Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
dimanche 29 novembre 2009
Equerre d'argent 2010
En avant première, je vous livre mes pronostics :
1) Héraud-Arnod pour le siège social de Salomon
2) Finn pour la Cité du Design de St Etienne
3) Dusapin-Leclerq pour l'Insep
Rendez-vous demain pour la désignation officielle du lauréat !
Flasback
Si je regarde la semaine passée :
- elle a respecté mollement les statistiques morbides habituelles : attentats, meurtres sordides (la routine)
- y a-t-il eu des scandales que les instruments de communication modernes (téléphones portables relayés par YouTube ou DailyMotion) permettent de propager plus rapidement qu'une pandémie de grippe cochonne jusqu'au fin fond des campagnes ? Pas à ma connaissance directe. On m'a rapporté que Jacques Chirac...aucun intérêt
- le Square Littéraire : que penser de Paasilinna ? Ni trop de louanges, ni trop de rejets, sans doute. Où l'on voit la question du rapport intime entre le lecteur et le livre...
- l'automne s'est enfin installé : pluie, vent, température en baisse à tous les étages (malgré tout, le SDF qui s'est installé depuis des mois sur une grille de ventilation au niveau de la voie sur berge quand elle plonge aux Tuileries est toujours vivant!)
- la sphère financière et ses acolytes tentent de faire illusion au moins jusqu'à la fin de cette année dans une procrastination coupable qui relève d'une prévarication évidente (non ?)
- vous n'avez pas spéculé sur l'ail ? Vous avez (comme moi) manquez de flair : le court a été multiplié par 15 en 8 mois !
- 2 types vont chacun recevoir environ 20 millions d'Euros alors qu'ils en ont fait perdre 256 à leur boîte ! Finalement, c'est assez tentant d'être mauvais !
- la petite fille de Marc Bloch (intellectuel, historien, résistant fusillé par les allemands) pousse un coup de gueule : elle en a assez que la mémoire de son grand-père soit instrumentalisée par Mr. S. (après tout, le marketing ne consiste-t-il pas à "instrumentaliser" tout et n'importe quoi ?)
- l'information la plus importante (égoïstement) est vraisemblablement le retour de mon chat à la maison après un détour pour cause d'opération réaliste bien qu'"inanimale". Elle (Miss ou Mies)repose à présent nonchalante et aristocratique, prête à jouer parfaitement son rôle thérapeutique (à défaut de chasser les souris)
samedi 28 novembre 2009
Contemplations
Questions
- Objets inanimés avez-vous une âme ?
- Pourquoi la culture et l'intelligence ne suffisent-elles pas à éviter à un homme de devenir un barbare ?
- Le Temps est-il une variable ou une constante (est-ce la vraie question ?)?
- L'Attention est-elle la valeur suprême ?
- Peut-on se passer des arts ?
- Dieu est-il indispensable ?
- Fabriquer une ville nouvelle a t-il un sens ?
- L'utopie n'est-elle pas dans le conformisme ?
- Le développement durable n'est-il pas essentiellement une question de conscience ?
- Peut-on partager une émotion littéraire ?
333
333 c'est la moitié de 666, chiffre qui signifie, pour certains allumés, le Mal absolu.
Le visiteur qui viendra errer sur ce blog dans quelques années (et pourquoi pas en 2666 ?) qui, n'en doutons pas, sera encore vivant (lui, le blog) se demandera bien pourquoi ce titre "333". Je le rassure : l'auteur de ces mots est resté sain d'esprit (jusqu'à présent), sceptique notoire comme l'homme de Brassens, et "333" n'est que le chiffre qui s'est affiché sur mon compteur, ce matin, à l'ouverture...
Rappel (extraits) :
Imitant Courteline, un sceptique notoire,
Manifestant ainsi que l'on me désabuse,
J'ai des velléités d'arpenter les trottoirs
Avec cette devise écrite à mon gibus:
"Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires."
Dieu, diable, paradis, enfer et purgatoire,
Les bons récompensés et les méchants punis,
(...)
Et la bonne aventure et l'art divinatoire,
Les cartes, les tarots, les lignes de la main,
La clé des songes, le pendule oscillatoire,
Les astres indiquant ce que sera demain,
(...)
Et le respect de l'homme à l'interrogatoire,
Et les vérités vraies, les spontanés aveux,
(...)
Le bagne, l'échafaud entre autres exutoires,
Et l'efficacité de la peine de mort,
(...)
Les "saint-Jean bouche d'or", les charmeurs d'auditoire,
Les placements de sentiments de tout repos,
Et les billevesées de tous les répertoires,
Et les morts pour que naisse un avenir plus beau,
"Je ne crois pas un mot de toutes ces histoires."
Mais j'envie les pauvres d'esprit pouvant y croire.
mercredi 25 novembre 2009
Familial
dimanche 22 novembre 2009
GILLET Guillaume (1912-1987)
Guillaume Gillet était un immense architecte qui considérait l'architecture comme un art complet dans une approche que l'on qualifierait de nos jours "d'holistique", où l'art de l'ingénieur était pleinement associée à la conception, donnant ainsi à ses oeuvres une "plastique étonnante" qui lui permit de "renouveler le langage architectural".
On lui doit la Cathédrale de Royan, la tour de la Porte Maillot, le Pavillon français de l'expo universelle de Bruxelles (1958) d'une audace équivalente au CNIT (même année), etc.
Une toute petite expo lui est consacrés à la Cité de l'Architecture... (trop petite !)
Délicatesse
Pour tous ceux qui viennent musarder sur ce blog pour voir si, par hasard, il n'y aurait pas un truc nouveau (peut-être croustillant ?) ; je les rassure : rien de bien neuf depuis la dernière fois sur le plan de la prose. En revanche, baissez-vous un peu sur la droite. Juste pour vous, j'ai renouvelé l'intégralité de mes photos.
Si, une chose extraordinaire :
J'allais chercher mon pain ce matin à la boulangerie Da Silva où la baguette est toujours chaude (non je ne la ferai pas celle-là...), et je passe devant une petite église de briques d'une communauté quelconque (des baptistes ? des évangélistes ?). Attenante à cette église il y a une petite cour où régulièrement, à la fin de l'office (et précisément c'était la fin), les gamins hurlent en courant et les adultes "fidèles" se complimentent. Je passai donc et un adulte équipé d'une petite barbiche blonde tape dans ses mains en disant : "allez les enfants, un peu de délicatesse, les personnes âgées vont sortir !"
C'est pas extraordinaire ?
Si, une chose extraordinaire :
J'allais chercher mon pain ce matin à la boulangerie Da Silva où la baguette est toujours chaude (non je ne la ferai pas celle-là...), et je passe devant une petite église de briques d'une communauté quelconque (des baptistes ? des évangélistes ?). Attenante à cette église il y a une petite cour où régulièrement, à la fin de l'office (et précisément c'était la fin), les gamins hurlent en courant et les adultes "fidèles" se complimentent. Je passai donc et un adulte équipé d'une petite barbiche blonde tape dans ses mains en disant : "allez les enfants, un peu de délicatesse, les personnes âgées vont sortir !"
