Je post ici une série de poèmes que j'avais posté sur Facebook. celui-ci date du 20 février 2020.
Poème N°50 et dernier de cette seconde série de 50 poèmes du monde entier,
"Non omnis moriar*", de la poétesse polonaise Sarah Ginzburg (Zuzanna Ginczanka de son nom de plume), arrêtée et exécutée par les nazis à Cracovie en 1945 à l'âge de 27 ans.
Tous les témoignages concordent pour la présenter comme une jeune femme d'un immense talent poétique et d'une très grande beauté.
*"Tout en moi ne mourra pas" tiré d'un ocipit d'Horace.
Non omnis moriar, il restera de moi
Mon fier domaine, les prairies de mes nappes,
Mes armoires forteresses imprenables, mes draps fins,
Mes larges draps, et mes robes, mes robes claires.
Je n’ai laissé nul héritier ici,
Que ta main donc fouille dans toutes les choses juives,
Epouse Chomin, de Lvov, vaillante femme de mouchard,
Dénonciatrice zélée, mère d’un Volksdeutsch.
Qu’elles te servent à toi, et aux tiens, non à des étrangers.
Mes très chers – ce n’est pas du vent, ce n’est pas un nom vide.
Je me souviens de vous, et vous, quand vinrent les schutzpos,
Vous aussi vous êtes souvenus de moi.
Vous le leur avez rappelé.
Que mes amis se réunissent autour d’une coupe
Qu’ils noient dans l’ivresse mes funérailles et leur opulence :
Kilims et tapisseries, vaisselle, chandeliers –
Qu’ils boivent toute la nuit et aux lueurs de l’aube
Qu’ils se mettent à chercher l’or et les pierres précieuses
Dans les canapés, les matelas, les édredons, les tapis.
Oh, quelle ardeur au travail ils auront,
Des touffes de crins de cheval et d’algues marines,
Des nuages de coussins déchirés et des nuées de plumes
S’accrocheront à leurs bras, les changeront en ailes ;
Et c’est mon sang qui au duvet tendre liera l’étoupe
Pour transmuer en anges ces créatures ailées.
(Traduit du polonais par Isabelle Macor)
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