatif, le trading alimentaire, le détournement des élites - et en particulier les petits génies des mathématiques - vers ce système qui participe à l’enrichissement des déjà très riches au détriment des pauvres encore plus pauvres, et qui conduit l'humanité, par la prédation des ressources terrestres, vers sa ruine, etc. Nous connaissons peu ou prou tous ces avatars d'une société ultra-libérale qu'une fascination imbécile pour l'argent entretient. Mais l'intérêt de ce petit livre (170 pages) est la clarté de son propos, même quand il touche à des mécanismes financiers complexes (la complexité comme dispositif d'opacité des faits !), aux témoignages précis et argumentés d'engagés de la première heure ou de "repentis" contre cette dérive mortifère, aux propositions simples que chacun d'entre nous peut prendre contre un système qui ne vit que par nos subsides : par exemple, placer son argent dans des banques de l'économie sociale et solidaire, faire le choix d'un fournisseur de service énergétique qui privilégie le renouvelable. Par ailleurs, il établit parfaitement le lien entre financiarisation excessive et catastrophe environnementale.
Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, il ne s'agit pas d'un document à charge contre la finance en général ; de même il reconnait que les politiques des pays ont engagé un certain nombre de dispositions pour limiter ce fléau (travail sur les paradis fiscaux en particulier), mais on s'interroge encore sur le pourquoi du report de la taxe Tobin par le gouvernement Macron-François ...