C'est pas extraordinaire ?
samedi 21 novembre 2009
Une époque formidable
Il y a une chose au moins que nous partageons tous. Je veux dire, ceux qui sont encore vivants à l'heure précise où j'écris. C'est cette facilité déconcertante avec laquelle nous sommes parvenus à nous débarrasser de notre passé récent. Je fais simple : je ne m'interroge pas sur les 50 dernières années ! Prenons la semaine passée, par exemple.
Ne trouvez-vous pas étonnant que de Puerto Madya en Argentine à Lubukinggan sur l'île de Sumatra, et de Jakobshavn au Groenland aux îles Ballery dans l'Antartique, ces sept journées aient pu se dérouler à un rythme désespérément banal dont la période est immuablement fixée à 24 H ? Je vous laisse méditer.
Je poursuis, toujours sur le registre du temps. Certains de nos contemporains prétendent avoir vécu tout ou partie de ces sept jours à une vitesse supérieure. C'est un leurre. Si le Président S. a pu faire l'équivalent de 3 à 4 fois le tour de la planète quand nous autres banlieusards jouions très petit bras avec un quotidien (au hasard) Créteil-Les Halles qui manque un peu d'excitation ; nous sommes au bout du compte à égalité sur l'échelle du temps (avec sa grande faux). La fable du "lièvre et la tortue" nous induit dramatiquement en erreur. En définitif l'agité comme le contemplatif, le trader comme le clodo, ta belle-mère comme le pape, sont à égalité au regard du temps qui passe (qui ne fait rien à l'affaire forcément), emmenés à la même vitesse de croisière (une petite trentaine de km/h) sur une trajectoire réputée sensiblement constante autour du soleil.
La belle affaire, me direz-vous. Quel rapport avec le titre de ce texte ? Sans doute aucun, et puis tous.
Vous êtes déçus ? Il vous faut toujours du rationnel ? Et s'il est sensationnel, c'est encore mieux ? Du rationnel ! Et puis quoi encore ? Du vinaigre aux échalottes avec les huitres ? J'hallucine (je vous épargne la définition de Wikipédia).
Je vais malgré tout céder aux sirènes de la facilité. Penchons nous sur cette poignée de jours dont nous venons de faire qu'une bouchée, et vous verrez qu'il y a de la matière "d'époque formidable" :
- La main de Thierry Henry : afin de résoudre toutes ces épineuses questions d'arbitrage, qui peuvent conduire à un 3ème conflit mondial, je propose deux choses : que l'on coupe les deux mains de tous les joueurs de foot (même les gardiens de but ?) et que l'on désigne Dieu comme arbitre (il prétend qu'il voit tout, qu'il sait tout, au commencement et à la fin ; Prenons-le au mot !). C'est vrai : on coupait bien les parties génitales des jeunes enfants pour en faire des castras (j'ai entendu que pour ouïr le délice de quelques voix extraordinaires, c'est plusieurs centaines de gosses que l'on mutilait...il n'y a pas que notre époque qui est formidable !)
- le dénommé Jean-Pierre Treiber, l'homme le plus recherché de France, a été retrouvé dans un appartement à Melun dont on nous dit que c'est la ville la plus fliquée de France ; voilà une information intéressante : on sait (enfin) qu'elle est la ville la plus fliquée de France (merci Jean-Pierre). Je dois dire que ça n'a rien d'évident. Il y a une concurrence redoutable actuellement. Je n'ai personnellement jamais eu l'idée de faire un détour à Melun (je trouve que leur Brie est souvent trop salé), mais c'est pas demain que ça va me tenter (sur la photo : file d'attente à la porte d'une boulangerie de Melun)
- un collégien de 13 ans se rend à son collège avec le fusil de chasse de son père pour tuer ses professeurs ; et on nous dit que la jeunesse manque d'audace et d'imagination ! Je parie sur le fait que bientôt on va apprendre qu'un bébé a planqué une kalachnikov dans son landau pour zigouiller son pédiatre qui s'occupait plus de sa mère que de lui pendant les consultations ! (sur la photo, probablement un ami de la famille du gamin)
- le sommet mondial contre la faim dans le monde s'est déroulé à Rome ; il y a un journaliste perspicace qui a osé écrire que le sommet avait été un bide !
- le jeudi 19, c'était la fête du Beaujolais nouveau ; la banane était au rendez-vous. La Martinique et le Beaujolais, solidaires. Le recyclage des peaux de banane dans les fonds de cuve des côteaux du Rhône. Développement durable, quand tu nous tiens ! (sur la photo : même le Père Noël !)
- Raymond Domenech savait que l'équipe de France se qualifierait ; et Monsieur S. qui veut mettre Camus au Panthéon ! Erreur de casting !
- 600 policiers pour encadrer les supporters du PSG à Marseille ; c'est pas une belle information ça ? On ne vit pas une époque formidable ? CQFD
jeudi 19 novembre 2009
Le diable Fouta
Je viens d'achever "Le diable Fouta", un livre de 872 pages du romancier foutadjalonnais Caddel Ubbale. Je l'ai littéralement dévoré en deux jours. Le style d'Ubbale est incomparable ; il est excessivement difficile à définir.
Une image : celle d'une coulée de lave noire chargée d'épais caillots rouge-sang qui vient mourir dans un déchainement de vapeur dans l'eau glacée de l'Antartique.
Une autre peut-être : un baobab au premier plan, comme un gigantesque éléphant pétrifié, flottant dans l'air surchauffé et tremblant d'une steppe africaine habitée d'innombrables arbustes, aux extrémités épineuses desquelles pendouillent de dérisoires haillons de plastique.
Une autre enfin : une foule grouillante de gueux agrippés à une immense clôture métallique délimitant, d'un côté, un espace sordide de favélas, de l'autre un terrain de golf luxuriant.
A lire de toute urgence !
mardi 17 novembre 2009
Herta Muller. L'homme est un grand faisan sur terre
Si je n'avais pas pris l'engagement d'être sérieux, je dirais : "amis chasseurs, voilà un livre pour vous !"
On sait que les chasseurs (en général) sont de piètres lecteurs, plus attentifs au cycle de reproduction de la galinette* et aux ripailles entre hommes au fond des bois qu'aux délices de la lecture feutrée des oeuvres littéraires (en général), donc il est probable qu'ils comprennent aussi peu le sens de ce livre que moi...
* ne pas lire trop rapidement : "galipette"
J'ai lu qu'il s'agissait d'une prose poétique. Je ne sais pas. Je sais seulement que c'est un livre troublant. On voudrait (souvent) connaître le code de ces mots qui se succèdent comme des bouts de rêves étranges. C'est un livre amer, triste aux couleurs d'un pays sans couleur. L'espoir misérable d'une autre vie vers l'inconnu ne tient plus que par des caresses et des viols monnayés, par le policier et le pasteur.
lundi 16 novembre 2009
H1N1
Voilà un blog qui avait une certaine tenue, qui devisait savamment sur la littérature, les faits de société ou l'architecture, et qui dérive gentiment vers le grotesque, la bofferie, le n'importe quoi, l'insolence, l'iconoclastie ; en un mot : la poésie brutale !
