Poème N°47 "Contre vents et marées" du poète haïtien René Depestre né en 1926 (94 ans).
Il s'opposa au régime des "Tontons macoutes", fut proche de Che Guevara et de Fidel Castro au régime duquel il reconnut des qualités dans son combat pour la décolonisation en Afrique ou l'abolition du racisme institutionnel à Cuba, mais dont il critiqua l'absence de liberté d'expression ce qui lui valut d'être mis à l'écart et en résidence surveillée. Il parvint à fuir l'île et s'installe à Paris en 1978. Plus tard, il se reconciliera avec Cuba, reconnaissant « des acquis sur le plan de la santé, de l’éducation, de l’émancipation des femmes", mais avouant : « C’est difficile, pour un poète, d’être un bon stalinien ».
Il a publié également des romans dont "Hadriana dans tous mes rêves" qui reçut le Prix Renaudot en 1988. Sa poésie fut couronné de plusieurs prix. Il poursuit son œuvre dans le village de Lézignan-Corbières, près de Narbonne, où il s'est installé dans les années 1980.
Je reste un virtuose de mes chagrins
quand s'abat sur mes souvenirs
le temps de la mère pluie de mon enfance
qui continue à prier pour moi :
elle unit mes vieux os à l'énigme
à tous les hommes aux femmes et à leurs enfants émerveillés
à la fumée qui protège au soleil mon ombre
dans tous les lieux-assassins sans foi ni loi
où se sont égarés mes rêves de toute la vie.
Le dernier roc où s'arc-boutent mes années
sait que la vie est bien trop courte
et trop long l'espoir en mon esprit
et trop vive dans mes racines
la mémoire des femmes-jardins
qui ont porté jadis mes flammes
sur tous les fonts baptismaux.
Publié sur FB le 17 février 2021
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