dimanche 22 mars 2009

Est-ce ainsi que les femmes meurent ?



Roman captivant de Didier Decoin qui vous prend aux tripes et vous secoue un peu la honte ; celle d'être vraisemblablement capable d'une lâcheté comparable à celle des 38 "complices" du crime épouvantable et sordide de "Kitty".
La dernière phrase de l'épilogue est une citation d'Albert Einstein : "La monde est un endroit redoutable. Non pas tant à cause de ce qui font le mal, qu'à cause de ceux qui le voient et ne font rien pour l'empêcher."
Si vous allez sur la "toile", les commentaires des internautes sur le livre font souvent référence à "American Psycho". C'est un livre que j'ai eu un week-end entre les mains, dont j'ai lu une centaine de pages (soit pas grand chose) et que j'ai rendu le lundi matin à la personne qui me l'avait prêté (et recommandé). J'avais l'impression d'être un voyeur de scènes de sadisme du niveau des scènes pornos de SAS, distillées dans le bouquin à intervalles réguliers, paramétrées (comme SAS) pour maintenir excité le lecteur.
Dans le roman de Didier Decoin, tiré d'un fait divers des années 60 à New-York, et qui a secoué l'Amérique (syndrome Kitty Genovese), c'est plus le phénomène de société et le point de vue psychologique qui m'ont intéressé : le "bystander effect". Cette réflexion sur notre attitude au quotidien, avec nos "petites" lâchetés qui peuvent avoir de grandes conséquences. Il n'est évidemment pas utile d'avoir un crime infect au pied de son immeuble pour tester sa capacité à réagir. Est-ce une chance que notre époque - mais sans doute autant que les autres ? - nous donne l'occasion au quotidien de tester notre niveau de "bystanding" ?
Je n'ai rien dit sur le style, et j'ai tort, car il est précis, agréable, intelligent, rythmé par les scènes du procès et l'histoire vue par les principaux protagonistes. Il se déroule à la manière d'un parfait scénario de film.
Je recommande vivement.

4 commentaires:

  1. Merci pour ce précieux commentaire qui fait que ma liste d'attente de livres à lire est en train de s'augmenter à vitesse V. Le problème évoqué dans le livre de Decoin nous a longtemps obsédé avec Anne. A vrai dire il est encore très présent dans nos discussions. Lorsque nous repérons tel ou tel fait, nous cherchons le pourquoi des choses. Constater la lâcheté est une chose, rechercher le pourquoi en est une autre. Cette question me parait devoir aussi être regardée d'un point de vue sociologique. Vraiment je vais essayer de lire rapidement ce livre et d'en parler sur nos blogs. Ce débat me paraît essentiel.
    Quant à l'écrivain Didier Decoin, j'ai dû lire un ou deux de ses titres, mais il y a fort longtemps. Merci encore de nous avoir mis en appétit de lecture.

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  2. Finalement j'ai lu ce livre de Decoin et je suis resté sur ma faim. Le thème est effectivement très puissant, il nous concerne tous, qui un jour dans sa vie n'a pas été confronté à des attitudes d'indifférence, de paralysie collective ou de lâcheté dans des circonstances telles qu'une agression, des brutalités policières ou simplement en présence d'une personne en difficulté ?
    Decoin se fonde sur un fait divers survenu en 1964 à Kew Gardens dans le Queens. Mais la manière dont il traite le sujet, un peu sous forme de scénario, ne me convainc pas sur le plan littéraire. Je publie un message sur mon blog où je donne mon point de vue. A bientôt donc et merci encore de m'avoir amené à acheter et à lire ce livre.

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  3. Je n'ai pas trouvé ton commentaire sur ton blog ?
    Ce livre n'a pas de prétenteion à se poser comme une oeuvre littéraire majeure. Je ne pense pas que Decoin l'ai souhaité. Le style, assez simple, avec du rythme façon scénario, sans "effets de style" justement, place le lecteur en position de suivre un faits divers monstreux avec objectivité, tout en le montrant sous différents angles (la victime, l'assassin, les témoins, ...). Je trouve que ce style-là donne à l'histoire une véritable crédibilité ; nous voyons ces immeubles new-yorkais sous le gris-sale d'une nuit d'hiver, ces fenêtres dont les rideaux bougent à peine, ces peurs retranchées bien au chaud, ce sang qui devient rapidement noir ; nous sentons les odeurs de cette rue, nous entendons les cris étouffés de la victime dans ce hall...et tout ça m'a laissé abasourdi avec cette question (celle que pose d'ailleurs l'épouse de l'auteur du réçit) : et toi qu'aurais-tu fait ?

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