dimanche 14 avril 2024

Ce matin au kiosque - « Cette mémoire qui cherche à fuir »

Ce matin, j’ai rendez-vous avec Pascal, Alain et son épouse, et une jeune femme dont j’ignore encore le prénom.

Quand je dit « j’ai rendez-vous », ce n’est pas au sens où « j’ai pris rendez-vous », mais plutôt où les circonstances ont fait que… je me suis retrouvé à échanger avec…

Mais d’abord, Jean-Michel. Notre passeur est inquiet : sa tante vient d’être hospitalisée à l’hôpital Trousseau de Tours pour une fracture ; conséquence d’une chute liée à son alzheimer qui la faisait marcher les jambes croisées ! Il est son référent et doit descendre à Tours demain matin, aller-retour dans la journée. Il viendra quand même tôt demain matin ici pour faire la mise en place des magazines et la cuisson des viennoiseries. On le sent anxieux, notre passeur. 

Pascal. C’est le prénom de l’homme que j’ai surnommé « le biker ». Il est déjà là, seul à une table. Nous nous saluons. Monsieur Pascal, c’est une certaine élégance (plutôt une élégance certaine) ; aucune improvisation dans la tenue vestimentaire ni dans le choix des accessoires (bagues, bracelets, collier, boucle d’oreille, …), toujours la casquette (en toile cette fois car il fait déjà très doux), toujours les lunettes de soleil (Ray-Ban), l’accent un tantinet parisien, moustache et mouche façon Second empire taillées avec soin, toujours la chienne barbet dont j’apprends le nom : Utah (« il fallait choisir un nom commençant par U et, sans inspiration, j’ai questionné ma fille qui faisait alors un road-trip aux USA ; Utah, m’a-t-elle suggéré, c’est dans cet état que je suis actuellement »). 

Utah est toute noire à l’exception d’une « cravate » blanche qui lui remonte jusque sur le museau. 

La jeune femme qui m’avait déjà parlé de son désir d’écrire nous a rejoints. Lunettes de soleil, masque de protection respiratoire bien calé sous le menton, elle reste debout à côté de notre table. Me voyant, et remarquant le livre posé sur la table, elle me dit à nouveau : « j’aimerais écrire ; comment faut-il faire ? Avoir des diplômes, … » Je lui dis que, ce que je peux lui conseiller est d’écrire et de lire. Écrire tous les jours, en prenant un sujet au hasard. « Tenez, la gare de Becon par exemple et tous ses habitués ; il y a des milliers de pages à remplir. Mais, il faut écrire pour soi avant tout. Ne pas penser à la gloire et surtout pas à devenir riche. »Elle me répond que la gloire, elle s’en méfie et que toutes ces vedettes, ça ne l’intéresse pas. « Ce sont toutes des aguicheuses et je n’aime pas les aguicheuses », ajoute-t-elle. Jean-Michel intervient et avec humour glisse : « des aguicheuses, à Becon, je n’en connais pas ! »

Nous poursuivons sur la rue d’Amsterdam et la rue de Budapest. (Incroyable, l’enchaînement des pensées !). J’évoque mes trajets à pieds pour rejoindre le RER entre Europe et Havre-Caumartin du temps où j’habitais rue d’Amsterdam. Je partage avec eux le souvenir de cette prostituée avec un chapeau au bord très large et des cuissardes, qui faisait le tapin devant l’entrée d’un immeuble au bas de la rue de Budapest ; une rue assez glauque à cette époque (les années 80). Elle montait régulièrement à une heure matinale avec un petit bonhomme qui ne ressemblait à rien. Ils n’échangeaient aucune parole et quand le type arrivait à son niveau, le couple, dans une chorégraphie minimale - elle, empruntant une allure de grande dame et lui, ramassé dans un petit costume élimé d’employé de bureau  - s’engouffrait dans la cage d’escalier. 

J’imagine le gars, les épaules du costume constellée de pellicules, l’haleine désespérément fétide, outrageusement parfumé à l’after-shave de supermarché et qui, la veille au soir, lapait sa soupe en silence devant le poste de télévision aux côtés de bobonne bigoudillée, sifflotant à l’aube en enfilant son marcel et son slip kangourou, dans la perspective de vivre dans une heure à peine les 5 minutes de félicité de sa journée.

Monsieur Pascal nous apprend qu’il y avait des péripatéticiennes à Becon dans les années 70 et qu’elles avaient un bar : le Tonneau. Jean-Michel intervient : « Pascal, t’as l’air de bien connaître ! » 

La jeune femme au masque FFP sous le menton dit : « je n’aime pas ces endroits et je n’y entrerai jamais ». C’est vrai qu’on ne lui souhaite pas car, en règle générale, les jeunes femmes qui entrent dans ce type d’endroits, ce n’est pas pour y faire du tricot. « C’est des frustrés qui vont là-bas. » Elle a sans doute raison. 

