mercredi 9 avril 2025

Ce matin au kiosque 99 : chronique moins une !

Toujours beau, toujours frais, ce quartier de Bécon ; comme un jeune premier !

Présents au GVPKBB ce matin : Martine, Anne-Marie, Pascal, Philippe, puis Monique, Gérard, Gilberte et Roland (et Utah).

Les premiers débats portent sur les dernières déclarations de l’Ubu américain concernant les taxes à 104% pour les produits chinois. Comment vont-ils réagir ? Faut-il boycotter les produits US (chacun regarde comment il est habillé ; New Balance : c’est américain ? Et Timberland ? Et mon jean ?). Un conseil : Exit Waze, FaceBook, Instagram, Netflix, et autres chaînes US, X (à remplacer par Mastodon), ChatGPT (à remplacer par Mistral) et Safari (à remplacer par Quant). Ne garder au mieux que WhatsApp.

D’autres échanges ? Les terres rares que les chinois vont garder chez eux. Plus de téléphone ? De l’avis unanime : on soufflera !

Dîner chez des amis à Montreuil hier soir. Arrivée par Vincennes. Contraste saisissant entre la ville bobo et la ville bourgeoise. 

Lu en 2h, le nouvel opus de Giuliano dei Empoli, « L’heure des prédateurs », est écrit dans une veine très sombre mais de façon brillante (ce qui peut paraître paradoxal, mais le lecteur aura compris). Au terme du bouquin, on peut s’imaginer dans la position de l’estivant sur la plage qui voit arriver la vague d’un tsunami. Pas moins.

Je gratifie l’exemplaire en vitrine du magasin de presse d’un post-it soulignant en majuscule le caractère INDISPENSABLE de sa lecture pour se donner la force d’entrer en résistance. Bilan : je décerne au Relay H de la gare de Bécon les Bruyères le titre de Relay H le plus gaucho-wokiste de la terre. 

(Mister Bollo, je revendique l’entière responsabilité de cette nomination).

Notre JM est souffrant, redoute le (ou la) Covid, mais il est toujours à son poste. Dans un râle de mourant, il me confie qu’il va refaire dans les jours qui viennent un poulet Tikka. 

Je suis arrivé trop tard pour conseiller un Abuelo à une lectrice potentielle, laquelle semblait chercher désespérément un livre inoubliable. La pauvre est repartie sans rien ! 

Une vieille dame est passée sur le pavé du parvis à pas mesurés arborant un masque avec une gueule de chien. L’effet était saisissant, mordant même. Mais comme ce spectacle s’est produit alors que dans le même temps trottait une jolie jeune femme en jupette, l’attention de ces messieurs du GVPKBB s’est concentrée sur la paire de gambettes. 

La parole du jour de Donald Ubu-Trump : « dans mon cas, j’aime prendre une bonne douche qui prend soin de mes cheveux magnifiques ».

C’est ainsi que les hommes vivent.

mardi 8 avril 2025

Ce matin au kiosque 98 : Quoi de neuf ? Le poulet Tikka façon JM !

Bulletin météo (version simplifiée) : Matin printanier non exempt d’une certaine fraîcheur. On peut même dire qu’on se les caillait. J’aurais bien ajouter le qualificatif « velu » à cailler - on se les caillait velu - afin de bien signifier qu’il faisait frisquet, mais ce terme aurait sans doute dérouté le lecteur, sachant qu’il n’est pas vraiment usuel et que je l’extrais du « Lexical » - ouvrage remarquable, injustement inconnu du grand public et dont l’auteur de ces chroniques fut l’un des artisans les plus engagés - sachant que son antonyme, vous l’aurez deviné, ne saurait être qu’imberbe. Exemple : un adhérent du RN pourra dire de Marine Le Pen qu’elle est « velue » (pour dire qu’elle est vraiment bien) et un wokiste que JD Vance est « imberbe » (pour dire qu’il est nul). Facile.

Je suis le premier au kiosque. Les chaises et les tables sont en conversation silencieuse avant de devoir céder la parole, dans un proche avenir, aux membres éminents du groupuscule de vétérans du parvis du kiosque de la gare de Bécon les Bruyères, mieux connus sous l’acronyme : VPKGBB.

JM, qui est en quelque sorte l’inspirateur, le fédérateur, l’homme-clé du VPKGBB, est ce matin en verve : il a déjeuné dans son jardin samedi et dimanche. Et ça lui suffit à JM pour avoir la pêche des grands jours : se taper la cloche dans le gazon (fraîchement tondu). 

Je l’interroge sur son absence subodorée Place de la République au meeting contre l’extrême-droite. Ben, gros bêta : j’étais Place Vauban, répond-il en souriant. 

