dimanche 15 mars 2009

Welcome



Vincent Lindon crève l'écran dans ce film qui donne à voir, d'un côté, toute la détresse de ces émigrés que l'on parque et brutalise à Sangatte ou Calais, omnubilés par une "terre promise" qui n'en est plus une, de l'autre, l'humanité qui subsiste (il faut le croire) en chacun de nous. Mais le MNS-Lindon aurait-il été sensible à cette détresse s'il n'était pas lui-même un peu naufragé de la vie ? Y a-t-il une solution, autre que la répression, pour éviter Lampédusa ou Sangatte ? Dans notre histoire, notre développement a profité de la plupart des pays dont sont issus ces hommes et ces femmes ? Ne serait-il pas juste que nous pratiquions aujourd'hui autre chose que la brutalité ? Et puisque, définitivement, nous sommes égoïstes : ne serait-il pas dans notre intérêt ultime de les aider ?
Nota : Luc Besson, invité à l'avant-première de "Welcome" a quitté au bout de 10' la salle ; c'est donc un très bon film !

Extrait du blog de l'Express. Juillet 2008. (c'est précisément ce que montre le film)

"Après la fermeture du centre de transit, les autorités françaises jouent, sur place, le pourrissement

Calais: son beffroi, son port... ses migrants. Depuis la fermeture du centre de Sangatte, en décembre 2002, la situation de ces immigrés, massés face au détroit dans l'espoir d'une vie meilleure en Angleterre, est officiellement réglée. Dans les faits, une dizaine de migrants arrivent chaque jour dans ce cul-de-sac de l'Europe. En ce mois de juillet, ils sont 120 à errer dans les rues. Kurdes irakiens, Afghans, Iraniens, Soudanais, ils vivent dans des conditions exécrables. La nuit, ils s'abritent dans un hangar désaffecté, une camionnette éventrée ou des canalisations en béton abandonnées; deux fois par jour, ils quémandent de la nourriture, distribuée par une poignée de bénévoles.

Depuis la fin d'avril, ils n'ont même plus de douche pour se laver. Les installations, prêtées par le Secours catholique, ont été démontées à la suite de plaintes de riverains. Conséquence: la gale a refait son apparition, les maladies de peau se multiplient. En mai, un jeune Afghan a failli mourir d'hydrocution en se baignant dans un canal. «On ne cesse de demander un lieu d'hébergement temporaire pour les accueillir autrement que comme des chiens, raconte Véronique Desenclos, du Collectif de soutien d'urgence aux réfugiés (C'sur). Mais les autorités ne veulent pas d'un Sangatte bis.» Après avoir plaidé leur cause durant trois heures auprès du préfet, les associations viennent d'obtenir une petite victoire: la réinstallation de deux douches et de deux WC. A la condition de ne pas divulguer le lieu, sous peine d'un nouvel afflux de migrants. Ceux-ci y seront conduits quatre par quatre, en fourgonnette. Le gouvernement mise sur le pourrissement de la situation. Et sa stratégie est en passe de triompher. Les «humanitaires» sont à bout de souffle; les migrants perdent espoir. Chaque nuit, la police procède à une dizaine d'interpellations, prélude à l'expulsion. Une minorité finit par demander l'asile - sans garantie. D'autres croient encore au miracle. Mais le port ressemble de plus en plus à une forteresse infranchissable, avec sa centaine de vigiles et ses barbelés. Le budget consacré à la sécurité atteint... 6,5 millions d'euros. L'impasse, en somme.

1 commentaire:

  1. Nous avons vu le film hier soir.
    Deux aspects : le thème ou plutôt le contexte du film et le film lui-même.
    Sur le contexte, ce que j'ai particulièrement apprécié c'est qu'il n'y a pas de démonstration, d'argumentation pour convaincre, il y a la présentation d'une réalité au quotidien telle qu'elle existe à notre porte.
    Qu'est ce que je ferais si j'habitais à Calais ? Probablement rien. Sauf si j'étais dans la détresse moi-même, peut-être, ou si je prenais sur moi pour agir...
    Je suis d'accord avec toi sur l'aspect retour d'ascenseur. En fait on colonise, on exploite, on exporte, on se fait du gras et ensuite on rejette, on interdit, on enferme. Donnant donnant n'est-ce pas.
    Ce qui fait que nous ne sommes pas reçus comme nous les recevons, lorsque nous allons chez eux, c'est que nous avons de l'argent. Mais d'où vient-il cet argent ? D'un mauvais partage ?
    En réalité ces hommes (il y a peu de femmes) quittent leur pays par désespoir, ils n'ont aucune envie de vivre dans les pays du nord, loin de leurs racines, mais c'est la lutte pour la vie.
    Une des solutions, que l'on expose de coloque en colloque, de congrès en congrès depuis la fin de la guerre de 39-45 serait de promouvoir un vrai développement dans les pays pauvres, pas un développement style "émirats" bien sur, mais un développement réel avec des emplois sur place. Certes, beaucoup de choses sont faites, de manière éparpillée par différentes organisations, parfois d'ailleur avec des arrières pensées, mais tout cela n'a que peu d'efficacité.
    Il est vrai qu'à terme les transferts massifs de population de leur milieu d'origine vers des pays dits d'accueil ne peut être une solution viable car chacun risque de perdre ses repères, sa culture, même si les brassages culturels sont très enrichissants.
    On pourrait dire la même chose de ces mercenaires qui s'expatrient dans les émirats ou dans les pays à croissance à deux chiffres, ils font du fric, mais sont-ils heureux pour autant.
    La leçon de tout cela, c'est que moins on est riche, plus on est accueillant. Je l'ai expérimenté maintes et maintes fois.
    Quant au film, je le trouve excellent. Les personnages sont totalement crédibles et on ressent bien une certaine incommunicabilité entre le MNS et Bilal. Barrière culturelle, malgré le sport qui pourrait les réunir. Mais l'un vise le profession-nalisme, l'autre est plutôt revenu de a course aux médailles. Pour l'un la natation fut une passion puis un job alimentaire, pour l'autre c'est un moyen de survie.
    Idem pour Mirna, elle vit à Londres dans la cité du capitalisme financier triomphant, mais on lui applique des règles qui font penser à notre Moyen Age. C'est ce contraste entre des réalités qui se croisent dans le quotidien de la vie en France en Angleterre et cette distance des problématiques individuelles, culturelles, sentimentales qui m'interpelle. La bague de Vincent ne représente rien, ni pour Bilal, ni pour Mirna. Ils n'ont pas besoin de nos objets précieux devenus inutiles. Nous ne pouvons pas non plus leur prndre leurs sentiments. Ils sont dans leur monde avec leurs valeurs, leurs amours, leur détresse. L'incommunicabilité est totale, même avec les bénévoles. C'est du bonjour comment ça va ?
    Comme le dit le personnage féminin, c'est la jungle, struggle for life et la recherche d'une bonne conscience de la part de certains, un peu plus lucides, une peu plus idéalistes, un peu moins mauvais n'y change pas grand chose.
    Il y a la logique économique, la logique sociale, culturelle et les destins personnels, ou plutôt les choix personnels. Comme tu le dis très bien Pergame, la motivation de Vincent est toute intérieure, il veut reconquérir sa femme, il veut se redonner un peu d'estime à soi-même. Il est plus sensible parce ce qu'il est dans la dèche.
    En même temps, certaines situations, que l'on retrouve poussées à l'extrème dans les Fils de l'Homme par exemple, me font penser à certaines scènes qui se sont déroulé il y a 60 ans. Alors attention !
    Excuse me c'est un peu décousu, le style est infect, mais c'est ce que je pense.

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