Je pense à cet instant à l’auteur de « La Recherche ». S’est-il fait fouetter comme son personnage, le baron de Charlus », dans un bordel d’homme ? Dans tous les cas, ce n’était pas au « Tonneau » - l’honneur de Bécon est sauf - le célèbre écrivain ne quittant son havre parisien que pour le Grand Hôtel de Cabourg.

La jeune femme nous quitte et je vois Jean-Michel qui fait des grands signes. « C’est le couple qui t’a acheté un livre de poèmes et lui qui travaille dans l’édition », me dit-il.

Je quitte la table de Monsieur Pascal pour une table voisine où nous prenons place tous les trois, le couple et moi.

Lui s’appelle Alain et j’ai oublié le nom de son épouse (mais Jean-Michel me le rappellera). Ils habitent Bécon, dans l’immeuble d’angle où se trouvait en rez-de-chaussée la petite imprimerie qui a fermé ; lui, il est parti ailleurs. J’ai l’impression (c’est le cas de le dire) que la femme de l’imprimeur était partie un peu avant. Je la croisais quand elle emmenait son fils à l’école. Une grande et belle femme brune au visage rond et lumineux. Lui, avait l’air un peu triste. Mais c’était peut être encore qu’une affaire d’impression…

Alain a beaucoup aimé mon Opus3. Jean-Michel a du lui « en faire la réclame » comme on disait jadis. Il m’avoue qu’il s’est décidé à l’acquérir en l’ouvrant, en tombant par hasard sur le poème en hommage à Camus et ses « Noces à Tipasa » ; « un texte sublime » (celui de Camus, je précise… restons humble).

Il a apprecié mon écriture et certains poèmes, comme celui pour à ma mère ou celui pour ma petite-fille, Daria, l’ont beaucoup touché. Je suis flatté, il ne faut pas se le cacher. 

Nous restons une petite heure à échanger et c’est fou ce qu’on peut apprendre en une heure. Madame a travaillé dans la publicité (elle ajoute, comme une évidence désabusée : « dans différentes boîtes qui ont été rachetées, ont fusionné, etc. »), lui, Alain, dans l’imprimerie (décidément !) ; en commençant comme typo, précise-t-il. Ils sont depuis 15 ans à Becon ; ils habitaient auparavant à Marne-la-Vallee. Ils ont trouvé cet appartement un peu par hasard, en août, il n’y avait personne à Bécon, un appartement au calme, pas comme celui, visité à Bois-Colombes et tout près des voies ferrées ; « ici, la gare n’est pas loin, mais on ne peut pas dire qu’on est dérangés par les trains ». 

Alain pense qu’il est important que des lieux comme celui-ci existent, où on peut échanger avec d’autres personnes ; le contexte actuel est tellement anxiogène. « Lire aussi est un stimulant. » Son épouse lui souffle qu’il écoute la radio, une en particulier. « Oui, j’écoute le matin France Culture, et ça fait un bien fou. Il y a des émissions remarquables. » Je ne peux que souscrire à tout ce que dit Alain. J’ajoute : « Oui, France Culture, que je trouvais très intello quand j’étais plus jeune, c’est incroyable la richesse… et les podcasts… » Ils vont partir chez leurs enfants dans le Jura pour une semaine. De mon coté, je vais quitter provisoirement Becon pour les rivages insulaires de Charente-Maritime ; pour une dizaine de jours. 

J’ai laissé mes coordonnées à Alain en lui disant de ne pas hésiter à me recontacter s’il souhaitait échanger par courriels. J’ai passé un moment très agréable en leur compagnie.

Pendant notre conversation, j’ai remarqué de temps en temps Jean-Michel qui pointait son nez entre deux clients. C’est lui le passeur. Alain m’avait fait remarquer que ce « magasin de presse » comme le désigne Ginette, la « petite-grande Dame » de Bécon, pourrait être comme la plupart de ces magasins de gare : banalisés, sans saveur, avec des clients qui passent, anonymes, « invisibilisés » les uns aux autres… mais ici, c’est différent, et c’est grâce à Jean-Michel.

Mais il me faut quitter cet « éden de sociabilité ».

« Il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte ». Nous nous reverrons (très probablement).

Enfin, au moment de clore cet épisode, si j’oubliais d’évoquer l’invitation que notre passeur m’a passée (normal !) pour le salon des maisons d’édition indépendantes qui se tient ce week-end au « Palais des Femmes », je serais d’une ingratitude totale. Je m’y suis rendu dans l’après-midi. J’y ai fait de belles rencontres et, en particulier, avec un poète irakien, Salah Al Hamdani,  qui connaît très bien la famille du compagnon - d’origine irakienne - de ma fille. J’ai acheté son recueil de poésie,« J’ai vu », qu’il a dédicacé : « À toi, Ourouk, cette mémoire qui cherche à fuir. » 

« Cette mémoire qui cherche à fuir » pourrait être le titre de ces petits textes de la série « Ce matin au kiosque ».

samedi 13 avril 2024

« Venise » de Boris Pasternak

C’est ce type de poème qui m’impose
de ne publier mes tentatives poétiques que sous le titre d’ « Apprentissage » ; et pour longtemps.


