mardi 12 janvier 2010

"T'y crois à la métamorphose ?" Réponse : "pas l'choix !"


Faisant le constat que le monde va à sa perte, sa désintégration, s'il ne change pas radicalement, Edgar Morin, dans un grand article du Monde daté de ce WE, appelle à la métamorphose, cette transformation effectivement radicale qui permet, à partir d'un processus d'autodestruction, de renaître sous une forme différente, tout en conservant certains liens fondamentaux de l'état antérieur (cf l'exemple de la chenille et du papillon).
Pessimiste notre sociologue national, inventeur de la "politique de civilisation" ? Pas vraiment, bien qu'il nous foute les pétoches : "le probable est la désintégration". Faisant deux autres constats, un historique "l'histoire humaine a souvent changé de voie" grâce à "une innovation, un nouveau message déviant, marginal ...", l'autre contemporain "il existe sur tous les continents un bouillonnement crétaif", Edgar Morin énonce les voies possibles du "salut" :
1) le surgissement de l'improbable (comment l'invraisemblable, l'inimaginable, peut sauver le monde ; cf Athènes face aux Perses, cf Joukov qui parvient à mettre en déroute les armées nazies)
2) les vertus génératrices/créatrices inhérentes à l'humanité
(espère !)
3) les vertus de la crise
(espère encore, et fume même !)
4) Ce à quoi se combinent les vertus du péril
"Là où croit le péril, croit aussi ce qui sauve"
5) L'aspiration multimillénaire de l'humanité à l'harmonie
(j'en reprendrai bien une petite taffe !)
M. Morin, votre texte est magnifique, mais la chenille ne va pas se transformer en papillon, car elle est d'une race qui a perdu le code génétique de la métamorphose ; c'est une chenille processionnaire hyper-urticante dont la seule raison d'exister est de tout bouffer devant elle sans réfléchir. Maintenant qu'elle a inventé un système qui la dépasse et qu'elle a perdu la clé de contact, et bien ça va être "sauve qui peut" ; sauf surgissement de l'improbable (bien entendu) !

4 commentaires:

  1. Les pensées d'E. Morin font écho à celles de Jean-Claude Ameisen dans son dernier ouvrage "La mort cellulaire et la sculpture du vivant". J.C. Ameisen était en début d'après-midi l'invité de M. Vidard, dans l'émission "La tête au carré"...Il parlait de la vie et la mort des cellules et de leur
    "programmation" pour l'auto-destruction. A chaque seconde de notre vie des milliers de cellules jouent ainsi avec la vie et la mort !(en allemand "ameisen" signifie fourmi, je les préfère aux chenilles processionnaires !)
    F.H.


    Jean-Claude Ameisen
    Medecin et chercheur. Professeur d'immunologie, Président du Comité d'éthique de l'INSERM, et membre du comité consultatif national d'éthique.

    RépondreSupprimer
  2. Moi aussi ! C'est intéressant cette évocation des fourmis. Pour moi, il s'agit d'animaux totalement conditionnés, même s'ils sont admirablement conditionnés (je veux dire sur le plan de la sophistication de ce conditionnement qu'on appelle instinct). Il y a une alternative dont ne parle pas Edgar Morin : c'est celle de la soumission totale de l'humanité à une dictature. Au bord du précipice, les aspirations vers les profondeurs de l'âme pèsent, me semble-t-il, pas grand chose vis-à-vis de la tentation du "sauveur"...

    RépondreSupprimer
  3. J'ai également écouté cette émission de la "Tête au carré" et j'ai été très impressionné. Tout se passe dans nos cellules comme s'il n'y avait pas évolution mais un processus permanent de construction/destruction. C'est très intéressant du point de vue du modèle.
    Cela me rappelle une devise d'un des héros de Montherlant :"aedificabo et destruam".
    Cela rejoint également toute la symbolique ésotérique de la naissance et de la mort et peut-être également l'histoire des peuples ou des civilisations qui se contruisent sur la destruction des précédentes.
    La question est de savoir ce qu'implique la mort et la naissance. Y a t-il un quelque chose qui perdure dans le cycle construction/desctruction ou y a t-il destruction complète ? Existe-t-il une mémoire de ce qui a été détruit ou non ? Une sorte d'hérédité ?
    Sujet passionnant !
    En dehors de cela Edgar est un penseur génial. Je l'ai vu il y a deux ans parler des thèmes qui lui sont chers, j'avais pris pas mal de notes. Je vais essayer de les retrouver.

    RépondreSupprimer
  4. Merci pour toute vos lumières !Je suis intrigué par les lieux abandonnés. j'ai eu l'occasion de visiter ou d'explorer des anciennes usines ou des vieux ateliers délabrés, envahis par la végétation, où les toits sont éventrés, certains locaux vandalisés, etc. En dehors du fait qu'il y a une vraie beauté dans ces lieux en déshérence (les couleurs sont étranges comme dans le monde sous-marin), les objets que l'on y retrouve, les vieux classeurs, les fauteuils vides, tous ces objets relient à des êtres qui ont habités ces lieux ; pour lesquels ces espaces avaient un sens, une légitimité. Toute cette présence humaine, il me semble que je la sens. Je ferai forcément un petit article là-dessus un de ces jours !

    RépondreSupprimer