Poètes : vos papiers ! Poètes : papires !
C'est normal : c'est son anniversaire !!!!!!!!!!!!!!!!!!
Et il n'y a que moi pour le fêter. Un an qu'on discute ensemble ! Quel parcours !
Je n'ose pas me relire car j'ai peur de prendre la grosse tête.
Et encore, pour tout vous dire : je censure à tour de bras !
Combien de textes salaces, de vers inavouables ou de vidéos sulfureuses reposent dans l'antre abyssal de la case "brouillons", prêts à être livrés en pâture à vos orbites anonymes autant qu'impitoyables ?
Combien de poèmes voluptueux, de photos aphrodisiaques ou de clips sensuels trépignent d'impatience au fin fond de cet espace virtuel dont, seul, je possède le césame ?
C'est promis, demain, après la vaccination, je redeviens sérieux.
Triste ? Non, j'ai dit sérieux...
Identité nationale
"Parlez-moi d'identité nationale et j'vous fous mon poing sur la gueule
Sauf le respect que je vous dois"
Librement détourné de la poésie de Georges Brassens, pour la bonne cause
Sauf le respect que je vous dois"
Librement détourné de la poésie de Georges Brassens, pour la bonne cause
samedi 14 novembre 2009
LA TELEVISION
Je n'avais jamais lu Jean-Philippe Toussaint avant qu'on m'en recommande la lecture (!). "Tu verras, il y a un style que tu apprécieras. Il ne se passe rien, mais c'est beau. Les phrases sont longues mais magnifiques." Je retranscris de mémoire les propos de la personne qui m'a conseillé et qui, faisant partie des "inconnus silencieux" qui viennent périodiquement "incrémenter le mouchard", se reconnaîtra sans doute.
J'avais donc lu "La vérité sur Marie", finaliste du Goncourt et finalement Prix Décembre, dont j'ai fait un éloge ici-même.
Avec "LA TELEVISION", son 5ème roman, publié en 1997, Toussaint met en scène un historien d'art français qui, un été, seul à Berlin (il est marié à une femme belle, qui est partie en vacances en Italie avec leurs deux enfants), tente de faire plusieurs choses : travailler à son essai, "Le Pinceau" traitant de l'évènement historique (mais dont l'historicité se révèle incertaine) à l'occasion duquel le grand Charles Quint se serait penché pour ramasser le pinceau que Titien (Le Titien ? Titien Vecellio ? Tiziano ?) aurait laissé échapper de ses mains ; soigner et arroser les plantes de ses voisins de l'appartement du dessus (des maniaques de la botanique domestique) ; et arrêter définitivement de regarder la télévision. Le succès de chacune de ces tentatives sera relatif.
Le lecteur accompagne le double de Toussaint dans ces errances estivales, d'une séance de bronzage intégral dans un des parcs de Berlin, aux baignades en piscine, en passant par les atmosphères sympathiques des restaurants branchés de la capitale allemande, au détour en flash-back d'une consultation à la Bibliothèque de Beaubourg.
Au fil de ces tableaux ordinaires d'une vie qui se déroule au rythme lent d'une liberté d'intellectuel célibataire, Toussaint nous fait partager le regard qu'il porte sur les petites choses, les petits évènements insignifiants (parfois) et subtils (souvent) qui fourmillent autour de nous, à chaque seconde. Ne serait-ce pas ce que l'on qualifie habituellement par le mot "attention" ?
Il s'aide de très longues phrases, composées comme le serait un tableau fait de mille touches précises - les mots - placées sur la toile selon une densité choisie - la ponctuation.
Extraits : "L'illusion de la réalité dans un tableau de la renaissance, l'illusion, à partir des couleurs et des pigments, des huiles et des coups de brosse sur la toile, les retouches légères au pinceau ou même au doigt, d'un simple frottement du bord du pouce dans la pâte encore légèrement humide d'huile de lin, d'avoir en face de soi quelque chose de vivant, de la chair ou des cheveux, de l'étoffe ou des drapés, d'être en présence d'un personnage complexe, humain, avec ses failles et ses faiblesses, quelqu'un avec une histoire, avec sa noblesse, sa sensibilité et son regard (...) est par nature fondamentalement différente de l'illusion que propose la télévision quand elle représente la réalité, simple résultat mécanique d'une technique inhabitée."
Ne jamais oublier :
"La télévision est du temps de vente de cerveau humain disponible" Mr. Lelay, ex-PDG de TF1, humaniste du 20ème siècle.
"La télévision, le nouvel opium du peuple." Paternité inconnue, mais adoption assumée.
jeudi 12 novembre 2009
100 !
J'ouvre mon blog et je vois quoi ? Un compteur de visites qui affiche le nombre magique de 100 ! Au-delà de la splendeur esthétique de cette combinaison de trois chiffres qui ressemble à une petite troupe avec un adjudant devant et deux troufions derrière, ce qui est extraordinaire dans ce comptage, c'est le mystère de ces visiteurs qui ne laissent aucune trace de leur visite en dehors de l'incrémentation subtile sur le mouchard ! Je ne parle pas de mes plus fidèles supporters dont je respecterai ici l'anonymat (mais qui se reconnaîtront), non, je m'inquiète de ces inconnus silencieux. Car je ne crois pas un seul instant que les trois ou quatre amis qui compatissent devant le spectacle de mon errance blogesque soient suffisamment perturbés pour s'accaparer ce score en exclusivité. Non, il existe d'autres pervers ! Ils se connectent depuis un endroit mystérieux, entrebaillent la porte du blog, jettent un oeil dans la maison, parcourent rapidement la dernière étagère, et puis repartent sur la pointe des pieds croyant ne pas avoir été repérés.
Si vous êtes arrivés jusqu'à cet endroit précis de l'étagère, vous avez le droit à une récompense : allez les yeux fermés (et encore, c'est dommage car le spectacle est également visuel) chez "L'ami Jean", 27 rue Malar dans le 7ème. Il y a un menu à 35€ à se damner et puis une carte avec des plats d'une fulgurance...! Mozart se serait-il réincarner davnt un autre piano ?
mardi 10 novembre 2009
Aqualung de Jethro Tull
Lecteur infatigable, votre persévérance est récompensée par 7 minutes trentre huit de vrai bonheur !
Une performance de Ian Anderson, personnage authentiquement Paasilinnesque (remarquer également son bassiste qui a tout du bûcheron finlandais. Non ?)
Une performance de Ian Anderson, personnage authentiquement Paasilinnesque (remarquer également son bassiste qui a tout du bûcheron finlandais. Non ?)