Je fus réveillé à l’aube

Par le timbre d’un carreau.

Craquelins de craie qui trempe,

Venise, flottait sur l’eau. 


Aucun bruit. Mais comme en rêve,

J’avais entendu un cri

Qui troublait encor la grève

Comme un signe évanoui.


Cri lointain d’une victime ?

Trident du scorpion, sous lui

Le miroir des mandolines,

Apaisé, dormait sans bruit.


Fourche fichée dans la brume

Jusqu’au manche, il se taisait,

Et le Grand Canal en fuite, 

Ricanant, se retournait.


Loin, près du débarcadère,

Du rêve naissait le vrai,

Et Venise, Vénitienne,

Paraissait plonger du quai. 

vendredi 12 avril 2024

Ce matin au kiosque - Des histoire de corbac et de nounou

Jean-Michel est en rupture de stock de l’Opus3. Il a vendu l’exemplaire qui trône tel un étendard sur le devant de sa caisse. L’heureux acquéreur est une de mes anciennes connaissances professionnelles et un voisin proche. Je lui dois une dédicace mais le numéro de portable que j’utilise ne paraît pas être le bon. Jean-Michel, le passeur, va y remédier.

En attendant, muni de mon petit café, je vais prendre l’air sur le parvis. Il fait très bon, une température idéale, une fraîcheur de printemps accompagné d’un doux zéphyr… Un affreux corbeau se prend pour un orfraie et pousse des vocalises sinistres devant une colonne Morris ventant un spectacle extraordinaire : « une expérience inoubliable à vivre en famille ». Peut-être n’est-il pas d’accord avec cette affiche aguicheuse ? Peut-être sent-il un zeste d’exagération ? 

Une femme, assise sur un banc, vient de se rendre compte que le corbac est à moins de 2,00 m d’elle. Elle partage sa frayeur au téléphone avec une copine (ou son amant ?).

Une nounou sort du kiosque avec une poussette et pas moins de 5 à 6 drôles autour d’elle. (Drôles est l’appellation charentaise pour un gamin ; drôlesse pour les gamines). Une dame d’un âge honorable - 90 ans dans quelques jours, c’est ce que j’apprendrai dans quelques minutes - est assise à l’une des tables de la terrasse-parvis et considère d’un regard dubitatif cet attelage juvénile. 

Quel courage ! dis-je. Ah ! Jamais de la vie pour moi, me répond la vieille dame. Quand j’ai eu ma fille - il y a déjà un certain temps car j’ai un fils de 58 ans - j’ai eu idée de faire la nounou. Je gardais une petite fille très mignonne mais terriblement sale. Elle m’arrivait tous les matins pas lavée et avec des vêtements d’une saleté ! Vous pouviez la refuser, lance la nounou opérationnelle qui tente d’organiser un départ plus ou moins ordonné de sa meute ; maintenant on les refuse. Oui, mais à mon époque, on ne le faisait pas, lui réplique la vieille dame. Et je l’habillais avec des vêtements de mon fils. Mais ils étaient trop grands pour elle, la pauvrette, et j’avais honte de la sortir comme ça. Alors, j’ai dit stop. Les parents qui étaient jeunes avaient une voiture. A cette époque, jeunes et une voiture… mais ils avaient pas les moyens pour habiller correctement leur fille, et l’hygiène … lamentable !

La vieille dame a de très beaux yeux verts. Ses paupières sont légèrement maquillées et elle porte des bijoux fantaisie plutôt de « bon goût » (si le « bon goût » consiste en ni trop, ni trop peu). Ses cheveux sont blancs, courts, avec une ondulation bien serrée que l’on imagine travaillée aux bigoudis.

Je suis née à Courbevoie, te prend-elle. J’ai longtemps habité de l’autre côté de la voie ferrée, côté Asnieres. Mais ici, à Becon, on est dans un petit village. On a tout ce qu’il faut, me dit-elle, en me désignant de la main le quartier commerçant juste devant nous.

Je fais les courses pour ma soeur. Elle a des difficultés à sortir. Ses jambes. C’est vrai qu’elle a 92 ans. J’ai voyagé, mais plutôt en France. Avec la municipalité de Courbevoie. Mais maintenant, ils préfèrent les nouveaux arrivants. Bon, je ne suis jamais allée en Angleterre. Je ne verrai jamais Londres, mais c’est pas grave. Et son visage s’illumine d’un grand sourire. C’est pas grave. Il faut en profiter, tant qu’on peut. 

Il paraît que les tours à La Défense qui sont vides sont financés avec du blanchiment d’argent. Ah bon ? Je lui dit. Oui, il parait et tous ces bureaux vides ?