Sur ces entrefaites, Pascal le Biker arrive au volant d’Utah (je veux dire : tenant Utah en laisse). JM embraye sur son poulet Tikka qu’il a concocté pour ses femmes ce week-end. N’allez pas croire pour autant que le jeune homme est polygame. Seulement, voilà, JM était ce week-end, dans son jardin, le seul représentant de la gent masculine.

Il ne sera pas dit que ces chroniques n’abriteront pas un couplet sur la bouffe et, en particulier, sur la recette du Tikka.

Donc, recette du Tikka de JM. A vos casseroles !

Ingrédients

  • 4Blancs de poulet
  • 150g Yaourt
  • 10cl Lait de coco
  • 1 Oignon
  • 1 gousse d’Ail
  • 1 cuil. à café Cumin
  • 1 cuil. à café Curcuma
  • 1 cuil. à café Garam masala
  • 1 petit morceau de gingembre frais
  • 1 cuil. à café Concentré de tomates
  • 1 Tomate
  • 1 Jus de citron vert
  • 2 cuil. à soupe Huile (d’olive)
  • 1 Piment rouge
  • Sel 
  • Poivre
  • Quelques feuilles de coriandre


Préparation


  • Avant de commencer la recette, allez aux toilettes parce que ça va être un peu long et peut-être qu’à votre âge…
  • 1) Commencez par couper les blancs de poulet (de Loué exclusivement) en morceaux (cubes de 13,5 mm de coté) et déposez-les dans un saladier (si vous n’avez pas de saladier : arrêtez tout de suite !)
  • 2) Saupoudrez de cumin, de curcuma et de garam massala, puis ajoutez le gingembre pelé et râpé (notre conseil : augmentez la dose de gingembre prescrite afin de vous assurer après le repas une transition coquine). Versez le jus de citron, mélangez et laissez mariner 1 h au frais (si le poulet râle, laissez-le mariner 1h de plus).
  1. Faites chauffer l’huile dans une sauteuse et faites suer (sans transpirer) l’oignon pelé et émincé (en lanières de 3,2 cm de longueur et d’environ 2,6 mm d’épaisseur).
  2. Ajoutez ensuite les morceaux de poulet et faites-les dorer (sans ajouter d’auto bronzant). Incorporez le piment émincé, l’ail, versez le yaourt (de vache), le lait communiste (de coco) et le concentré de tomate.
  3. Salez (modérément), mélangez (doucement) et laissez mijoter entre 25 et 26 minutes (pas une de plus).
  4. saisissez la coriandre à pleines mains et parsemez le plat avec.
  5. Ne servez que si vos amis ne font pas la gueule.

Remarque : ce plat est délicieux servi le jour même, mais peut être réchauffé pendant 15 jours, il n’en sera que meilleur.


Après cet intermède gastronomique à faire pâlir de jalousie FRG (Francois-Regis Gaudry), que rajouter ?

Que je me suis entretenu dans un long tête à tête avec Pascal le Biker (lunettes de soleil stylée, casquette de chasse Jack Pike (ou similaire), blouson en cuir siglé « Union Jack ») sur les voitures de collection suite à un rassemblement face au Château de Versailles. Accord total sur la nostalgie des belles carrosseries des années 50 et 60.

J’ai réussi à placer mon anecdote de mécano amateur sur la piste entre Lomé et Ouagadougou. A l’instant où je lui racontais comment j’avais enroulé les cosses de la batterie de papier journal car j’avais vu une étincelle y jaillir en mettant le contact, le Marseillais est arrivé. J’ai remarqué qu’il n’avait toujours pas de bretelles et me suis brièvement interrogé sur les raisons qui font qu’un homme qui arbore au quotidien des bretelles comme un accessoire indispensable, un jour subitement, définitivement, s’en sépare. A-t-il prononcé un vœu ? Quelqu’un lui a-t-il dit que sa paire de bretelles soulignaient son embonpoint ? Les bretelles ont-elles finis par céder car il s’agissait de bretelles qu’il portait jour et nuit depuis une vingtaine d’années ? Il avait saisi les derniers mots de mon histoire et il a eu l’air étonné qu’un type comme moi à la bourgeoisie banale puisse avoir bricolé un moteur de 404 une nuit, perdu sur une piste en latérite entre Lomé et Ouagadougou. La surprise passée, il nous a parlé de ses petits soucis dans l’intérieur de la cuisse et aux avants-bras. En chœur et spontanément, nous lui avons recommandé de consulter un médecin. Pascal a embrayé (Pascal n’aime pas les conduites automatiques) sur ses multiples fractures dans à peu près toutes les régions du corps, lesquelles, après une scintigraphie osseuse, étaient parvenues à épater le médecin militaire qui le consultait (et qui en avait vu d’autres comme il s’en était vanté).

