mardi 11 juillet 2023

« En ville » de Christian Oster

 « En ville » de Christian Oster


est à la fois déroutant et captivant. Déroutant par cette évocation « plate » du quotidien avec mille détails que l’on pourrait juger inutiles ou dérisoires, mais qui constituent la matière-même à partir de laquelle l’auteur joue avec les faiblesses, le déséquilibre, l’incertitude de ses personnages ; captivant, car ce récit qui enchaîne les situations banales, sans dimensions psychologiques fumeuses, nous plonge dans un quotidien qui parle au lecteur, pour peu que celui-ci dispose d’un cerveau capable de considérer le moindre geste, la moindre attitude ou non-dit comme susceptible d’intérêt et révélateur de notre condition humaine.

Un style unique et direct où la métaphore a une place de choix et qui traduit parfaitement une certaine instantanéité, et finalement « la vérité du roman ».

dimanche 9 juillet 2023

« La fille qu’on appelle » de Tanguy Viel


 Il y avait longtemps que je n’avais pas été autant « pris » par un roman, tant par le style qui correspond à une écriture originale - sans « surjouer », sans traces d’effets travaillés pour acquérir cette originalité - que par le déroulement du récit lui-même dont la tension monte imperceptiblement depuis la première page jusqu’au dénouement final, que par « La fille qu’on appelle ».

Tanguy Viel évite le scabreux et le salace dans les rendez-vous entre le maire et la jeune Laura, et parvient à décrire le phénomène de la soumission avec subtilité.

Écarté de la dernière liste des Goncourt en 2021, le livre a été salué par une critique plutôt de gauche.

D’aucuns ont qualifié « La fille qui appelle » de roman « chabrolien » ; à juste titre et c’est plutôt élogieux ; tous les ingrédients chabroliens y figurent.

dimanche 2 juillet 2023

« L’Amérique m’inquiète de Jean-Paul Dubois


 Dans les années 90, Jean-Paul Dubois, Prix Goncourt 2019 pour « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon », a sillonné les USA et livré des chroniques au « Nouvel Obs » dans lesquelles il faisait état, dans un mélange d’humour teinté d’un certain navrement, des « grandeurs et misères » de la société américaine. Qu’il s’agisse, du sexe, de la religion, de l’argent ou de la violence, tout y parait démesuré à l’image des paysages de ce continent eux-mêmes. L’extravagance se loge dans tous les compartiments de la vie, avec, souvent, le cynisme et la perversité comme facteurs aggravants.

Jean-Paul Dubois a réuni ces chroniques dans un recueil, « L’Amérique m’inquiète », paru il y a 20 ans. C’était avant l’explosion d’internet et des réseaux sociaux, avant les ravages des opiacées et ceux du trumpisme, avant le Covid et les déroutes de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, avant l’effondrement des Twin Towers et les croisades du djihadisme ; c’était en fait, il y a plus d’un siècle !

On aimerait lire ses chroniques à l’encre du temps présent. Le titre du recueil serait-il alors : « L’Amérique m’angoisse » ? Probablement, bien que l’Amérique n’est certainement pas le seul sujet d’angoisse, aujourd’hui, sur cette planète.