Je lui explique que les investisseurs comme les assurances se doivent d’investir une partie de leurs capitaux dans l’immobilier.

Elle délaisse les affres du monde de l’immobilier pour me dire : il fait bon, mais on va aller vers des saisons de plus en plus chaudes ; des canicules ; on verra bien…

J’ai dû interrompre notre conversation. Ma petite-fille m’attendait pour que je lui fasse faire du vélo… sans petites roues ! J’avais encore des choses extraordinaires à vivre aujourd’hui.

samedi 6 avril 2024

Ce matin au kiosque - Dédicace d’un Abuelo

Ce matin, j’ai fait l’ouverture. Même la « pré-ouverture », puisqu’il n’était pas encore 8h00 quand je suis arrivé au kiosque ; pardon : au « magasin de presse » comme le nomme Ginette, la « petite-grande Dame » de Bécon.

Jean-Michel dressait les tables de cette terrasse qui accueille, quotidiennement, les habitués : celui que j’ai surnommé « le biker », un homme sympathique, inséparable de son chien barbet, de ses lunettes de soleil et de sa casquette en tweed ; un couple, le visage de l'homme me rappelle le grand joueur des All Black, Tana Umaga, j’apprendrai bientôt le prénom de son épouse, Martine ; une jeune femme plutôt discrète qui m’a un jour interrogé sur le « comment écrire » car elle aimerait écrire (réponse : comme pour tout, s’entraîner à écrire) ; et puis d’autres que je n’ai pas identifiés, mais ça viendra sans doute un jour. 

J’ai pris mon petit café à la fraîche, avant le pic de chaleur (plus de 25 degrés annoncés sur la Région Parisienne pour le week-end, et la France coloniale couverte des poussières du sable rouge africain : une revanche ? Un rappel contre l’oubli ?).

J’ai dédicacé l’Opus3 pour ma « petite-grande Dame » : Pour Ginette, la « petite-grande Dame » de Becon-les-Bruyères, dont les engagements de vie sont matière à poésie, de cette « poésie qui ne sert à rien qu’à vivre en toute lucidité. »

Amitiés poétiques


J’ai repris cette belle définition de la poésie d’Odysseas Elytis, ce grand poète grec, Prix Nobel de Littérature 1979.


Bécon est plutôt calme : l’heure matinale et les vacances de Pâques. Les bourgeois de Bécon ont déserté la ville pour la campagne et les bords de mer ; peut-être la montagne pour les irréductibles ?

Au moment où je me lève pour déposer ma tasse en carton vide dans la petite poubelle, Jean-Michel s’entretient avec un homme d’une certaine corpulence, dans les parages des 80 ans, cheveux blancs et barbe blanche en bataille. « Vous ne voulez pas un recueil de poèmes ? l’auteur est là », lui dit-il, en me présentant. « C’est combien ? », dit l’homme. « Pas cher, 250€ », je lui réponds. « Vous m’en mettrez une dizaine », sourit l’imprimeur retraité. Jean-Michel, en qualité d’agent littéraire (le mien) montre « Abuelo » exposé tout en haut sur le présentoir à livres. « Et c’est lui qui a écrit ce livre. » 

Je demande à notre imprimeur barbu s’il connaît Bréhat. Il acquiesce. « Oui, j’y suis allé, il y a longtemps, mais maintenant ça ne m’est plus possible : la santé et je n'ai plus de voiture. »

Jean-Michel me dit que ce monsieur aurait plein d’histoires à raconter sur les hôpitaux. Et notre homme d’embrayer. « Ah, les hôpitaux ! J’ai eu un mélanome en 2012. À Cochin, je suis tombé sur un chirurgien qui m’a enlevé un ganglion, mais il s’est trompé : ce n’était pas le bon. Bilan, des métastases partout ! Et puis les infirmières : j’étais soigné par une qui était bien. Elle disparaît. On me dit qu’elle a démissionné. Je la revois quelques temps après. Je lui dit : vous n’avez pas démissionné ? Si, me répond-elle, mais je suis en intérim et je gagne 3 fois plus !


J’étais imprimeur dans une imprimerie située derrière l’église St Pierre-St Paul à Courbevoie. Vous voyez ? (Je vois, c’est l’église d’où l’Abbe Pierre a lancé son fameux appel, l’hiver 54). Ça marchait bien, surtout avec le développement de La Défense. On imprimait de tout, même des carnets de chèque ! L’épouse du patron était comptable. » 


Suit une succession de cancers qui, si j’ai bien compris, touchent la famille des patrons. L’imprimerie voit son chiffre d’affaires baisser dramatiquement jusqu’à ce qu’un « margoulin » la rachète pour un euro symbolique. « C’était un ancien typo qui avait une boîte de 3 personnes à Rueil.  Nous étions une soixantaine. 30 hommes et 30 femmes. Ça a tenu sept ans, puis on a mis la clé sous la porte. »

Le margoulin : le Tapie de l'imprimerie. On a pensé ça tous les deux avec Jean-Michel.


