Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
dimanche 31 janvier 2010
"Le Llano en flammes" de Juan Rulfo
Il y a un point commun entre Jerôme David Salinger et Juan Rulfo : le premier est resté silencieux 45 ans, de 1965 jusqu'à sa mort récente le 28 janvier ; le second a cessé d'écrire en 1955, à la parution de Pedro Paramo, jusqu'à sa mort en 1986, soit 31 ans (seulement !) de silence. Mais Rulfo est mort jeune (68 ans) quand Salinger a vécu jusqu'à l'âge de 91 ans.
Autre point commun : le mythe ; celui qui a entouré ces deux écrivains, mythe alimenté par ce destin insensé et presque inacceptable qui a privé l'humanité de tous ces écrits jamais écrits, et dont on peut imaginer la qualité (seulement l'imaginer, ce qui ne signifie d'ailleurs rien sauf un regard stérile sur cette absence).
"Le Llano en flammes" est un recueil de 17 nouvelles dont la première "On nous a donné la terre" parait en juillet 1945 dans un revue littéraire provinciale "Pan". C'est en 1953, 8 ans plus tard, que le livre rassemblant les 17 textes est édité. Deux ans plus tard c'est Pedro Paramo. Ces deux livres connaissent un succès mondial.
Pour comprendre "le Llano en flammes", il n'est pas forcément utile de connaitre l'histoire de cette période trouble du Mexique (1925-1929), appelé la "guerre des cristeros", tant l'écriture est d'une force et d'une beauté exceptionnelles. Mais ce point de vue historique permet, évidemment, d'enrichir le plaisir de la lecture. Savoir également que le père de Juan Rulfo a été assassiné en 1924, juste avant cette guerre, et que son grand-père a été pendu par des bandits, les pouces arrachés, constituent des éléments supplémentaires pour comprendre l'extraordinaire atmosphère des récits, et le génie littéraire de Rulfo dont la plume est trempée à l'encre du vécu, du tragique et de la douleur.
JMG Le Clézio qui signe la préface de l'ouvrage rappelle qu'un des amis de Rulfo avait dit de lui qu'il était un "escritor nato".Il ajoute : "Le Llano en flammes" brûle dans la mémoire universelle, chacun de ses récits laisse en nous une marque indélébile, qui dit mieux que tout l'absurdité irréductible de l'histoire humaine, et fait naître la ferveur de l'émotion, notre seul espoir de rédemption."
J'inscris "Le Llano en flammes" parmi les plus grands livres qu'il m'ait été donné de découvrir. Merci à nos amis "les 2 Michel".
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