mercredi 10 novembre 2021


Poème N°45
, "Un poème pour mon pays", du poète du Malawi Franck Chipasla, né en 1949.

Publié le 15 février 2021 sur FB

Je n'ai rien à te donner, mais ma colère
et les filaments de ma haine traversent la frontière.
Toi, tu en as tant vendus et forcés comme moi à l'exil.
Maintenant à court d'esprits précieux, tu te reposes sur
tout ce qui peut pousser pour construire ton image qui s'effrite.
Tes rues sont jonchées d'hommes menottés
et tes tambours les bruits sourds des bottes à clous des gardiens.
tu te tortilles en agonie tandis que les jumeaux terribles, Loi et Ordre,
entonnent leur air à travers l'épais tunnel des fils barbelés.
Ici, semaine après semaine, les murs se dissolvent et maigrissent,
le brouillard s'estompe et nous te voyons nu comme
un corps qui se met à rude épreuve pour se retrouver, mais n'y parvient pas,
et nos cœurs battent avec des impulsions de peur ou de désir
et nos rêves sont les chapitres carbonisés de ton histoire.
Mon Pays, souviens toi que je n'ai jamais fermé l'œil ni dormi,
Mon Pays, je n'ai jamais laissé ta vie glisser sur la mauvaise pente
je ne t'ai jamais regardé passivement te hâter de t'écraser
comme un tacot surexploité tandis que le chauffeur s'éjecte en route.
Les jours ont perdu leur chanson et leur sel
nous nous ennuyons sans nos rires et nos voix libres,
chaque jour à méditer les mêmes choses et écarter nos espoirs.
Tes jours sont bruyants, avec le cliquetis des menottes
sur les bras des hommes qu'on emmène au loin pour les laisser pourrir.
Je sais qu'un jour viendra, qui nettoiera ma douleur,
et émergera dans la nuit, réduisant tout en miettes d'une chanson
comme le soleil, balayant enfin toutes ces étoiles mauvaises.

(Traduction de l'anglais par E. Dupas)

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