Je suis allé acheter deux croissants. En revenant, un bout de trottoir était recouvert des pétales blancs d’un pommier en fleur ; comme s’il avait neigé, précisément, juste sur ce bout de trottoir.


A 10h, j’avais rendez-vous avec Ginette. Jean-Michel nous a offert le café et nous avons papoter quelques minutes sur la terrasse. Démentèlement du service public, atteinte au régime des retraites : nos opinions convergent. Ginette a travaillé dans les assurances ; les AGF, nationalisées puis privatisées et intégrées au groupe allemand Allianz. « Maintenant, j’ai le sentiment de ne servir à rien », me dit-elle. « Et vos enfants, vos petits enfants ? Ah oui, c’est vrai ! » dit-elle en souriant. Son engagement syndicaliste lui a permis de vaincre sa grande timidité. Elle me confie qu’elle aime lire, mais qu’elle a de plus en plus de difficultés à lire compte tenu de son âge, surtout pour les journaux. Elle n’aime pas les romans de bavardage. En revanche, « je suis incapable d’écrire ; ça ne vient pas, alors, il ne faut pas forcer ! »

Ginette m’a demandé ce que je faisais professionnellement. Je lui ai parlé d’ingénierie et d’architecture de grands projets.


J’ai dû la quitter pour aller au marché. Fruits et légumes, poissons et coquillages, volailles et charcuterie, nous avons nos commerçants, toujours les mêmes depuis 20 ans, toujours attentionnés. 

J’ai reçu un sms : « Claude dédicace pour Abuelo ». Je réponds Ok, dans un petit 1/4 d’heure. Ce Jean-Michel est polyvalent : Romans, poésies, rien ne résiste à cette force de vente hors du commun. S’il y avait des jeux olympiques de la vente de littérature, il obtiendrait la médaille d’or à coup sûr !

Je rejoins donc le « magasin de presse » et Jean-Michel me désigne une dame, une fidèle du kiosque et qui doit être l’épouse ou la compagne de « Tana Umaga ». Lui, il est en compagnie d’une petite dizaine d’amis, probablement des habitués du samedi. Je m’assois pour écrire une dédicace. Jean-Pierre, l’auteur de la « Saintonge sanglante », l’infatigable militant de la MJC de Courbevoie, le Kiné-ostéopathe et le charentais, me rejoint. Je le félicite sur son livre que j’ai commencé. Très bien écrit et certainement un merveilleux témoignage pour sa famille. Il est accompagné de Choupi, sa petite chienne, qui montre des velléités à gambader ; le Printemps ! Jean-Pierre allume un cigarillos et me parle de ses livres (il en écrit actuellement un 3eme, une auto fiction), en me racontant à nouveau son combat pour la MJC, son traumatisme de n’avoir connu depuis son arrivée à Courbevoie que 2 maires, et ses 3 femmes (successives) bien qu’il ne soit pas dragueur. « Les hasards de la vie », me confie-t-il avec une moue dubitative. 

Je peine un peu à me concentrer pour la dédicace d’Abuelo. Je vais finir par écrire quelque chose pour Martine ; quelque chose j’aurais souhaité moins banale. L’homme au barbet raconte l’opération qu’il a subi visant à lui enlever des calculs (tout du moins, c’est ça que j’ai retenu. Mais peut-être s'agissait il de la prostate, ou les deux, ou d'autres choses. Bref, il a dégusté. 

Pas facile de me concentrer. Je finis par écrire un mot, trop banal à mon goût. Martine, qui n’a pas voulu que je lui parle un peu du livre -« surtout pas ! » - me promet que nous en parlerons après qu’elle l’ait lu.

Dali considérait la gare de Perpignan comme le centre du monde ; aujourd'hui, il est à Bécon-les-Bruyères.


vendredi 5 avril 2024

Ce matin au kiosque - Place Vendôme etc.

 Un premier passage rapide, juste le temps de boire un expresso, d’apprendre de Jean-Michel que la « petite-grande dame » d’hier à laquelle il a fait lire mon texte a été très émue, avant de… avant de rater mon train (sans importance) et donc de revenir au kiosque m’entretenir avec Jean-Michel. Sa compagne qui a lu mon texte l’a trouvé très émouvant également, malgré une faute d’orthographe qu’elle avait repérée (j’en ai profité pour apprendre une règle de grammaire concernant la formule « se rendre compte). Et puis, j’avais évoqué 2 exemplaires de L’Humanité. Erreur : il n’y en avait qu’un, l’autre journal était Libération. J’ai corrigé tout ça instantanément depuis mon smartphone. Je ne suis pas technophile, mais ces petits appareils peuvent être magiques.

jeudi 4 avril 2024

Ce matin au kiosque - Une "petite dame"

 

Ce matin au kiosque, nous avons échangé sur l’avenir du monde. Rien que ça ! Une petite dame d’un certain âge, toute fine et si mince qu’elle paraissait d’une fragilité extrême, est venue acheter, comme chaque jour, ses deux quotidiens, L’Humanité et Libération. 