Paasilinna. Le cantique de l'apocalypse joyeuse
Si vous êtes convoqué un jour par un oncle mourant, fortuné et mécréant, "grand brûleur d'églises" devant l'éternel, et qu'il vous propose de devenir le président de la Fondation funéraire pour l'édification d'une église, un conseil : lisez ce livre ! Vous y apprendrez peut-être, au passage, ce que sont des lavarets et des isatis, la dinandrie et un phaeton, ou encore un cordial et un havresac. Mais surtout vous saurez qu'il est possible, avec des méthodes simples, de fabriquer des pièces de mécanique pour du matériel agricole - un bombardier Illiouchine arabe équipé d'une bombe H qui s'écrase à proximité de chez vous et un forgeron somalien suffisent -, de pêcher à la senne des tonnes de poisson, de bâtir une église sans permis de construire et enfin, de vivre heureux, en harmonie avec la nature et sans emmerder le monde entier (sauf les évêques, les policiers, les agents du fisc et les illuminés de tout poil). Ah, j'oubliais : accessoirement, la lecture de ce livre peut vous donner des idées pour échapper à la 3ème guerre mondiale qui, selon Paasilinna, devrait éclater fin juin 2014 pour se terminer le 16 juin de l'année suivante par une gigantesque apocalypse.
Avec ce roman (l'avant-dernier à ce jour traduit en France), Paasilinna revient sur ces thèmes favoris : la bêtise des petits notables, l'inépuisable richesse et beauté de la nature, la convivialité et la compréhension entre les individus qui passent souvent par une bonne bouffe bien arrosée, ... Le tout dans une succession diabolique de situations farfelues menée, tambour battant, par des personnages truculents.
Extraits : "Sous l'effet du givre, sa cloche sonnait parfois toute seule, envoyait rouler au-dessus de la forêt gelée de métalliques échos fantômes.(...) Loin dans la forêt, un vieil ours grognon se retournait sans sa tanière. il avait la patte de derrière percluse de rhumatismes et, les nuits d'orage magnétique, la douleur le réveillait presque.(...) Un missile solitaire fendait d'un vaporeux trait rose le firmament où commençaient à s'allumer de scintillantes étoiles du soir."
dimanche 8 novembre 2009
Sondage extraordinaire
Le samedi, nous révèle un récent sondage d'IPOS paru dans le JPD du week-end, est traditionnellement réservé chez 90% de nos compatriotes au sport, au bricolage ou bien aux courses en supermarché.
Le sondage avait pour objet de s'intéresser à ce à quoi peut s'occuper les 10% des français qui, le samedi, ne poussent pas leur caddie, en survêtement, avec une trousse à outils dans la main, entre les gondoles d'une grande surface. Et là, on apprend des choses extraordinaires.
1) Une courte majorité font l'amour (52%) - ou tente de s'y employer - avec un ou une partenaire légitime ou, mieux et plus téméraire, prétexte un impératif nettoyage de leur voiture voire une vidange - "mais chéri, tu l'as déjà lavé il y a deux jours !", "oui, mais, chérie, je n'ai pas fait l'intérieur !" -, pour aller se vautrer dans la fornication
2) Près d'un quart (23%) joue à la "Gameboy" (ou équivalent), et ce, plus de 5 heures dans la journée ; le sondage nous précise utilement qu'il s'agit d'une population à prédominance masculine, qui ne rechigne pas à regarder un match de football jusqu'au coup de sifflet final, une bière dans la main gauche et l'autre main dans le pantalon, et qui a voté majoritairement pour Mr. Sarkozy au dernières élections présidentielles (pire : serait prête à recommencer !)
3) 17% (c'est fou !) vont, une ou plusieurs fois dans la journée, sur les pontq qui surplombent les autoroutes pour compter les voitures qui passent, en faisant "coucou" aux automobilistes ; le sondage nous enseigne que certains - heureusement une minorité - par dépit de ne pas recevoir de réponses en retour, s'emploient à déposer sur la chaussée, des rails de train ou des blocs de béton de plusieurs tonnes, ce qui leur prend un certain temps et déborde fréquemment sur leurs activités du dimanche
4) 5% s'adonnent à la lecture - et encore, quelques uns (85%) ne jurent que par Marc Levy et Frédéric Musso (ces derniers pourraient assez logiquement être classés avec les intoxiqués de la "Gameboy")
5) Un nombre très réduit de nos concitoyens (0,5%) se tape une tête de veau sauce gribiche légèrement tiède arrosée d'un Sancerre amical, voire d'un Saint-Joseph (le sondage est assez intéressant sur ce point car il constate que la France est une fois de plus divisée entre les partisans d'un vin de Loire avec la sauce Gribiche, et ceux qui ne jurent que par les Côtes du Rhône ; c'est un sujet qui fera débat et sera vraisemblablement tranché à l'issue de la consultation sur l'identité nationale ; merci Mr Besson)
6) 2,5% "ne sait pas" ou "refuse" de répondre à ce sondage faisant référence à un texte de Bourdieu paru en 1972 sur la question des sondages (des vrais tête de lard !)
7) Enfin, 3 sondés prétendent faire l'amour tout en se tapant une tête de veau sauce gribiche, et ce, assez régulièrement ; ils pensent même monter un club !
Conclusion : si vous avez été intéressés par ce sondage, c'est que vous êtes vraiment des amis sincères ; ou bien, il est probable que vous faites partie de la minorité de personnes qui prennent le temps de glander et qui, étrangement, est passée sous silence dans ce sondage national réalisée auprès d'un échantillon de 980 personnes supposées saines d'esprit, entre le 3 et le 7 octobre dernier, par l'Institut IPOS pour le JPD.
vendredi 6 novembre 2009
Variante : Evènements ordinaires d'une journée extraordinaire
- J'ai commencé par rater le train. Je l'ai fait exprès : quand j'ai vu les voitures bondées d'individus louches qui n'étaient pas près à céder leur place, je n'ai pas voulu me retrouver entasser comme dans une cabine d'ascenseur avec des meurtriers en puissance. J'avais déjà donné en quelque sorte (cf infra)
- J'ai donc pris le suivant où il y avait effectivement moins de suspects
- J'ai lu debout quelques pages de Paasilinna en volant (presque) au-dessus de la Seine et du périphérique. Et jusque sur le quai de la gare, dans les escaliers grouillant d'une humanité laborieuse qui avait du se donner le mot : à 8H30, tous dans les escaliers de la gare St Lazare. Quelle idée ! Et puis même dans les escaliers mécaniques qui vous acheminent à bon port comme un produit manufacturé sur le tapis de l'usine de production. Et puis enfin sur le strapontin de la ligne de métro automatique qui vous propulse à des kilomètres à l'heure dans les entrailles de la terre sans que personne n'y trouve à redire.
