dimanche 18 janvier 2009

Uncle Bernie


Madoff, Bernard Madoff, « Bernie » voire « uncle Bernie » pour les plus familiers : le papi auteur de la plus grande escroquerie bancaire (révélée) à ce jour ; l’envie me démange d’écrire quelques mots sur l’individu.
Un « dossier spécial Madoff » dans Le Monde de ce week-end me titille « trop ». D’abord, lire ce dossier est un régal autant qu’une satisfaction personnelle. Je m’explique sur ce dernier point avant de développer le premier : je constate qu’un type comme moi, qui ne peut se prévaloir d’une quelconque compétence en matière de finance (tous mes amis peuvent vous le confirmer), dispose d’autant de bon sens que l’analyste américain des marchés qui dit : « Il est impossible de maintenir le même rendement (11% moyen NDR) pendant des années alors que les marchés évoluent quotidiennement. » Mes archives bloggestes peuvent attester de mon expertise.
2) Un régal
Je ne vais pas me réjouir du malheur des autres ; dans cette funeste affaire, certains laisseront peut-être leur vie en gage - ou leur vie tout court, ce qui est la même chose – (plusieurs se sont déjà suicidés), et un bon nombre de « pigeons » se dégarniront de leur plumage.
Bon, mais tout de même : dès 1999, un dénommé Harry Markopolos alertait les autorités de surveillance des marchés (la fameuse « SEC ») sur le fait qu’il avait tout compris de l’arnaque Madoff ; en 2005, il publie un document de 19 pages dont le titre est « Le plus grand fond spéculatif du monde est une fraude », dans lequel il suppose 2 scénarios dont, celui qu’il considère le plus probable, à savoir qu’il s’agit de la plus grande chaine de Ponzi du monde. Rien n’y fait : la SEC reste sèche ! Vous rigolez de ce jeu de mots, mais vous avez tort : dans tout ce bazar, les mots sont importants, et un peu plus d’attention à cet élément subjectif aurait peut être permis de démasquer l’escroquerie avant qu’elle n’atteigne les proportions dantesques que l’on connaît. Mais s’agit-il d’une escroquerie ou d’une bonne blague ?
En effet, arrêtons-nous un instant sur le nom de famille de uncle Bernie : « Madoff », ce qui signifie « hors de la folie » ; n’importe quel gusse qui va pour placer quelques centaines de millions de dollars - et surtout s’il est anglophone – doit être interpelé par ce patronyme et le fait qu’il peut s’agir d’un nom de scène doit lui venir à l’esprit ; « Madoff » et pourquoi pas « Securities » ? (remarquez, uncle Bernie avait quand même laissé quelques indices puisque son fond se dénommait « BMIS » avec « S » comme « Securities »). Vous confier votre argent à la banque « Sans souci », vous, ou à la banque «Confiance » ? Non, de toute façon, le mot « confiance » est un gros mot aujourd’hui !
Et ce Markopolos, vous croyez pas que ce type, pour qu’il ait un peu plus de crédibilité n’aurait pas pu porter un autre nom ? Ca fait pas sérieux ce métissage entre un aventurier spaghetti et un armateur grec ! Ca sent le Rastapopoulos ; comment voulez-vous que les types de la SEC s’y retrouvent ? OK, ça fleur bon l’exotisme et le vermicelle, Venise et l’empire du milieu, mais on est dans le sérieux avec la SEC et quand vous prétendez vouloir emmerder tout le monde avec un rapport démontrant par A+B qu’un papi, ex maître nageur, est en train de berner tout le monde (tiens : « Bernie », vous croyez que c’est une autre coïncidence ?) - et sans doute vous d’ailleurs, en tant que membre de la SEC qui avait placé votre pognon afin que ça « crache » un 11% dodu et que vous avez prévu d’aller au club Med à Haiwaï cet été avec les intérêts de votre compte Madoff - vous pensez pas que ce serait mieux de vous appeler comme tout le monde : Tapie, par exemple ?
Et « SEC » vous croyez que c’est un nom pour une assemblée de banquiers ? Ca fait pas riche ! Question : « Vous travaillez où ? » Réponse : « Je travaille à Sec. »
Moi je ne peux pas croire que cet « uncle Bernie » soit l’arnaqueur du siècle. On le voit en gros plan en page 15 du monde. Il s’extrait d’une foule d’admirateurs, suivi de près par une jeune et jolie asiatique (son assistante ?) ; il porte une veste de bonne coupe, matelassée, une casquette arborant (probablement) le sigle d’Emmaus (ou d’ « Action contre la faim ») qui lui cache un peu le regard ; quelques mèches argentées mi-longues ourlent délicatement le haut de son oreille et un petit sourire malicieux de papi-gâteau lui modèle de jolies petites faussettes. On sent l'homme de gout : ni Rolex ni Ray-ban ! Il n’y a pas besoin d’avoir fait 5 ans de psycho-morphologie pour savoir que ce type est plutôt de la trempe des héros de l’Amérique. Il a d’ailleurs un petit air « merci les potes, mais je préfère rester discret ; bien sûr je viens de poser un Airbus 320 sur l’Hudson, mais on va pas en faire tout un plat », ou bien « vous avez vu ? ils ont cru que le papi était fini : et bien je leur ai quand même mis 5 sous le par ! ».
Uncle Bernie va tout révéler à la CIA : il avait fait un pari avec des anciens de l’amicale des maîtres-nageurs du Queen’s, comme quoi il passerait à la télé. Et il nous a bien eu ! En fait il ne s’appelle pas Bernard Madoff, mais plus probablement Robert Fockyouser !

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