J’étais en train de siroter un café et échanger quelques considérations avec Jean-Michel sur la qualité d’ARTE. Je lui vantais les paysages de l'île de Bréhat en espérant qu'il mette à profit sa retraite prochaine pour programmer une visite sur "L'ile fleurie à la douceur de vivre."

J’ai dit à la petite dame : « La lutte continue ! ». Et puis, pour ne pas lui laisser croire que je me moquais d’elle, je l’ai complimenté pour ses achats en évoquant le compagnon de ma fille qui, lui aussi, lit L’Humanité. J’aurais pu lui dire que j’avais souvent plaisir à lire Libé.

Jean-Michel a renchéri en disant qu’il préférait vendre L’Humanité que Rivarol. Il a un client qui achète Rivarol. Il nous a confié qu’il avait eu un petit échange avec lui, dernièrement, lui faisant comprendre qu’il n’était pas de ce bord-là. Bravo, Jean-Michel : il ne faut rien lâcher !

Quand la petite dame s’est rendu compte que nous partagions plutôt ses idées, il m’a semblé qu’elle s’est détendue et qu’elle n’était pas mécontente de pouvoir parler avec nous (en fait, elle paraissait ravie).

J’ai embrayé sur une émission récente du Bookclub de France Culture que j’ai écoutée en podcast hier. Deux intellectuels ont écrit un pamphlet dont le titre est : « Les Tontons flingueurs de la Gauche. » Nous nous sommes accordés sur le fait que la Gauche allait mal et qu’il faudrait qu’elle ait un vrai projet, plutôt que de se déchirer continuellement entre toutes ses composantes. 

« Il manque une « figure charismatique », quelqu’un qui porte avec force les vraies valeurs de la Gauche », ai-je avancé. Une banalité.

« Vous avez raison, m’a répondu la petite dame, ça manque cruellement. Quand j’étais jeune, je croyais que je pouvais changer le monde, le rendre meilleur. Mais voilà, j’ai dû me tromper. Les jeunes ne semblent pas inquiets de l’avenir. Je le suis plus qu’eux et pourtant, vu mon âge… j’ai dû me tromper. Maintenant, s’ils sont heureux comme ça… »

J’ai poursuivi. « L’un des problèmes actuels est qu’il n’y a plus vraiment d’utopie possible. Le communisme a montré, douloureusement, ses limites. Mais quel courant de pensée n’a pas dévoyé son message originel ? Voyez la parole de Jésus et ce que l’Eglise en a fait pendant des siècles : on a torturé, pendu, brûlé au nom du Christ ! » La petite dame acquiesce. Je continue. « Mais, il y a des jeunes qui sont très engagés et qui ne baissent pas les bras devant les années difficiles qui se préparent. J’ai un fils qui « y va » et je le soutiens. »

« Le département des Hauts-de-Seine n’est pas réputé être de gauche, dit la petite dame avec un petit sourire en coin, et à part Gennevilliers - mais qui va sans aller à droite aux prochaines élections… Je ne comprends pas, il y avait plein d’usines à Bécon et dans le coin. Maintenant, il y a de moins en moins d’aides sociales, et personne ne réagit. Je voudrais bien être encore jeune, mais, en fait, je ne regrette pas d’avoir vécu ma vie et si c’était à refaire, j’aurais les mêmes engagements. C’est compliqué pour les jeunes de nos jours. »

Nous ne pouvions pas poursuivre cette conversation tenue à proximité de la caisse de Jean-Michel, et c’est dommage. Il a un métier, lui !

Mais, je croiserai certainement encore cette petite dame et je l’inviterai à boire un café. Mais pourquoi est-ce que j’écris « une petite dame » ? Il s’agit d’une « grande dame », par le cœur et la pensée.

Postface : 

Jean-Michel, en me voyant arriver ce matin vers 11H, a déposé un billet de 20€ sur la tablette en verre au-dessus des viennoiseries et du présentoir à livres, tout en me regardant d’un air qui associait habilement la satisfaction et le mystère. Sur le moment, je n’ai pas compris que ce billet était pour moi. Toujours sans prononcer un mot, son regard s’est porté à l’endroit précis, tout près de la caisse, où il expose d’ordinaire mon recueil de poèmes. Il n’y était plus. 

Quel agent littéraire, ce Jean-Michel ! Le recordman du monde des ventes d’Opus3 d’un certain Claude Labbé !

« C’est un monsieur qui passe le vendredi. Il travaille dans une maison de distribution de presse, de l’autre côté de la gare », m’a-t-il dit. « Et bien, je passerai demain,», ai-je répondu.