Sur ce, Pascal s’en est grillé une petite. Alors, comme j’aime bien Pascal, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire comment j’étais parvenu à arrêter de fumer du jour au lendemain. Il m’a dit : c’est fort ! Non, lui ai-je répondu : j’avais juste la trouille et j’ai retrouvé une certaine fierté.

La trouille et la fierté : N’est-ce pas deux moteurs de l’humanité ?

JM qui nous avait entendu a promis-juré qu’il arrêterait la clope quand il partirait à la retraite. C’est noté et même diffusé partout dans le monde. 

C’est ainsi que les hommes vivent

vendredi 4 avril 2025

Ce matin au kiosque 97 : Skis semi-paraboliques, Taxes douanières sur les pingouins et virée à Dijon

Juché sur ma bicyclette, l’atmosphère beconnaise est comme climatisée, mais sans excès. Le printemps a pris ses quartiers d’été dans les petites rues du quartier. Pour autant, il est clair que la population ornithologique est en net déclin : pas ou peu de babilles, de gazouillis, rien qui piaille ou qui piaule. On entend parfois le jabautage d’un couple de perruches qui s’agacent au-dessus des toits. Ces maudits oiseaux colonisent progressivement la capitale. La première fois que je les ai remarqués, c’était au Bois de Vincennes, il y a quelques années. Le Parc des Couronnes de Bécon en est à présent envahi. Il n’est pas impossible qu’elles chassent les espèces endogènes ; d’où le déclin mentionné plus haut. Ce n’est qu’une hypothèse sans valeur scientifique. Mais qui croit encore à la preuve scientifique de nos jours ?

Martine, Philippe et Pascal, accompagnés d’Utah, sont à la terrasse. Dans le magasin de presse, j’échange avec JM quelques considérations sur le contexte mondial. Je lui confie que la politique erratique de l’Ubu étasunien aura peut-être à terme des conséquences positives, contraires à son idéologie ou ses intentions : renforcement de l’Europe, baisse de la consommation mondiale qui ne peut que limiter les nuisances environnementales, renforcement de l’autonomie industrielle des pays, ralentissement des effets nocifs de la mondialisation. Bien entendu, il y aura certainement des perdants ; le risque majeur étant qu’une crise économique brutale survienne avec les conséquences que l’on a déjà connues : augmentation du chômage, croyance dans l’homme providentiel, désignation de boucs-émissaires, expansionnisme en vue de reconquérir de la richesse, guerres, désolations, …

Une cliente venue acheter son lot de magazines people lache un « c’est un fou » en entendant JM évoquer la taxation des pingouins.

Roland nous a rejoint sur le parvis avec deux béquilles et une patte dans un sabot, conséquence d’une mauvaise chute à ski. Roland fait amende honorable : il n’a pas vérifié l’état de ses fixations et l’une d’entre elles, après un vol plané sur la piste, ne s’est pas déclenchée. Roland s’est retrouvé cul par-dessus tête avec un ski planté dans la neige, la cheville tire-bouchonnée, et dans l’impossibilité d’extraire sa chaussure de la fixation. J’apprendrai à cette occasion que les skis semi-paraboliques vibrent moins que les paraboliques, ce qui diminue les désagréments liées aux vibration à 110km/h (vitesse moyenne de Roland sur les pistes). 

Philippe et Martine s’envolent dans une semaine pour Cracovie. J’y étais allé il y a quelques années pour un mariage. Les bouteilles de vodka trônaient sur les tables comme de l’eau minérale. Il y avait même un « bar à vodka » qui permettait d’achever totalement la population de polonais, laquelle paraissait vouloir absolument illustrer l’expression « saoul comme un polonais ».

Comment en sommes-nous venus à évoquer la cuisine thaï et vietnamienne ? C’est un mystère autant qu’un miracle de ces échanges à bâtons rompus. Philippe nous a évoqué son repas familial au Vietnam à base de sardines à l’huile et Vache qui rit (un repas pour français), quand le reste de la famille autochtone se tapait des grillades de canard et de cochon dont les effluves titillaient son  épithélium olfactif.

Quoiqu’il en soit, je dispose à présent de plusieurs adresses proches où les nems comme les phos sont irréfutables, selon l’expression de feu Bernard Pivot quand il vantait les délices d’un vin de très grande qualité.

Anne-Marie nous a rejoints accompagnée d’un gâteau, de sa canne et de son sourire coquin. Elle ne vient jamais seule.

Je cède mon fauteuil à Monique qui s’approche prudemment avec son café et son croissant, comme chaque matin, et je m’apprête à repartir. 

Que dire d’autre ? Je suis passé a la librairie Le Baron Perché récupérer les deux livres que j’avais commandés de cet auteur espagnol, Carlos Munoz Molina, dont le « Comme l’ombre qui s’en va » m’a conquis.