- J'ai finalement relevé les yeux de mon livre quand la bande des pilleurs de tombes revenait au grand galop sur le lac glacé. Le soleil tentait de se frayer un chemin entre les accessoires urbains et les individus louches. Une odeur de macaronis brulés avait envahi la galerie commerciale ; mais c'était plus agréable que l'odeur d'urine frelatée qui m'avait cueillie au sommet de l'escalator
- J'ai enfilé des réunions comme d'autres des perles
- J'ai consulté mes mails ; aucun ne me vantait les mérites d'un allongement de la bite et ça m'a plutôt réconforté
- J'ai fait un tour dans les étages en fin de matinée et j'ai surpris des groupes d'employés en train de s'arsouiller dans tous les coins ; normal, c'était vendredi et tout le monde sait qu'en France, le vendredi après-midi, il y a deux sortes d'employés : les supérieurs qui ont une réunion de travail impérative sur un parcours de golf et les autres (et il faut bien qu'ils se consolent)
- Je suis allé déjeuner avec un couple d'architectes jeunes, sympathiques et très excités ; l'homme ne cessait de se frotter convulsivement le dessus de la main gauche avec la paume de la main droite, comme s'il avait pris sa main gauche pour ses chaussures du dimanche ; évidemment, ça lui posait des problèmes pour manger ; on a d'ailleurs du attendre qu'il ait fini de cirer sa main gauche pour commencer ; c'était pas malin : les quenelles étaient froides !
- Quand je suis sorti, les pavés des trottoirs étaient toujours en place, et je n'ai rien remarqué de particulier sauf peut-être qu'ils étaient lisses, de tailles semblables et parfaitement bien assemblés (les pavés) ; ce que tout le monde ne remarque pas, je tiens à le signaler !
- J'ai acheté Le Monde afin de disposer des dernières nouvelles des crimes de l'Humanité ; accessoirement de la chronique gastronomique et de la rubrique nécrologique
- Quand je suis revenu dans la tour (car je travaille dans une tour), je me suis enduit les mains, le visage et la moitié du corps de la substance alcoolisée que les patrons ont installée dans les halls afin que le virus de la grippe H1N1 ne monte pas dans les étages
- En entrant dans l'ascenseur, je me suis regardé dans la glace et comme j'étais seul je me suis dit tout haut : "qu'est-ce que t'as vieilli mon vieux !" ; et le miroir, comme dans Blanche-Neige, m'a répondu tout bas : "Mais tu as de beaux restes, tu sais !"
- Dans l'après-midi, plusieurs de mes collaborateurs ont défilé dans mon bureau croyant sans doute qu'ils parviendraient à me soutirer un bon conseil ; j'ai tenu bon. Ce serait quand même trop facile !
- Des mails, encore des mails, toujours des mails ; alors j'ai vu une icône sur le bas de mon écran qui ressemblait à une poubelle et j'ai précipité tous ces mails dans les flammes de l'enfer avec un rire sardonique
- C'est à ce moment précis que mon écran a pris feu ; en quelques secondes des flammes gigantesques se sont échappées de mon ordinateur accompagnées d'une fumée épaisse et goudronneuse
- A l'étage, ils ont pensé que je faisais des merguez et que je prenais beaucoup de liberté avec le règlement, mais comme je suis le chef, personne n'a osé broncher
- Pendant que mes collaborateurs médisaient sur moi, j'enfilais mes chaussettes, puis mes chaussures (dans cet ordre là), saisissais mon famous blue raincoat, décrochais les cadres de ma femme, mes enfants, ma grand-mère et mes petits neveux (la fibre familiale !), et m'enfuyais de ce maudit étage.
- Bien entendu mes collaborateurs, toujours aussi médisants, pensèrent que je partais précipitamment en réunion de travail au golf
- quelques minutes plus tard, au moment précis où je m'engouffrais dans les ouvertures béantes du métro parisien, je jetais un dernier regard par-dessus mon épaule et je constatais alors qu'un niveau entier de la tour était en train de brûler et que, déjà, des collaborateurs impatients et un peu exubérants se jetaient par la fenêtre
- Puis il y eu une énorme explosion et l'ensemble de la tour fut pulvérisée dans l'espace
- Je ne suis pas curieux de nature, mais là j'ai quand même stoppé ma marche vers les profondeurs du métropolitain pour contempler le spectacle
- Je dois dire que le plus amusant, c'était les gars qui s'agrippaient aux bras de leur fauteuil et qui effectuaient une parabole magnifique avant de s'écraser sur le macadam
- Certains rebondissaient sur les lampadaires en fin de course, ce qui leur valait deux points de pénalités
- Des esthètes tentaient un amérissage sur la Seine
- Certains râleurs dans la foule qui maintenant avait envahi le boulevard, ont regretté qu'il n'y ait pas de bouquet final ; un perspicace a prétendu que c'était en raison de la crise
- J'allais me laisser absorber par la gueule béante du réseau de transport collectif quand mon réveil sonna ; ça sentait effectivement le brûlé, mais c'était l'odeur croustillante du pain grillé ; quelqu'un était donc déjà levé
- J'ai donc pris le suivant où il y avait effectivement moins de suspects
- J'ai lu debout quelques pages de Paasilinna en volant (presque) au-dessus de la Seine et du périphérique. Et jusque sur le quai de la gare, dans les escaliers grouillant d'une humanité laborieuse qui avait du se donner le mot : à 8H30, tous dans les escaliers de la gare St Lazare. Quelle idée ! Et puis même dans les escaliers mécaniques qui vous acheminent à bon port comme un produit manufacturé sur le tapis de l'usine de production. Et puis enfin sur le strapontin de la ligne de métro automatique qui vous propulse à des kilomètres à l'heure dans les entrailles de la terre sans que personne n'y trouve à redire.
- J'ai finalement relevé les yeux de mon livre quand la bande des pilleurs de tombes revenait au grand galop sur le lac glacé. Le soleil tentait de se frayer un chemin entre les accessoires urbains et les individus louches. Une odeur de macaronis brulés avait envahi la galerie commerciale ; mais c'était plus agréable que l'odeur d'urine frelatée qui m'avait cueillie au sommet de l'escalator
- J'ai enfilé des réunions comme d'autres des perles
- J'ai consulté mes mails ; aucun ne me vantait les mérites d'un allongement de la bite et ça m'a plutôt réconforté
- J'ai fait un tour dans les étages en fin de matinée et j'ai surpris des groupes d'employés en train de s'arsouiller dans tous les coins ; normal, c'était vendredi et tout le monde sait qu'en France, le vendredi après-midi, il y a deux sortes d'employés : les supérieurs qui ont une réunion de travail impérative sur un parcours de golf et les autres (et il faut bien qu'ils se consolent)
- Je suis allé déjeuner avec un couple d'architectes jeunes, sympathiques et très excités ; l'homme ne cessait de se frotter convulsivement le dessus de la main gauche avec la paume de la main droite, comme s'il avait pris sa main gauche pour ses chaussures du dimanche ; évidemment, ça lui posait des problèmes pour manger ; on a d'ailleurs du attendre qu'il ait fini de cirer sa main gauche pour commencer ; c'était pas malin : les quenelles étaient froides !
