jeudi 5 mars 2009

L'architecture : ça sert à quoi ?

Petit exercice d'interrogation personnelle à la manière d'un cadavre exquis sur cette question que ne manque pas de se poser la plupart des gens qui ne fréquentent ni le Pavillon de l'Arsenal ni les autres cercles réservés aux initiés.
Concernant les autres formes d'art (mais l'architecture est-elle un art ?), il me semble qu'il n'y a aucun doute pour le cinéma (les stars, le rêve, le frisson, ...), pour la peinture et la sculpture(classique) pas trop (où elle est la Joconde ?), la musique c'est OK (elle adoucit forcément les moeurs), la littérature moyen déjà (ça fait passer le temps, parfois : où il est le dernier Marc Lévy ?), la poésie encore plus moyen (où il est La Fontaine ?), le théâtre très, très moyen mais on y est bien allé au moins une fois en CM2 (où il est Molière ?)...mais l'architecture ? Ca sert à quoi ? En vrac :
- à faire travailler des architectes
- à faire des monuments extraordinaires
- à concevoir des espaces
- à faire des plans de maisons
- à participer à la représentation d'une civilisation à un instant donné
- à donner du sens à l'espace qui abrite les activités des hommes
- à embellir les villes, mais aussi parfois à les enlaidir
- à se faire plaisir
- à donner une échelle à la cité
- à ajouter une prétention d'art à la matière construite
- à laisser une trace pour les civilisations futures
- à créer une émotion
- à permettre à des espaces d'être plus fonctionnels
- à véhiculer une image
- à impressionner les foules
- à (se) raconter une histoire
- à élever l'Homme (comme toute forme d'art)
- à modifier la nature, le paysage naturel
- à servir l'Homme
- à se repérer
- à occuper les personnes très excentriques (de MI)
- à continuer l'histoire (JM Duthilleul)
- à nous préserver de la barbarie
- à écrire, avec des espaces, des morceaux de poésie
- à rien, comme la poésie
- à communiquer
- à s'opposer à l'évidence des choses
- à apprendre à regarder
- à rien "quand on se préocupe essentiellement de rentabilité commerciale, (et à tout) pour introduire le contreproids indispensable à la pression puissante des contraintes techniques et économiques" (Françoise Giroud)
- à "être tout à fait inutile, sa seul utilité est qu'elle aide à vivre" (Claude Roy parlant de la littérature)
- à édifier des limites à l'espace puis, à l'intérieur de ces limites, créér des sous-espaces - autant dire des vides - pour y tenter d'apprivoiser la vie
- à répondre hiérarchiquement à un ensemble de besoins humains à l'image de la pyramide de Maslow 1) physiologiques 2) sécurité 3) reconnaissance et appartenance 4) estime et considération 5) accomplissement et besoin de réalisation (Gérard Morin)
- .........................
(à suivre ; ne pas hésiter à proposer des idées, je les intègrerai)

3 commentaires:

  1. Mon oncle était un architecte et il était une personne trés excentrique. Alors, j’ajouterai ceci: - à occuper les personnes trés excentriques

    Check this out.
    http://weburbanist.com/2008/03/02/5-incredible-works-of-insane-architectural-genius-wooden-skyscrapers-to-recycled-wonderlands/

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  2. Dans la mesure où l'architecture a pour origine de répondre aux besoins de l'homme, je proposerai une clé de lecture, ou d'interprétation, qui se réfère à la pyramide des besoins humains de Maslow. C'est banal, c'est facile, mais le recours à une méthode a souvent du bon.
    1/ Besoins physiologiques
    Une construction, un bâtiment, a dans la majeure partie des cas, d'abord pour objectif de faciliter la satisfaction des besoins physiologiques des hommes à savoir : respirer, boire, manger, dormir, se réchauffer... Attention je ne parle pas d'architecture en tant que telle, mais bien d'abri, de bâtiment qu'il s'agisse d'une grotte aménagée, d'une hutte, d'un igloo, d'un teepee, d'une iourte, d'une case, d'un maison ou d'un immeuble.
    2/ Besoins de sécurité
    Le bâtiment peut avoir pour fonction de répondre à un besoin de sécurité : sécurité physique, mais aussi sociale et familiale (fort, chateau-fort, remparts, ports, phares... Sécurité dans les déplacements avec les oeuvres de génie civil ponts, routes, L'architecture déjà commence à pointer son nez.
    3/ Besoin de reconnaissance sociale d'intégration, d'appartenance
    Là on entre dans le vif du sujet : certaines créations architectu-rales ont pour objet de faciliter l'intégration sociale.
    Quant à l'appartenance sociale : toute oeuvre architecturale qui exprime les moments forts de la vie d'une communauté, qu'il s'agisse de batailles gagnées ou perdues, de massacres ou qui symbolise cette communauté (l'histoire de l'art regorge d'exemples à cet égard...). On peut aussi ranger dans cette catégorie le besoin de communiquer, dans une religion, dans un parti, dans un groupement... Que dire de ces temples, de ces cathédrales qui servent à la fois de lieu de rencontre, mais aussi de lien entre l'homme et l'au-delà. Ce besoin d'intermédiation entre le divin et l'humain est essentiel dans l'histoire de l'art et de l'architecture à mon avis. Je ne suis pas sûr toutefois qu'il soit bien à sa place ici dans l'échelle hiérarchique des besoins humains.
    4/ Besoin d'estime, de prestige, de considération, besoin d'être reconnu : toute oeuvre architecturale (ou presque) répond à ce besoin de ceux qui en passent la commande ou qui la construisent, il n'y a pas lieu d'en dire plus...
    5/ Besoin d'accomplissement, besoin de réalisation personnelle, de créativité.
    L'architecture répond également à ce type de besoin. Mais ici, c'est le créateur lui-même qui est concerné, l'architecte, mais aussi tous ceux qui participent à l'oeuvre qu'ils soient maître, compagnon ou apprenti.
    On pourrait placer ici le besoin de croyance ou le besoin religieux, en tant qu'accomplissement de soi. C'est une question de choix et d'interprétation.
    Encore une fois j'ai sombré dans la facilité en me contentant s'assembler une "pyramide" d'un côté mais quel beau symbole n'est-ce pas) et un art qui combine l'utilité, la solidité et la beauté selon des usages et des goûts qui évoluent avec les époques.

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