Je viens de passer trois jours à Dijon avec des amis. Parcours architectural - la façade de l’église Notre-Dame et ses trois rangées de chimères est unique et formidable -, parcours muséal - les tombeaux des ducs de Bourgogne et leurs cortèges de pénitents endeuillés sont stupéfiants -, et parcours viticole - visite des Hospices de Beaune sous le charme d’une jeune guide, Agathe, visite de Clos-Vougeot, dégustation chez un viticulteur et pèlerinage à la parcelle de la Romanée-Conti -, bref que du bonheur à 1H30 en TGV.

Moins fun : je me fais arracher une molaire cette après-midi.

C’est ainsi que les hommes vivent.

lundi 31 mars 2025

Ce matin au kiosque 96 : Ça sent l’écurie !

Ciel d’une pureté azuréenne, fond de l’air frais comme l’eau d’un torrent, souffle de vent comme une caresse.

Voilà plus de trois semaines d’infidélité au parvis de la gare de Bécon les Bruyères et ses fidèles. Je ne suis pas encore descendu de ma bicyclette que P. m’invective gentiment en me reprochant l’absence de casque. Je lui sert l’argument forcément fallacieux que cet accessoire me décoiffe et je change de sujet pour couvrir d’éloges le « terrible engin » près duquel je viens de garer mon deux-roues musculaire : une Royal Enfield bleu lagon des mers du sud, propriété de ce même P. La moto est équipée d’un siège arrière dessiné pour accueillir rien moins qu’une BB ou sa doublure, de pots d’échappement saucisson, d’un feu arrière globuleux très « american fifties » et d’une paire de sacoches en cuir noir genre « Easy rider », à faire pâlir d’envie tous les bikers de la terre.

JM est assisté de Ph qui se réchauffe sous le ventilo-convecteur plafonnier du kiosque. Il (le maître des lieux) me confidie (du verbe confidier, 1er groupe, faire une confidence) qu’une cliente avec laquelle j’avais échangé hier et qui semblait atteinte d’une soif inextinguible de parler et de s’agiter, appartient à une famille de matheux de très haut niveau. J’admire la capacité cérébrale des personnes douées en maths, mais je précise qu’en même, qu’ayant fréquenté les bancs de l’école avec des futurs polytechniciens et normaliens, il n’est pas rare d’en trouver des qui sortent de la normalité. Mieux vaut parfois, pour une vie équilibrée, que les fées n’aient pas fait d’excès de zèle au-dessus de votre berceau. Je parle en connaissance de cause.

Comme je dis tout ou presque à JM, je lui confie mon enthousiasme pour « L’ombre du vent », le roman de Carlos Ruiz Zafon, dont je viens d’achever la lecture des 600 pages avec un bonheur absolu. 

Bien sûr JM, lui, il l’a lu depuis déjà fort longtemps. Ce JM : une mine, une référence, un cap, que dis-je, une péninsule littéraire !

Pendant mon absence, il a vendu deux exemplaires de « Bastion » de Jacky Schwartzmann sur la couverture duquel  j’avais mis un post-it de commentaire enthousiaste. Si vous n’avez pas lu ce policier d’un genre jubilatoire (je parle pour les « woke men »), eh bien, on se demande ce que vous attendez !

A l’occasion d’une grand-messe récente de sa boîte - un truc pour ressouder les équipes (dessoudées ?) -, JM a montré mon blog à l’un de ses supérieurs (hiérarchiques) - et sans doute les chroniques - en précisant que nous recherchions un éditeur. Le supérieur en question semble avoir été conquis par ce qu’il a vu ; il a encouragé JM à le montrer au service com de la boîte. Arrêt de l’initiative de JM : il va falloir que je m’autocensure si je veux passer à la postérité Bolloréenne…

J’ai omis de vous signaler que le casting d’aujourd’hui étaient composé de xxx et xxx.

La discussion est passé d’un individu qui rôde et cherche à acheter des bijoux en or, aux dents (en or) que l’on arrachait à Bucchenvald, puis j’ai évoqué cette histoire d’ados qui, devant les bulbes dorés de l’église orthodoxe du Pont de l’Alma (celle de Poutine), trouvaient que la mosquée était cool ; tant qu’à être dans les lieux de culte, on a listé les églises proches jusqu’à celle de Champerret avec son magnifique duomo byzantin.

J’y suis entré dans cette « mosquée orthodoxe ». Il y avait une célébration. Cinq ou six popes officiaient dans leur capes toutes dorées et rigides qui les font ressembler à de gigantesques scarabées barbus. 