- Quand je suis sorti, les pavés des trottoirs étaient toujours en place, et je n'ai rien remarqué de particulier sauf peut-être qu'ils étaient lisses, de tailles semblables et parfaitement bien assemblés (les pavés) ; ce que tout le monde ne remarque pas, je tiens à le signaler !
- J'ai acheté Le Monde afin de disposer des dernières nouvelles des crimes de l'Humanité ; accessoirement de la chronique gastronomique et de la rubrique nécrologique
- Quand je suis revenu dans la tour (car je travaille dans une tour), je me suis enduit les mains, le visage et la moitié du corps de la substance alcoolisée que les patrons ont installée dans les halls afin que le virus de la grippe H1N1 ne monte pas dans les étages
- En entrant dans l'ascenseur, je me suis regardé dans la glace et comme j'étais seul je me suis dit tout haut : "qu'est-ce que t'as vieilli mon vieux !" ; et le miroir, comme dans Blanche-Neige, m'a répondu tout bas : "Mais tu as de beaux restes, tu sais !"
- Dans l'après-midi, plusieurs de mes collaborateurs ont défilé dans mon bureau croyant sans doute qu'ils parviendraient à me soutirer un bon conseil ; j'ai tenu bon. Ce serait quand même trop facile !
- Des mails, encore des mails, toujours des mails ; alors j'ai vu une icône sur le bas de mon écran qui ressemblait à une poubelle et j'ai précipité tous ces mails dans les flammes de l'enfer avec un rire sardonique
- C'est à ce moment précis que mon écran a pris feu ; en quelques secondes des flammes gigantesques se sont échappées de mon ordinateur accompagnées d'une fumée épaisse et goudronneuse
- A l'étage, ils ont pensé que je faisais des merguez et que je prenais beaucoup de liberté avec le règlement, mais comme je suis le chef, personne n'a osé broncher
- Pendant que mes collaborateurs médisaient sur moi, j'enfilais mes chaussettes, puis mes chaussures (dans cet ordre là), saisissais mon famous blue raincoat, décrochais les cadres de ma femme, mes enfants, ma grand-mère et mes petits neveux (la fibre familiale !), et m'enfuyais de ce maudit étage.
- Bien entendu mes collaborateurs, toujours aussi médisants, pensèrent que je partais précipitamment en réunion de travail au golf
- quelques minutes plus tard, au moment précis où je m'engouffrais dans les ouvertures béantes du métro parisien, je jetais un dernier regard par-dessus mon épaule et je constatais alors qu'un niveau entier de la tour était en train de brûler et que, déjà, des collaborateurs impatients et un peu exubérants se jetaient par la fenêtre
- Puis il y eu une énorme explosion et l'ensemble de la tour fut pulvérisée dans l'espace
- Je ne suis pas curieux de nature, mais là j'ai quand même stoppé ma marche vers les profondeurs du métropolitain pour contempler le spectacle
- Je dois dire que le plus amusant, c'était les gars qui s'agrippaient aux bras de leur fauteuil et qui effectuaient une parabole magnifique avant de s'écraser sur le macadam
- Certains rebondissaient sur les lampadaires en fin de course, ce qui leur valait deux points de pénalités
- Des esthètes tentaient un amérissage sur la Seine
- Certains râleurs dans la foule qui maintenant avait envahi le boulevard, ont regretté qu'il n'y ait pas de bouquet final ; un perspicace a prétendu que c'était en raison de la crise
- J'allais me laisser absorber par la gueule béante du réseau de transport collectif quand mon réveil sonna ; ça sentait effectivement le brûlé, mais c'était l'odeur croustillante du pain grillé ; quelqu'un était donc déjà levé
jeudi 5 novembre 2009
Evènements extraordinaires d'une journée ordinaire
- J'ai été bloqué plus de 20' ce matin dans une minuscule cabine d'ascenseur avec 12 autres otages avant qu'une aide extérieure se manifeste et nous libère d'une promiscuité angoissante ; d'autant que j'avais été le dernier à m'introduire dans l'appareil élévateur. Pour ce forfait, je me suis cru obligé de brasser l'air au-dessus des têtes circonspectes avec un magazine de promotion immobilière dont la deuxième de couverture affichait sans honte un vilain pastiche Gaudien en mal de location. J'ai même poussé la pénitence jusqu'à sortir mon IPhone et enclencher "Aqualung" de Jethro Tull. Mais j'ai senti que j'en faisais trop. Nous étions 5 femmes et 8 hommes, probablement de confessions et d'origines diverses ; mais il s'agit là d'une simple supputation de ma part. Ce qui est certain, c'est que nous étions un échantillon d'humanité. Nous étions tous propres, et que je sache, personne n'a paru être incontinent. Ca aurait donc pu être pire !
- J'ai été conduit par un ami dans une Jaguar V8, intérieur cuir beige et loupe d'orme panoramique (feulement intérieur de la mécanique bien sûr), jusqu'à la station Alma-Marceau où j'ai pris le métro, comme un prolo, jusqu'à Richelieu-Drouot (ce qui aurait pu constituer le début d'une chanson à succès).
