dimanche 31 juillet 2022

La mer a ses raisons


Je viens de terminer un très beau premier livre de Romuald Delacour : « La mer a ses raisons ». Pas nécessaire d’être un passionné de voile - ni même un simple amateur comme je le suis - pour apprécier ce texte composé comme un livre de bord d’un parcours nautique en solitaire depuis Le Havre jusqu’au Pays Basque et retour en Charente. Bien entendu le vocabulaire marin est à l’honneur, mais davantage pour souligner que la navigation est un art et une science à la fois, comme peuvent l’être la musique, l’architecture, les mathématiques ou toute autre discipline pour laquelle le temps a fait son œuvre, et la poursuit. Nous accompagnons l’auteur, au gré des contextes météos et de ses références de navigation aux quatre coins du globe, dans ses réflexions sur le vivant, notre monde, nos engagements, nos responsabilités, etc., sans qu’il tombe jamais dans le discours du « donneur de leçon » (la voie est parfois étroite !). La phrase est souvent savante et presque toujours poétique.

Un livre que je vais offrir avec un plaisir immense.

Et si l’Ukraine libérait la Russie ?

Merci à Juliette de m’avoir prêté cet opuscule d’une quarantaine de pages qui dénonce


la folie de Poutine et de la clique qui le soutient dans son action criminelle contre l’Ukraine, et avant contre la Tchetchenie et la Géorgie. On voudrait croire - et c’est la thèse d’Andre Markowicz - que cette folie se retournera à terme contre ses protagonistes car elle conduit à la faillite de la Russie. Quand ? Avec quelles conséquences ?

mercredi 27 juillet 2022

Suzuran d'Aki Shimazaki

 Voilà un roman comme je n'en lis jamais : une histoire à l'eau de rose écrite dans un style que l'on pourrait apparenter à de l'haïku tant il est épuré ; sujet + verbe + complément.

Aki Shimazaki, que je ne connaissais pas avant qu'une libraire me fasse part de son enthousiasme pour cette autrice, est d'origine japonaise et vit depuis une trentaine d'années au Québec. Elle écrit ses romans en français, ce que je trouve plutôt remarquable et explique peut-être le fait qu'elle ne tente pas de rivaliser avec Julien Gracq ou Marcel Proust ... Mais chapeau quand même ! 

Elle procède par "saga" de plusieurs livres au nombre de pages réduit (une centaine, dans le petit format des éditions Acte Sud) où l'on retrouve les personnages auxquels le lecteur, semble-t-il, s'attache (selon les différentes critiques que j'ai lues).

J'ai lu "Suzuran" qui est le nom japonais du muguet, très rapidement. Je me suis laissé prendre par l'histoire qui est "mignonne". J'ai appris des choses sur le Japon et certaines de ses pratiques (dans l'art, la vie sociale, l'alimentation).

Livre de vacances presque parfait : ça ne prend pas la tête, on entre dans un autre univers, c'est lu avec beaucoup de facilité. 

Je vais tenter la suite de la série pour me faire une opinion définitive.



lundi 18 juillet 2022

Les secrets de Ciempozuelos (La madre de Frankenstein)


 Voici un roman dont la lecture m'a été conseillé lors de mon dernier passage dans la remarquable librairie Tonnet de Pau et que je placerai certainement comme l'un des livres les plus fascinants que j'aurai lu cette année.

Le récit fourmille de personnages, pour certains de fiction et pour d'autres historiques. Parmi ces derniers, le principal est Aurora Rodrigues Carballera, une mère paranoïaque qui tua sa fille prodige à 18 ans, considérant qu'elle lui appartenait au même titre qu'une œuvre appartient à son créateur et que, considérant qu'elle était imparfaite (sa fille, par ses engagements politiques, ses écrits et les célébrités qu'elle fréquentait lui "échappait"), elle avait toute légitimité pour la supprimer. Aurora Rodrigues Carballera, considérée comme la pire criminelle espagnole, fut condamnée et incarcérée durant 22 ans à l'asile de Ciempozuelos jusqu'à sa mort en 1955 à l'âge de 76 ans.

Le second personnage principal du roman est un jeune psychiatre, German Velasquez. Après avoir été exfiltré d'Espagne en 1939 par son père, sympathisant républicain pressentant la répression et la chape de plomb franquiste des années à venir, il a séjourné en Suisse dans la famille Goldstein, et y a effectué un brillant début de carrière. 

Le troisième personnage central - les trois ont successivement la parole dans le roman - est Maria, une aide-soignante à l'asile pour femme de Ciempozuelos où German accepte un poste, après 15 ans d'exil, dans lequel on lui promet qu'il pourra appliquer son programme de soins à base d'un médicament "miracle", la chloropromazine. Maria, la fille du jardinier de l'asile, est très proche d'Aurora qui lui a appris à lire et écrire quand elle était toute jeune. 

Maria est farouche, sa vie est complexe, mais elle va se confier petit à petit à German, lequel n'est pas insensible au charme de la jeune femme.

 Almuneda Grandes, qui est morte en novembre 2021 à l'âge de 61 ans, dresse, dans ce qui sera son dernier roman, un portrait sombre de l'Espagne franquiste, en particulier du sort réservé aux femmes, et de la connivence entre l'Eglise et le pouvoir.

On dénigre souvent le "roman historique". "Les secrets de Clempozuelos" revendique cette appellation mais parvient, grâce à une écriture fluide, des dialogues justes, à tisser des liens profonds et crédibles entre le vécu historique et la fiction, multipliant les récits dans des allers et retours entre passé et présent (les années 30 et les années 50).