Marine Le Pen a fait un passage rapide dans la discussion (personne ne voulait s’étendre sur elle), puis ce fut la Légion d’honneur et Drucker qui s’est vu promu commandeur ; ce qui a déconsidéré définitivement la breloque inventée en 1802 par le Consul de la république, un certain Napoleon Bonaparte, afin de récompenser militaires ou civils pour « services éminents » rendus à la patrie. Vous voulez une petite liste de types sympathiques honorés de la LH ? Mussolini, Franco, Ceaucescou, Ben Ali, Poutine, Ali Bongo ; bref, que des gars clean, propres sur eux. Si je ne vous parle pas de certaines crapules françaises, c’est que le courage, comme tout, à ses limites… Pas envie de risquer un bracelet électronique pour diffamation. Bien que, le bracelet électronique semble plutôt tendance ces temps derniers. Les racailles portent leurs futes très bas pour faire « genre je suis un ancien taulard à qui on aurait enlever la ceinture » et les politiques vont se montrer leurs bracelets électroniques dans les dîners mondains pour faire « genre je suis un mec ou une nana condamné injustement pour n’avoir détourné que quelques millions » (et tous les convives de commenter qu’ « on peut plus rien dire ni rien faire »).

Des news d’Ubu-Trump ? Il paraît que Poutine commence à les lui gonfler genre montgolfière et qu’autrement, il se marre tellement à signer des décrets (plus d’une centaine au compteur) et à voir le bordel qu’il met dès qu’il dit une connerie (certainement plus d’un millier au compteur), qu’il changerait bien la Constitution des Etats-Unis pour faire un 3eme mandat.

Bon, avec ça si je ne suis pas refoulé à ma prochaine entrée aux US… Ça tombe assez bien car je n’avais pas l’intention d’y remettre les pieds !

C’est ainsi que les hommes vivent !

lundi 17 mars 2025

Ce matin au kiosque 95 : Procrastination et nouveautés béconnaises, attention et respect

Un mois. Voilà déjà plus d'un mois que je me suis carapaté loin de Bécon, sa gare, son kiosque, ses « habitués ». D’abord le Béarn et les Pyrénées ; une semaine de ski sur un tapis de neige que les assauts d’un soleil radieux ne sont pas parvenus à dissoudre totalement avant la fin de mon séjour. Puis quelques temps en Dordogne, au confins de la Charente, dans cette région de collines douces où l’eau de la Dronne, « la plus belle rivière de France » selon l’éminent géographe et anarchiste Elisée Reclus, semble poursuivre avec une lenteur assumée son destin timide qui la verra s’effacer, « belle et souple » comme la qualifiait François Mitterrand, devant la modeste Isie qui, elle, se perdra au terme d'une série de méandres capricieux dans l’orgueilleuse Garonne. Enfin, les terres insulaires des Charentes ; Ré dont les rivages, comme un bouclier invisible, repoussent du coude les nuages sur le continent afin d’offrir au soleil l'occasion de cuirasser l’océan de milliers de virgules d’argent, et d’enflammer l'horizon du soir de parades incendiaires.

Et pourtant, depuis mon retour il y a déjà une semaine, je ne suis pas parvenu avant ce matin à me confronter au rectangle gris laiteux de mon écran d'ordinateur, pour une nouvelle chronique béconnaise. Je procrastine sans honte, mais avec regrets. Alors, en suivant les conseils de Boileau, je vais me "hâtez lentement et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettre mon ouvrage."

Quoi de neuf à Bécon ai-je demandé dès mon retour, après avoir attendu que cesse les vivats de la foule accueillant le fils prodigue. La réponse fut unanime : rien. Rien de neuf. Alors, à défaut de nouveautés, les conversations sautèrent, comme toujours, du coq à l'âne ; l'âne étant bien entendu Ubu-Trump. Le lecteur curieux s'interrogera sur l'identité du coq...

Quoi de neuf ? Eh bien, une épicerie italienne proche de la Place de Belgique, à laquelle on ne peut que souhaiter un bail plus long que son prédécesseur, un fromager qui "à trop embrasser à vraisemblablement mal étreint", tant ses fromages se perdaient parmi une quantité d'autres produits annexes. En réalité, la population locale a dû voir d'un œil étonné ce 3ème fromager s'installer là où, dans un rayon de 300 mètres, deux autres de ses confrères exerçaient déjà avec un talent reconnu.

Et puis aussi, un nouveau commerce de poisson qui veut s'ouvrir, avec le soutien de la municipalité comme en témoigne une large enseigne installée sur la future devanture, en lieu et place d'une précédente poissonnerie qui n'avait tenu que quelques mois. On souhaite bonne chance à cette aventurier de la marée, sachant que deux fois par semaine déjà, à un jet de pierre, le marché recèle trois poissonniers de qualité...