- J'ai admiré la corniche du plafond d'une grande salle de jeu 19ème un peu décatie, et remarqué l'inquiétude des figures de stucs et des blasons épiques évoquant les tropiques et la franc-maçonnerie (ou l'inverse) qui en ornent le périmètre, face à la menace d'une modernité annoncée dont les représentants fêtaient l'assaut imminent, autour d'un buffet de petits-fours en sursis (n'ai pas vu les salons très privés de ces messieurs)
- J'ai semé le doute dans le cerveau d'un jeune entrepreneur prêt à se laisser désabuser, comme un fruit trop jeune et trop mûr à la fois
- J'ai lu, copié, collé, supprimé, transféré, enregistré, classé, annoté 72 mails que je n'avais pas encore lus, copiés, collés, supprimés, transférés, enregistrés, classés ou annotés
- J'ai reçu un Monsieur très distingué (cravate rouge, veste pieds-de-poule et mocassins à glands) aux mains calleuses et aux ongles imprécis qui venait me vanter tout l'intérêt que nous aurions à participer à l'opération de conception, à Erévan en Arménie, du siège social d'une banque dont il imaginait déjà parfaitement la silhouette : un cylindre central en verre distribuant trois ailes coiffées de toitures en pente jusqu'au sol, à la façon curieuse des églises du coin (m'a-t-il dit)
- J'ai retenu de cet entretien que des choses passionnantes : que l'Arménie avait été l'un des tous premiers (le 1er ?) pays à être christianisé et à édifier des églises (les mêmes qui ont des sortes de chapeaux pointus) dès le 3ème siècle ap. JC ; que la frontière avec la Turquie était gardée par des troupes soviétiques (ça ne coutait rien aux arméniens) ; qu'au Nord, c'était l'Azerbaidjan (à vérifier), un autre ennemi juré de l'Arménie ; qu'à l'Est c'était l'Iran et qu'il était probable que les iraniens se doteraient de la bombe nucléaire grâce aux arméniens puisque qu'une centrale iranienne était à 30 km à l'intérieur du territoire arménien (ai-je bien compris ?) ; qu'en tout état de cause, nous devrions prévoir de construire l'édifice bancaire en question à partir de matériau du cru (CQFD)
- J'ai pris un petit café amer (ce qui n'a rien d'extraordinaire)
- J'ai à nouveau lu, copié, collé, supprimé, transféré, enregistré, classé, annoté les 25 nouveaux mails qui avaient profité de mon cours de géographie politique pour s'insinuer dans ma boîte électronique
- J'ai pris le métro jusqu'à St Paul ; une nuit humide et douce s'était emparée de la ville comme une rumeur, et j'ai remonté (descendu ?) la rue des Rosiers en croisant un couple de juifs traditionnels (intégristes ?), en découvrant la boutique qui vend prétendument le meilleur falafel du monde (mais pourquoi mentiraient-ils ?), et en finissant mon trajet à la Maison de l'architecture
- J'ai rencontré des personnes que je connaissais et qui (par chance ?) me connaissaient aussi ; nous avons échangé des certitudes, et puis des doutes aussi (c'est nouveau)
- J'ai du m'excuser auprès d'un certain nombre d'entre elles de devoir repartir si rapidement au prétexte que ... et, c'est certain, tout le monde ou presque a du me regretter
- En sortant j'ai croisé un homme qui venait d'arriver dont le dos était appuyé contre le mur, et ses mains posées sur deux cannes. Il était architecte et photographe. Il était, car il n'exerce plus, ne peut plus exercer ; il est atteint d'une très grave maladie dégénérative. Nous nous étions rencontrés il y a deux ans dans mon bureau, je voulais lui confier un reportage photographique, il m'avait appris ce qu'était une "nuit américaine". Il était "trop cher" ; mais à y réfléchir, nous ne le méritions certainement pas. Nous nous sommes revus, il y a quelques mois. Il avait déjà ces terribles accessoires et l'on devinait l'atrophie d'un de ses membres inférieurs dans le flottement de la jambe de son pantalon. Il a un visage que je trouve beau et des yeux attentifs qui vous sourient. Sa bouche aussi sourit. J'aurais aimé connaître cet homme plus tôt, il y plusieurs années ; nous aurions été amis, c'est certain. Aujourd'hui le fossé n'est-il pas trop large ? Est-ce trop tard ?
- J'ai été conduit par un ami dans une Jaguar V8, intérieur cuir beige et loupe d'orme panoramique (feulement intérieur de la mécanique bien sûr), jusqu'à la station Alma-Marceau où j'ai pris le métro, comme un prolo, jusqu'à Richelieu-Drouot (ce qui aurait pu constituer le début d'une chanson à succès).
- J'ai admiré la corniche du plafond d'une grande salle de jeu 19ème un peu décatie, et remarqué l'inquiétude des figures de stucs et des blasons épiques évoquant les tropiques et la franc-maçonnerie (ou l'inverse) qui en ornent le périmètre, face à la menace d'une modernité annoncée dont les représentants fêtaient l'assaut imminent, autour d'un buffet de petits-fours en sursis (n'ai pas vu les salons très privés de ces messieurs)
- J'ai semé le doute dans le cerveau d'un jeune entrepreneur prêt à se laisser désabuser, comme un fruit trop jeune et trop mûr à la fois
- J'ai lu, copié, collé, supprimé, transféré, enregistré, classé, annoté 72 mails que je n'avais pas encore lus, copiés, collés, supprimés, transférés, enregistrés, classés ou annotés
- J'ai reçu un Monsieur très distingué (cravate rouge, veste pieds-de-poule et mocassins à glands) aux mains calleuses et aux ongles imprécis qui venait me vanter tout l'intérêt que nous aurions à participer à l'opération de conception, à Erévan en Arménie, du siège social d'une banque dont il imaginait déjà parfaitement la silhouette : un cylindre central en verre distribuant trois ailes coiffées de toitures en pente jusqu'au sol, à la façon curieuse des églises du coin (m'a-t-il dit)
- J'ai retenu de cet entretien que des choses passionnantes : que l'Arménie avait été l'un des tous premiers (le 1er ?) pays à être christianisé et à édifier des églises (les mêmes qui ont des sortes de chapeaux pointus) dès le 3ème siècle ap. JC ; que la frontière avec la Turquie était gardée par des troupes soviétiques (ça ne coutait rien aux arméniens) ; qu'au Nord, c'était l'Azerbaidjan (à vérifier), un autre ennemi juré de l'Arménie ; qu'à l'Est c'était l'Iran et qu'il était probable que les iraniens se doteraient de la bombe nucléaire grâce aux arméniens puisque qu'une centrale iranienne était à 30 km à l'intérieur du territoire arménien (ai-je bien compris ?) ; qu'en tout état de cause, nous devrions prévoir de construire l'édifice bancaire en question à partir de matériau du cru (CQFD)
- J'ai pris un petit café amer (ce qui n'a rien d'extraordinaire)
- J'ai à nouveau lu, copié, collé, supprimé, transféré, enregistré, classé, annoté les 25 nouveaux mails qui avaient profité de mon cours de géographie politique pour s'insinuer dans ma boîte électronique
- J'ai pris le métro jusqu'à St Paul ; une nuit humide et douce s'était emparée de la ville comme une rumeur, et j'ai remonté (descendu ?) la rue des Rosiers en croisant un couple de juifs traditionnels (intégristes ?), en découvrant la boutique qui vend prétendument le meilleur falafel du monde (mais pourquoi mentiraient-ils ?), et en finissant mon trajet à la Maison de l'architecture
- J'ai rencontré des personnes que je connaissais et qui (par chance ?) me connaissaient aussi ; nous avons échangé des certitudes, et puis des doutes aussi (c'est nouveau)
- J'ai du m'excuser auprès d'un certain nombre d'entre elles de devoir repartir si rapidement au prétexte que ... et, c'est certain, tout le monde ou presque a du me regretter
- En sortant j'ai croisé un homme qui venait d'arriver dont le dos était appuyé contre le mur, et ses mains posées sur deux cannes. Il était architecte et photographe. Il était, car il n'exerce plus, ne peut plus exercer ; il est atteint d'une très grave maladie dégénérative. Nous nous étions rencontrés il y a deux ans dans mon bureau, je voulais lui confier un reportage photographique, il m'avait appris ce qu'était une "nuit américaine". Il était "trop cher" ; mais à y réfléchir, nous ne le méritions certainement pas. Nous nous sommes revus, il y a quelques mois. Il avait déjà ces terribles accessoires et l'on devinait l'atrophie d'un de ses membres inférieurs dans le flottement de la jambe de son pantalon. Il a un visage que je trouve beau et des yeux attentifs qui vous sourient. Sa bouche aussi sourit. J'aurais aimé connaître cet homme plus tôt, il y plusieurs années ; nous aurions été amis, c'est certain. Aujourd'hui le fossé n'est-il pas trop large ? Est-ce trop tard ?
mercredi 4 novembre 2009
Ptolémée l'Astronome
Le parfum lourd et mortuaire de l'humus
Affrontant l'herbe humide et l'oranger du seringa,
Et cette nuit noire affamée d'étoiles,
Qui ressuscitent le fantôme de Ptolémée l'Astronome :
"Je m'associe, infime, à cette immensité.
