dimanche 8 novembre 2009

Sondage extraordinaire


Le samedi, nous révèle un récent sondage d'IPOS paru dans le JPD du week-end, est traditionnellement réservé chez 90% de nos compatriotes au sport, au bricolage ou bien aux courses en supermarché.
Le sondage avait pour objet de s'intéresser à ce à quoi peut s'occuper les 10% des français qui, le samedi, ne poussent pas leur caddie, en survêtement, avec une trousse à outils dans la main, entre les gondoles d'une grande surface. Et là, on apprend des choses extraordinaires.
1) Une courte majorité font l'amour (52%) - ou tente de s'y employer - avec un ou une partenaire légitime ou, mieux et plus téméraire, prétexte un impératif nettoyage de leur voiture voire une vidange - "mais chéri, tu l'as déjà lavé il y a deux jours !", "oui, mais, chérie, je n'ai pas fait l'intérieur !" -, pour aller se vautrer dans la fornication
2) Près d'un quart (23%) joue à la "Gameboy" (ou équivalent), et ce, plus de 5 heures dans la journée ; le sondage nous précise utilement qu'il s'agit d'une population à prédominance masculine, qui ne rechigne pas à regarder un match de football jusqu'au coup de sifflet final, une bière dans la main gauche et l'autre main dans le pantalon, et qui a voté majoritairement pour Mr. Sarkozy au dernières élections présidentielles (pire : serait prête à recommencer !)
3) 17% (c'est fou !) vont, une ou plusieurs fois dans la journée, sur les pontq qui surplombent les autoroutes pour compter les voitures qui passent, en faisant "coucou" aux automobilistes ; le sondage nous enseigne que certains - heureusement une minorité - par dépit de ne pas recevoir de réponses en retour, s'emploient à déposer sur la chaussée, des rails de train ou des blocs de béton de plusieurs tonnes, ce qui leur prend un certain temps et déborde fréquemment sur leurs activités du dimanche
4) 5% s'adonnent à la lecture - et encore, quelques uns (85%) ne jurent que par Marc Levy et Frédéric Musso (ces derniers pourraient assez logiquement être classés avec les intoxiqués de la "Gameboy")
5) Un nombre très réduit de nos concitoyens (0,5%) se tape une tête de veau sauce gribiche légèrement tiède arrosée d'un Sancerre amical, voire d'un Saint-Joseph (le sondage est assez intéressant sur ce point car il constate que la France est une fois de plus divisée entre les partisans d'un vin de Loire avec la sauce Gribiche, et ceux qui ne jurent que par les Côtes du Rhône ; c'est un sujet qui fera débat et sera vraisemblablement tranché à l'issue de la consultation sur l'identité nationale ; merci Mr Besson)
6) 2,5% "ne sait pas" ou "refuse" de répondre à ce sondage faisant référence à un texte de Bourdieu paru en 1972 sur la question des sondages (des vrais tête de lard !)
7) Enfin, 3 sondés prétendent faire l'amour tout en se tapant une tête de veau sauce gribiche, et ce, assez régulièrement ; ils pensent même monter un club !

Conclusion : si vous avez été intéressés par ce sondage, c'est que vous êtes vraiment des amis sincères ; ou bien, il est probable que vous faites partie de la minorité de personnes qui prennent le temps de glander et qui, étrangement, est passée sous silence dans ce sondage national réalisée auprès d'un échantillon de 980 personnes supposées saines d'esprit, entre le 3 et le 7 octobre dernier, par l'Institut IPOS pour le JPD.

3 commentaires:

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  2. BOURDIEU a écrit : l'opinion publique n'existe pas :
    Exposé fait à Noroit (Arras) en janvier 1972 et paru dans Les temps modernes, 318, janvier 1973, pp. 1292-1309. Repris in Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984, pp. 222-235.

    "Je voudrais préciser d'abord que mon propos n'est pas de dénoncer de façon mécanique et facile les sondages d'opinion, mais de procéder à une analyse rigoureuse de leur fonctionnement et de leurs fonctions. Ce qui suppose que l'on mette en question les trois postulats qu'ils engagent implicitement. Toute enquête d'opinion suppose que tout le monde peut avoir une opinion ; ou, autrement dit, que la production d'une opinion est à la portée de tous. Quitte à heurter un sentiment naïvement démocratique, je contesterai ce premier postulat. Deuxième postulat : on suppose que toutes les opinions se valent. Je pense que l'on peut démontrer qu'il n'en est rien et que le fait de cumuler des opinions qui n'ont pas du tout la même force réelle conduit à produire des artefacts dépourvus de sens. Troisième postulat implicite : dans le simple fait de poser la même question à tout le monde se trouve impliquée l'hypothèse qu'il y a un consensus sur les problèmes, autrement dit qu'il y a un accord sur les questions qui méritent d'être posées. Ces trois postulats impliquent, me semble-t-il, toute une série de distorsions qui s'observent lors même que toutes les conditions de la rigueur méthodologique sont remplies dans la recollection et l'analyse des données."
    Françoise H.

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  3. Et les vins de Bourgogne, ils passent à la trappe ?
    Qu'est-ce que c'est que ce sondage ? Dans quelle zone géographique a-t-il été réalisé : dans les pays de Loire et dans la vallée du Rhône ?
    Rien que pour cela je ne lui accorde aucune crédibilité !
    Moralité : je préfère glander le samedi plutôt que de répondre à des sondages !

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