J'amuse beaucoup les habitués avec ma nouvelle manie de venir à vélo sur le parvis sachant que mon domicile se trouve à moins de 5 minutes à pied.

L'un de nos amis nous a confié souffrir d'une tumeur sous la lèvre. La porte de sortie du magasin de presse est toujours fermée car JM craint le courant d'air froid d'un hiver qui ne veut pas céder sa place. JM, précisément, a échangé avec un homme mal en point dont il m'a appris la triste condition qui le fait dormir dehors alors qu'il dispose d'un appartement. Je dois souligner ici que les mots très simples avec lesquels JM s'est entretenu avec ce pauvre homme témoignaient d'une grande attention et d'un respect dont certains devraient s'inspirer plutôt que de voter des lois d'exclusion contre les malmenés de la vie.

Au fait : avez-vous réalisé que nous sommes en plein "Printemps des Poètes", et ce, jusqu'au 30 mars prochain ? Alors, à vos inspirations ! En illustration, l'affiche du Printemps des poètes 2025.

C'est ainsi que les hommes vivent. 



dimanche 9 mars 2025

Yes we can ? 12 : The Brutalist

Si vous pensez aller voir un film sur l’architecture brutaliste (celle qui est détestée par Trump) avec « The brutalist », détrompez-vous : à part quelques allusions au Bauhaus, des images évoquant la Johnson Wax de Franck Lloyd Wright et quelques images supplémentaires de projets de style international (j’oubliais le trajet en gondole à l’occasion d’une des scènes finales sur la première biennale d’architecture de Venise - tout à fait incongru), il n’y a rien d’un film initiatique sur l’architecture. Préférez « My Architect » ou bien, même, le film de Coppola « Magalopolis ». 

Le bâtiment qu’un mécène (une caricature de l’amerloque friqué, raciste et en plus violeur) veut faire concevoir à Laszlo Toth, un architecte juif hongrois rescapé de Buchenwald dont il s’est entiché, ne ressemble à rien sauf peut-être à un mix entre une centrale thermique ou d’incinération et et un tombeau babylonien ; Gropius doit se retourner dans sa tombe.

Je n’ai pas cru un instant au personnage de l’architecte-artiste maudit incarné par Adrien Brody.

Les images et le mouvement de la caméra sont plutôt bien réussis. La musique fonctionne bien également à l’exception de celle du clap de fin, totalement incongrue ; on aurait plus attendu ici une chanson de Cohen.

Bref, difficile de se faire une idée de ce film qui dure quand même 3h1/2 et comporte un entracte. Ce qui est certain c’est que la maison de distribution a fait un travail de communication formidable.

Yes We can ? 11 : « Les guerriers de l’hiver » d’Olivier Norek

Les guerriers de l’hiver, le dernier roman d’Olivier Norek, évoque un épisode inconnu de l’histoire de la seconde guerre mondiale (tout du moins pour moi et probablement pour la plupart des français), celui de cette « Guerre d’hiver » qui se déroula du 30 novembre 1939 au 13 mars 1940, opposant 800 000 soldats de l’armée Rouge à moins de la moitié de soldats finlandais, mais surtout deux puissances de feu totalement inégales. 

Le personnage central du roman est Simo Hähyä, un jeune paysan finlandais qui se révèle devenir un redoutable sniper que les russes surnommeront « la Mort blanche » et dont les finlandais firent un héros national. 

Le récit déroule les 90 jours d’une guerre impitoyable au cours de laquelle le rouleau compresseur russe, au prix d’innombrables pertes humaines et d’immenses destructions n’épargnant ni les villes ni la nature, parvient à faire capituler la petite nation finlandaise. Olivier Norek nous plonge dans l’horreur quotidienne de la 6eme compagnie finlandaise dans laquelle Simo accompli son « travail » de précision, décimant les « Ivans » avec une haine que l’on sent jour après jour l’habiter entièrement. 

Le récit fait alterner les scènes du front des deux côtés des belligérants, le quartier général des forces finlandaises et les postes de commandement de l’armée Rouge gangrenée par les commissaires politiques, en de courts chapitres qui font de ce roman un véritable « page-turner ».