Et puis, j’ai commencé à lire « De la campagne à la ville - De la Saintonge à Courbevoie », le livre d’un client du kiosque qui en a confié un exemplaire à Jean-Michel pour qu’il me le remette (Cf « Ce matin au kiosque », épisode précédent). Il faudra que je lui en parle. Demain. Tout ça demain... une "grande dame".

dimanche 24 mars 2024

Ce matin au kiosque - Le « passeur » de la gare de Bécon-les-Bruyères. « La Saintonge sanglante ».

Le kiosque de la gare de Bécon est décidément le lieu des rencontres formidables.
 
Jean-Michel, le libraire aux faux airs bougons qui a fait de cet espace un havre de sociabilité, est un « passeur » hors pair. Il connaît toutes les petites habitudes de ses clients, lesquels seraient sans doute déçus s’il oubliait (comment le pourrait-il ?) de leur adresser quelques mots qui les font sourire en les appelant par leur surnom, ou s’il omettait d’anticiper leurs demandes, avant même qu’ils l’aient formulée : le café allongé avec un pain au chocolat pour l’un, juste son quotidien pour un autre. Jean-Michel est mon agent ; mon agent secret, en quelque sorte. Il met en évidence au-dessus de sa caisse un exemplaire de mon dernier recueil de poésie, indique à la cantonade, lorsque je suis là, que l’auteur est ici présent comme s’il s’agissait d’un événement, et tient au chaud un ou deux exemplaires de mon roman, « Abuelo ».


Je suis certain qu’Emmanuel Bove, s’il avait connu Jean-Michel, l’aurait inscrit dans les pages de son « Bécon-les-Bruyères » paru il y a près d’un siècle.


Ce samedi 22 mars 2024, nous avions convenu (avec Jean-Michel) que je viendrai au kiosque à 10H00 afin de rencontrer un couple qui avait fait l’acquisition de l’opus3 de la série « Apprentissage » de mes poèmes. J’étais à l’heure et je m’apprêtais à attendre mes lecteurs sur une table de la terrasse abritée du parvis de la gare et réservée à la clientèle du kiosque, quand un monsieur d’un certain âge - disons dans les 80 ans -, accompagné d’un petit chien, a pris place à mes côtés, encouragé en cela par Jean-Michel. 

Nous engageâmes presque immédiatement une conversation autour des livres et de l’écriture. Il me fit la confidence qu’il aimait écrire mais, curieusement, ne lisait pas. Il y avait une pointe de regret dans sa voix. Nous découvrîmes que nous avions un autre point commun en dehors de l’écriture : notre attachement aux Charentes. Je l’ai écouté me dire qu’il était originaire du village de Dompierre-sur-Charente, entre Saintes et Cognac. Ses parents étaient venus s’y installer en 1929. Il est parvenu avec bonheur à racheter la maison familiale dans laquelle il passe sept mois de l’année ; il y part dans quinze jours pour revenir à Bécon en novembre seulement. Il aime écrire donc et, d’ailleurs, il a écrit un livre en 2019 qu’il a auto édité, "La Saintonge sanglante", évoquant un drame de son enfance. Ce drame a trait à son père. En 1943, celui-ci succède au poste de maire de la petite commune de Dompierre. J’ai oublié pour quelle raison son prédécesseur avait quitté son mandat. « Mon père avait de l’instruction, c’était un petit village de la campagne profonde charentaise ; il est devenu maire parce qu’il était le seul à savoir lire et compter. Mais à la fin de la guerre, il a été accusé de collaboration. Vous savez, cette sale période de l’épuration…, et il a été fusillé. Ma mère était enceinte de moi, veuve avec déjà cinq enfants. Elle avait 38 ans et elle a dû quitter Dompierre. Nous sommes arrivés à Courbevoie, j’avais neuf mois. Je me suis renseigné et bien documenté sur le contexte dans lequel mon père a été arrêté et passé par les armes ». 

Bien qu’il n’ait pas été possible d’élucider avec précision les raisons de l’exécution de son père, Jean-Pierre R. (c'est le nom de mon interlocuteur) est convaincu, comme il l’avait déclaré au journal "Sud-Ouest" à l’occasion de la parution de son livre, que « son père a fait l’objet d’une exécution sommaire pour assouvir la vindicte d’un groupe d’hommes assoiffés de vengeance, imbus d’une autorité acquise par les troubles d’un après-guerre houleux. » Il va même plus loin en désignant les communistes. « Le parti représentait à cette époque une force politique importante, 30% de la population française ; vous le savez certainement. Mais les communistes étaient essentiellement présents dans les villes. Ils ont voulu conquérir les campagnes. Un communiste en vue a Paris a été parachuté dans notre village. Mon père en a certainement fait les frais. » 

L’homme assis en face de moi a maintenant les yeux brillants de larmes. Il poursuit : « Vous voyez, c’est pas croyable : voilà près de 80 ans que tout ça s’est passé et je ne peux m’empêcher d’être très ému. » La blessure est encore vive. Celles de l’enfance sont souvent les moins faciles à guérir. 

