mercredi 10 novembre 2021

Enfant de salaud


« A la recherche du père perdu » pourrait être le sous-titre du roman de Sorj Chalandon, encore en lice pour le Goncourt 2021. La vérité, même la plus terrible, est certainement préférable à une litanie de mensonges quand il s’agit de l’image du père dans le regard de l’enfant. La confusion, les mensonges, les affabulations, la mystification, une mythomanie pathologique, le tout amplifié par la haine de l’autre, tels sont les « moteurs » de ce père tour à tour collaborateur, membre de la Légion tricolore, infiltré chez les FTP, au service des allemands puis des américains. Sur fond de procès Barbie, le narrateur parvient à dérouler non sans mal la bobine du film pathétique de son père. Mais rien n’est clair et ce père atrabilaire ne cessera de s’enfoncer - se réfugier ? - dans un délire paranoïaque, refusant à son fils le droit de connaître qui est, et fut, réellement son père.
On peut voir dans ce récit captivant une métaphore de notre époque complexe, confuse, dans laquelle le mensonge s’érige en vertu banale, dans laquelle la vérité est morte (par analogie avec le déicide de Nietzsche), assaillie par le réveil des pires tentations. 
Pour toutes ces raisons, ce roman ferait un excellent Goncourt.

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