Enfin, comment cette « Guerre d’hiver » ne résonnerait-elle pas comme un avertissement supplémentaire vieux de plus de 80 ans pour les peuples d’Europe, témoins plus ou moins passifs d’une agression comparable, en cours, sur le territoire de l’Ukraine ?

samedi 1 mars 2025

Yes We can ? 10 : délire, délire, …

 « A Chaque jour suffit sa peine » comme l’écrit Matthieu dans le Nouveau Testament ; c’est un peu ce qu’on se dit tous actuellement. Aux dernières nouvelles, on assiste aux US à une censure inimaginable des textes officiels qui interdit purement et simplement l’usage de certains mots (ils seraient plus d’une centaine) du style : antiracisme, racisme, altruisme, préjugés, DEI (diversité, équité et inclusion), diversité, divers, biais de confirmation, équité, égalitarisme, féminisme, genre, identité de genre, inclusion, inclusif, inclusivité, injustice, intersectionnalité, privilège, identité raciale, sexualité, stéréotypes, transgenre, égalité, ALT (alternatif), changement climatique, climat, émissions de gaz à effet de serre, justice environnementale, privilège, biais, femme, préjugé, justice environnementale, accessibilité, etc.

Quelques autodafés de bouquins « déviants » complètent le délire.

Manque plus que les retraites aux flambeaux dans la nuit de Washington des SA du moment (Proudboys et cie) avec torches et bannières (et pourquoi pas au nom de la « liberté ») pour revenir 90 ans en arrière…

L’histoire de l’humanité fait alterner périodes de félicité et cauchemars. Bon, là, pas de doute : on est dans la seconde !


lundi 10 février 2025

Ce matin au kiosque 93 : Jean sans Peur, l’IA, sexe et grattage

Revenons à des fondamentaux, comme on dit en rugby.

Info météo : temps humide qui serait propice à une belle récolte de champignons si un rayon de soleil et quelques degrés supplémentaires voulaient bien honorer notre territoire de leur présence.

Casting : (par ordre d’arrivée à l’écran) JM, Christiane, Gilles, Sophie et Paul, Robert, Genevieve, René, et le Marseillais (avec la participation du…).

1er débat : IA or not IA, that is the question.

Christiane lance (avec courage) le débat. Les avis sont partagés, vous pouvez l’imaginer. Au passage, j’apprends que Macron et « Delamèche » se sont frittés. Certains applaudissent à la pluie de dollars qui nous parvient comme une manne céleste, d’autres rechignent et osent penser que tout ce fric pourrait servir à autres choses qu’à engraisser des actionnaires, aller encore plus vite (vers où ? Pourquoi ? Et pour quoi ?) et appauvrir la biosphère (j’en suis).


2eme débat : René qui est arrivé avec des petits yeux a-t-il fait l’amour toute la nuit ?

Débat rapidement clos, René noyant le poisson dans la piscine de Courbevoie dont il nous apprend qu’elle est à l’arrêt. Gilles est surpris, voire révolté, que les douches hommes et femmes soient distinctes. René ajoute encore à la rigueur de ce règlement en précisant qu’il est interdit de chahuter, que le slip et le bonnet sont obligatoires, qu’il y a des lignes d’eau réservées pour chaque nage, etc. Gilles déplore que le string soit prohibé. Peut-être serait-il possible de mettre ce sujet à l’ordre du jour d’une prochaine niche parlementaire (avant de le soumettre à un référendum populaire).

Robert nous a apporté des croissants bien que les croissants soient périssables (vous ne voyez pas le rapport ?).


3eme débat : les vieux retraités sont-ils tous des emmerdeurs ?

C’est la position de Gilles qui vient de vivre l’expérience banale d’une petite vieille qui a « crassussé » à la pharmacie. (Pour ceux qui ignoreraient ce que « crassusser » signifie, il s’agit d’un terme de l’argot militaire qui veut dire tricher ou passer devant dans une file d’attente). On réconforte Gilles qui, après un accès de colère risque l’AVC ou la dépression, en lui disant que la vieille dame l’a pris pour un jeune homme et s’est sentie légitime de lui dire, après qu’il lui ait fait remarquer qu’elle crassussait, « mais vous ne voyez pas que je suis âgée ! », tout en lui filant un coup de canne dans les roustons (là, je brode, mais vous ne pouvez pas reprocher à un romancier…).


4eme débat : sujet relatif au grattage par le Marseillais.

Le Marseillais est un gratteur compulsif. Il gratte les tickets de la FDJ qu’il achète au bar d’en face. Ce matin, il n’a perdu que 2€. Mais un jour, il nous a confié que la chance lui sourirait. Vous me conjuguerez le verbe gratter au futur, au conditionnel et au subjonctif. Que je gratasse. En attendant, Le Marseillais nous permet de payer moins d’impôts. On ne souligne jamais assez l’esprit de solidarité des gratteurs de la FDJ.


JM, j’allais oublier JM ! Rassurez-vous : il a parfaitement digéré son œuf mayo, ses côtelettes d’agneau-frites et sa crème brûlée, de samedi midi au Rallye et le tout à 20€ (mais je l’ai déjà dit). Francois-Regis Gaudry, si tu nous lis…

JM me redonne le livre « Moins! » de Kohei Saito, que j’avais prêté à la « petite grande Dame de Bécon ». 


