vendredi 27 mars 2009

Antonio Lobo Antunes. Et dire que je ne vous en ai toujours pas parlé !


J'ai découvert Antonio Lobo Antunes à la radio, un soir dans ma voiture, alors que j'écoutais (incidemment à l'époque) France Culture. C'était une émission en hommage à l'éditeur Christian Bourgois qui venait de mourir. On rediffusait une interview de lui. Le journaliste lui demandait quel était le souvenir qui l'avait le plus marqué dans sa carrière. Christian Bourgois dit alors que c'était le jour où l'un de ses traducteurs d'oeuvres portugaises, Pierre l'Eglise Costa, était entré dans son bureau, un livre à la main, en lui disant qu'ils venaient de rater un chef d'oeuvre. C'était "Fado Alexandrino" d'Antonio Lobo Antunes. Je notais fébrilement le titre de l'ouvrage et le nom de l'auteur dont j'ignorais l'existence quelques secondes auparavant. Pierre est un ami de mon épouse et un homme de très grande qualité et culture (ce qui n'est pas "automatique" !).
C'était un vendredi soir, et le lendemain je n'avais de cesse que de me précipiter à la Fnac pour acquérir l'ouvrage en question. Je le trouvais, mais 586 pages, ça me paraissait un peu téméraire ! J'avisais alors des livres du même auteur, mais moins "compétitifs" ; il s'agissait d'un des tomes du "livre des Chroniques". Je dévorais le livre dans le week-end et me précipitais le lundi matin pour acquérir "Fado Alexandrino" que je dévorais à son tour, mais sur plusieurs jours quand même ! Depuis, j'ai lu je crois, toutes ses Chroniques. Lobo Antunes est médecin-psychiatre, mais surtout un très grand écrivain, blessé à vie par les trois années de service militaire obligatoire passées en Agola alors qu'il n'avait pas 25 ans, qu'il était déjà marié et papa d'une petite fille. C'est un Monsieur qui a plus de 70 ans maintenant, mais qui continue à aller chaque jour à l'hôpital de Lisbonne où il a exercé, pour écrire toute la journée en s'acccordant une pause au déjeuner qu'il prend à la cantine du personnel hospitalier. Le style de Lobo Antunes est parfois déroutant, moins dans ses Chroniques que dans ses livres plus "épais" : des phrases sans ponctuation qui peuvent se dérouler sur plusieurs pages, dans lesquelles se télescopent des pensées, des dialogues, des flash-back, des diversions, à la façon d'objets hétéroclites entrainés dans le courant d'un fleuve bouillonnant. Mais c'est aussi un regard original et toujours affuté sur les personnages qui peuplent ses écrits ; une nostalgie poignante pour sa jeunesse. J'ai trébuché sur un ou deux de ces livres ; mais ils m'attendent, et un jour je vaincrai : Lobo Antunes, ça se mérite ! J'ai vraiment été beaucoup touché par ses "Entretiens" dans lesquels il livre toutes ses blessures, et notamment cet incroyable amour qu'il a eu pour la (seule ?) vraie femme de sa vie. (A suivre)

4 commentaires:

  1. Tu sais que depuis que tu m'en a parlé, j'ai ce livre dans ma bibliothèque. J'ai fait une première tentative de lecture qui s'est avérée infructueuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire. Peut-être le style ! Tu y fais allusion d'ailleurs dans ton article. Mais j'ai vraiment l'impression d'avoir abandonné trop vite le défi lancé par cet auteur. C'était peut-être la faute à l'environnement de l'époque, aux circonstances ... Qui sait ? Donc, merci de me rappeler que JE NE DOIS PAS PASSER A COTE DE LOBO ANTUNES. Je ferai une nouvelle tentative bientôt.

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  2. Peut-être faudrait-il que tu commences par "Conversations avec Lobo Antunes" que j'ai ou le livre qui rassemble toutes les lettres qu'il a échangé avec son épouse alors qu'il était en Angola ? Et ce, afin de mieux comprendre qui est cet homme fascinant. Mais peut-être aussi pourrions-nous inviter un soir au Square Littéraire Pierre l'Eglise Costa ?

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  3. Bonjour Pergame,
    Tu parles d'un livre où Lobo Antunes parle de sa femme (vraie) femme de sa vie.
    Peux-tu me dire lequel ?
    Monsieur...m'a demandé en mariage et donc le sujet m'intéresse.
    Merci beaucoup d'enlever ce message après lecture.
    Maria.

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  4. Chère Maria,
    9 ans après je vous réponds ! Pardonnez moi.
    J’espere que vous n’avez pas attendu tout ce temps pour vous procurer le livre « Lettres de la guerre ».

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