Je goûte, en vous voyant, ma part d'éternité".
Affrontant l'herbe humide et l'oranger du seringa,
Et cette nuit noire affamée d'étoiles,
Qui ressuscitent le fantôme de Ptolémée l'Astronome :
"Je m'associe, infime, à cette immensité.
Je goûte, en vous voyant, ma part d'éternité".
NDIAYE Marie. Hilda
Je n'ai jamais rien lu de Marie Ndiaye, en dehors de ce petit opuscule de 91 pages, en forme de texte de théâtre, paru il y a 10 ans. Je remercie ma libraire qui m'a glissé ce livre blanc entre les mains.
Je l'ai lu hier soir. Je lirai plus tard, prochainement, le livre de sa consécration "Trois femmes pressées".
Dans ce quasi monologue où le personnage principal, Hilda, est absente, Marie Ndiaye met en scène une femme prédatrice. Mme Lemarchand est folle, cruellement folle. C'est une sorte de mante religieuse. Femme délaissée par un mari affairé, mère détestant ses enfants, seule dans la vie, orgueilleuse, despote et fragile, elle est aussi une caricature de la bonne conscience "gauche-caviar".
C'est un livre riche. A méditer. Un conte où s'élabore, page après page, une absurde raison. Où la question du pouvoir, celle de la domination dans la relation sociale, est livrée comme un badinage terrifiant. C'est aussi un regard inversé sur la haine et l'amour.
L'histoire de deux être perdus ; qui se perdent, ensemble. La patronne, la maîtresse qui finit par être le bourreau qu'elle se dénie d'être ; et la servante, la "femme de corvée" dont le destin est inexorablement la soumission et l'absence.
Magnifique
lundi 2 novembre 2009
Les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages
Comment ? J'apprends qu'il est très vraisemblable que les bulles spéculatives qui se forment actuellement proviennent des aides massives que les états - c'est à dire nous - ont versé il y a quelques mois pour sauver les mêmes spéculateurs de la faillite du système qu'ils avaient provoquée* ! Et en même temps on nous consulte sur le concept "d'identité nationale" ? Au secours Audiard : ne prend-on pas, encore une fois, les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ?
*Nota : c'est pas moi qui le dit, mais Claire Gatinois dans Le Monde Economie !
Entretiens avec Vaclav Havel
Dans Le Monde de ce week-end, un entretien d'une page avec l'ex président tchèque, dramaturge, poète (je crois), sous le titre : « Les surprises de l’Histoire »
Une page comme une grande leçon d'humilité et de sagesse : « L’impatience peut conduire à l’orgueil et l’orgueil mener à l’impatience. Par l’orgueil, j’entends la prétentieuse conviction que l’on est seul à tout savoir, le seul à avoir compris l’Histoire, en conséquence de quoi on se trouve habilité à prédire. Et lorsque le cours des choses ou du monde dépasse l’idée que l’on s’en fait, il ne nous reste qu’à intervenir. Par la force, s’il le faut. C’est le cas du communisme. L’assurance de ses théoriciens et de ses architectes a fini par aboutir au goulag ».
L'impatience qu'il fustige avec ce petit proverbe amusant : « Ce n’est pas en tirant sur l’herbe que l’on fait pousser le gazon."
Il dit aussi que, finalement, c'était plutôt positif de ne pas être préparé à assumer la relève des années de dictature ; et puis, comment auraientt-ils pu le faire ? La classe politique alternative n'existait pas. Il dit à cet égard, ces mots "réalistes" : « Pourtant, je crois que c’était une bonne chose que de ne pas être préparés à assumer l’Histoire, ou plutôt sa course accélérée. D’une manière générale, je me méfie de celui qui est trop bien préparé. » (à méditer pour nos interventions, chers cadres que nous sommes !...)
Et la question du temps !« Ce n’est pas en tirant sur l’herbe que l’on fait pousser le gazon
Enfin, il conclut, après avoir indiqué qu'elles pouvaient être les nouvelles peurs, les nouveaux risques pour l'Humanité (terrorisme, destruction écologique, déséquilibre entre les peuples, ...) en invoquant cette idée qui transcende l'Homme : l'espoir.
« Il me semble que la chose la plus importante aujourd’hui (…) serait d’adopter une attitude humble à l’égard du monde, de respecter ce qui nous dépasse, de tenir compte du fait qu’il existe des mystères que nous ne comprendrons jamais et de savoir qu’il faut assumer notre responsabilité sans la fonder sur la conviction que nous savons tout, en particulier comment tout va finir. Nous ne savons rien. Mais l’espoir, nul ne peut nous l’ôter. Du reste, une vie qui ne réserverait aucune surprise serait bien ennuyeuse. »
Pour moi, je n'ai pas de commentaires à ajouter.
J'ai mis ces mots dans mon blog pour avoir le plaisir de savoir que, dans toutes ces pages je pourrai encore tomber sur ce texte qui me permettra d'espérer.
Un homme heureux de Paasilinna
« Un homme heureux » n’est sans doute pas le meilleur roman d’Arto Paasilinna. Bien sûr, on y retrouve quelques situations cocasses – l’ingénieur au fond du lit de l’épouse du proviseur, les bains de l’ingénieur, nu dans la rivière de la tuerie - , mais le côté épique, les personnages loufoques, et les grands espaces naturels qui font le charme des romans comme « Le lièvre de Vatanen », « La forêt des renards pendus » ou « La cavale du géomètre » sont un peu sous l’éteignoir.
Il s’agit plus ici de rendre compte de la bêtise commune et de la jalousie imbécile de petits notables d’une petite ville de province, face à l’arrivée d’un personnage « brut de décoffrage », direct, qui, armé de cette singularité propre aux personnes intellectuellement honnêtes, parvient à s’attirer les foudres de toutes les édiles locales : maire, commissaire de police, pasteur, directeur des travaux municipaux, proviseur, etc. Ces caricatures de la bourgeoisie provinciale finissent par avoir la peau de l’ingénieur des Ponts Jaatinen. Provisoirement, car le bougre se révèle un « dur à cuire » et un redoutable stratège, autant qu’un grand sentimental polygame !
Extrait : Jaatinen décide avec des amis qu’il faudrait ériger un monument à la mémoire des « rouges » tués n 1918 ; les blancs ayant le leur. Il sera en béton. On recherche un sculpteur. Celui-ci arrive dans la ville. « On vit arriver par l’autocar de Helsinki un petit moustachu fripé qui se présenta à Mansilla et Jaatinen. L’homme sentait l’alcool frelaté, ce qui leur sembla prometteur. Kasurinen était de toute évidence un véritable artiste. »
Inscription à :
Articles (Atom)