Hier, je suis allé au 20, rue Étienne Marcel. Vous ignorez probablement ce que je suis allé faire à cette adresse. Peut-être même que vous en avez rien à cirer. Eh bien, je vais vous le dire quand même : rendre visite aux fantômes de Jean sans Peur, de Charles VI (vous vous souvenez ? le Bal des ardents en 1393 au cours duquel le roi et un certain nombre de dignitaires déguisés en homme des bois se sont cramés avec la torche du duc d’Orleans) et d’autres prétendants au royaume, lesquels se faisaient régulièrement trucidés. A cette adresse, se dresse (aïe !) les restes (re-aïe) d’une demeure seigneuriale : une tour médiévale, la Tour Jean sans Peur, dont les 5 ou 6 étages sont desservis par un escalier en colimaçon et en pierre. Chaque étage dispose d’un espace latrines. Au passage, vous observerez les marques des compagnons-tailleurs gravées dans la pierre et un plafond sculpté présentant trois arbres et leurs ramifications enlacées  figurant les symboles de trois familles royales (pour plus de détails, voyez Le Chat, l’app française d’IA).


Pour revenir à mon écoute des habitués de ce matin, à part qu’il fallait bien se nettoyer les parties génitales avant et après un acte sexuel, je n’ai vraiment rien appris de bien interessant. Et encore ça, je le savais déjà !


Si, une chose pour finir : il y a un client chevelu et barbu et sourd qui a hurlé dans le kiosque que « merde, c’était le bordel ! », car sa carte bancaire refusait de marcher (la plupart des personnes présentes ont pensé, inconsciemment ou non, que ça devait être de la faute d’Anne Hidalgo).

Ce matin au kiosque 92 : Kessel, Couteraux, Mouchot et le Rallye

 « … cette haute steppe (…) était pour lui, (…), une grande feuille de sagesse à la surface de laquelle les plus faibles replis du sol traçaient les signes d'un alphabet éternel. »

Quelle phrase sublime ! Une, parmi des dizaines (peut-être des centaines) que renferme « Les cavaliers », le roman de Kessel publié il y a plus d’un demi siècle (1967), qui fait paraître bien pâles certains de nos romans actuels pourtant portés au pinacle des temples littéraires…

Je vous parle de ce livre, car je suis en plein dedans et que c’est un indicible bonheur que j’aimerais pouvoir faire partager à mes contemporains (tout du moins ceux qui se sont éloignés de la lecture ou n’y ont jamais été sensibles).

Et puis, évoquer un livre dans une chronique générée par un lieu où il est possible d’en acquérir ne devrait pas paraître si incongru ; n’en déplaise aux esprits chagrins qui préfèreraient retrouver la ritournelle de la météo et du casting de cet épisode.

Et puisqu’il s’agit d’une chronique un peu rebelle, deux mots d’un personnage qui aurait été surpris de se savoir figurer, à deux siècles de distance, dans pareil exercice d’écriture : François Couteraux (1740-1830). Ce lyonnais d’origine, maître-maçon, inventeur, architecte autoproclamé, écrivain et lobbyiste avant l’heure, appartient à la foule des précurseurs géniaux versés dans les oubliettes de l’histoire, comme Augustin Mouchot (1825-1912), inventeur du four solaire dont l’invention fut torpillé par des défenseurs des énergies fossiles. 

Couteraux n’eut de cesse dans la seconde partie de sa vie (une reconversion) que de vanter, par l’exemple et la théorie, les vertus de la construction en pisé. Nos aïeux étaient sans doute moins sots que nous qui n’avons jurés tout au long du XXe siècle (et encore maintenant, mais dans une moindre mesure) que par le béton et l’acier : des milliers de bâtiments de toute nature furent édifiés en pisé un peu partout dans le monde. La guerre de 14-18 qui décima la plus grande partie des ouvriers-piseurs réquisitionnés pour étayer le front de 800 km de tranchées, le développement des infrastructures routières et du marché du ciment, eurent raison de cette technique constructive à laquelle l’urgence d’une sobriété énergétique dans l’industrie de la construction devrait redonner des lettres de noblesse, au terme d’une amnésie de près d’un siècle.

Cette chronique, dont le lecteur fidèle aura relevé la fantaisie, ne peut oublier de mentionner la pierre blanche qui marquât ce samedi 8 février, puisque le conclave se fit, partiellement, hors les murs, au restaurant « Le Rallye », où quelques unes des célébrités de la confrérie des habitués se régalèrent d’un déjeuner à l’addition modeste (20€, entrée, plat et dessert). Je ne me joignis à la troupe que pour le café, insensible aux railleries qui voudraient prétendre que seuls les restaurants étoilés ont mes faveurs.