Je n’en saurai pas davantage sur cette tragédie. Mon interlocuteur passe à autre chose ; il a écrit un second livre, plus autobiographique. Il a fait le récit de ses années à Courbevoie et en particulier de son combat en faveur de la MJC qui se trouvait à la place actuelle du cinéma Abel Gance. « C’était à l’époque du maire précédent Kossowski, Charles Deprez. Il était FN ou tout du moins d’extrême-droite. Il a fait six mandats, 36 ans ! Si bien qu’avec les 3 mandats de Kossowski, je n’ai connu que deux maires à Courbevoie. Je déteste ces types qui s’accrochent comme des sangsues à leur siège de maire ou de député. »

Ce dénommé Deprez finira par avoir la peau de cette MJC, repère probable, à son goût - je ne vais pas parler d’esprit -, d’affreux gauchistes de tout poil… 

J’apprendrai également qu'il a exercé en tant que kiné, qu'il a participé à de nombreuses associations et que, s’il n’a rien d’un coureur ou d’un homme à femmes - c’est lui qui me le dit - il s’est marié trois fois, et cette vie engagée (si je peux me permettre cette expression) lui a fourni une matière riche, suffisamment pour écrire ce second livre et peut-être même un troisième (en cours).

Mon couple de lecteurs n’est pas venu au rendez-vous. ce sera pour une autre fois. Mais la rencontre improvisée sous l’égide du maître de céans, Jean-Michel, avec cet octogénaire alerte, courbevoisin d’origine charentaise à l’enfance tourmentée et à la compagnie bien agréable, m'a permis de coucher ici ce modeste récit, ce fragment d’humanité.

lundi 4 mars 2024

Le Silence, le ?, et la mémoire délavée

J’ai passé sous silence plusieurs livres lus entre « Le consentement » et « Indépendance » sur lesquels il faudra que je revienne. « Le Silence », justement, de Denis Lehanne, que l’on m’avait chaudement recommandé et qui m’a passionné moyennement. Un autre livre à tendance dystopique dont j’ai oublié le titre et qui évoque l’histoire d’un groupe de noirs qui doit fuir la ville de Boston où des groupes paramilitaires d’extrême-droite commettent des exactions la nuit, et se réfugie dans la propriété de l’ancien président des USA, Thomas Jefferson, personnage ambigu, auteur d’une descendance prolifique avec des esclaves noires ; livre qui ne m’a pas enthousiasmé plus que ça. Et enfin, « La mémoire délavée », de Natacha Appanah, qui m’a enchanté.


lundi 26 février 2024

« Indépendance » de Javier Cercas

« Indépendance » est le 2eme opus de la trilogie « Melchor Marin » de Javier Cercas. Lu après le tome 1 et le tome 3, j’ai eu le sentiment que ce roman achevait la trilogie.

A côté de l’énigme policière assez sordide - dont l’intrigue est livrée par un procédé narratif très intéressant -, Javier Cercas décrit une société catalane gangrenée par les riches et la collusion entre le monde mafieux des affaires et le pouvoir politique. Les acteurs de ce dernier sont des comédiens sans autre intelligence que celui de prodiguer de beaux discours et de manœuvrer avec l’air du temps. Populisme, stigmatisation de la gauche en la déclarant extrémiste, reniement des engagements, enmêmetempstisme : un cocktail qui ne vaut pas qu’au-delà des Pyrénées… Une belle fin avec un éloge vibrant au roman « qui ne sert à rien, sauf à nous faire vivre ». 

mercredi 7 février 2024

Une goutte d’eau

Les cinq plus grandes fortunes sur la planète ont vu leur patrimoine doubler depuis 2020, et « Nous ne pouvons pas continuer avec ces niveaux d’inégalités obscènes » dénonce l’ONG Oxfam, avant le Forum de Davos. 

Son rapport « Multinationales et inégalités multiples » fustige les grandes entreprises qui « En faisant pression sur les travailleurs et les travailleuses avec des salaires qui augmentent moins vite que l’inflation, en évitant l’impôt, en privatisant l’Etat et en participant grandement au réchauffement climatique, (…) creusent les inégalités. »

La mise en place d’un impôt sur la fortune des multimillionnaires et des milliardaires, pour laquelle Oxfam milite, pourrait rapporter jusqu’à 1 800 milliards. Il participerait à une meilleure justice sociale avec le démentelement des monopoles privés et le plafonnement de la rémunération des PDG. 

Combien d’écoles, d’hôpitaux ou de projets pour aider à la lutte contre le réchauffement climatique, pourrait-on financer avec cette « goutte d’eau » dans le portefeuille de ces gens ?