dimanche 11 janvier 2009

Et pourquoi pas le mien ? (de crâne)



François Fillon a tranché : le crâne du philosophe René Descartes restera au Musée de l'Homme, avec ses potes (un australopithèque et le moulage du crâne d'un footballeur ; quel télescopage !),et n'ira donc pas au Prytanée Militaire de La Flèche qui en revendiquait l'exposition au prétexte que l'illustre philosophe avait été pensionnaire pendant 8 ans entre ses murs, à l'époque jésuites, bien avant que le goupillon ne le cédât au sabre.
Qu'à cela ne tienne : je suis prêt à proposer mon organe, et sacrifier mon intégrité post-mortem en substituant mon pariétal et ses voisins anatomiques au vénérable ossuaire cartésien. Il faut raison garder en la circonstance : il ne s’agit après tout que d’accepter d’exposer une partie de son squelette, vraisemblablement la plus noble, sur les bords du Loir, au pays des rillettes et du Vert Galant ! Bien entendu, et sans fausse modestie abusive, je dois convenir que je suis à l’heure actuelle un peu moins illustre que mon honorable ancien (bien que la messe ne soit pas totalement dite, et que je dispose, je l'espère, d'un peu de répit pour atteindre une quelconque - et néanmoins improbable - postérité !). Avec l'auteur du Discours de la Méthode, la seule chose avérée que nous ayons en commun, c’est d’avoir usé nos fonds de culottes respectives pendant de trop longues années, en un même lieu : sensiblement sous …degré de longitude Ouest et … degré de latitude Nord (je ne connais pas par cœur les coordonnées topo de cette sous-préfécture du 72). Une autre chose est certaine, c’est que je suis autrement plus sympathique qu’un René la Science qui, parce qu’il avait des insomnies liées à un transit intestinal défectueux –les historiens sont unanimes -, est parvenu à faire chier des générations de potaches avec ses grandes théories fumeuses, et qui plus est, à dresser des dynasties de premiers de la classe prétentieux qui vous rabattent les oreilles avec la question de la Méthode, la logique binaire ou le raisonnement analytique et ne sont même pas capable d’anticiper l’évidence, faute d’avoir inscrit dans leur programme génétique les mots rêve, poésie et humanité, l’évidence que l’Homme, configuré selon les préceptes du triste René, est le plus redoutable engin de destruction massive que l’histoire est jamais engendré.
Tout ça pour dire que mon crâne, même s’il ne jauge qu’un timide 58, pourrait être considéré avec attention par les membres dépités de l’association de soutien au rapatriement de la boîte cartésienne. Je propose donc de lancer sur le web une pétition pour le rapatriement (s’il vous plait après ma mort !) de mon crâne à La Flèche ; le reste de mon corps de rêve devant appartenir à la terre insulaire de Bréhat, comme chacun sait. Parallèlement à cette pétition, j’engage les signataires à souscrire massivement à la Fondation pour l’exposition du réceptacle de ma cervelle. J’envisage en effet, si ces types du Prytanée ont un peu de suite dans les idées, de soumettre ma venue partielle à la condition expresse d’être exposé dans une boîte de verre, sur l’autel baroque de la chapelle royale, en vis-à-vis du cœur d’Henri IV, qui se trouve bien seul depuis près de 4 siècles. Si la générosité devait être au rendez-vous, il serait convenable de réserver un peu de crédit au montage d’un petit son et image truculent, où l’on verrait mis en scène, sous le regard intraitable de mes orbites aveugles, les frasques croustillantes du bon roi Henri.
Je gage que ce spectacle raffiné réjouisse plus d’un touriste égaré qui s’obligeait à visiter les ores d’une église baroque estampillée trois étoiles. Là, je délire…
Nota : je ne connais rien à Descartes, et c’était juste pour causer !... Et voilà, pour se rafraîchir la mémoire (extrait de Wikipédia)et pour reconnaître que je suis très injuste avec mon pote René :


René Descartes, né le 31 mars 1596 à La Haye en Touraine, aujourd'hui dénommée Descartes, et mort à Stockholm dans le glacial palais royal de Suède le 11 février 1650, est un mathématicien, physicien et philosophe français. Plus qu'un penseur scientifique, cet observateur singulier en son temps, contemporain de Poussin, est considéré comme l'un des fondateurs de la philosophie moderne.

Sa méthode, exposée à partir de 1637 dans le Discours de la méthode, et développée par la suite, affirme constamment une rupture par rapport à la scolastique enseignée dans l'université, quitte à stigmatiser la méfiance ou la haine de courants pédagogiques : la réflexion cartésienne est devenue essentiellement rationaliste, alors qu'elle est d'abord une découverte de la liberté, intimement liée à la joie de penser et de modéliser à partir de l'entité simple, de l'élément connu en usant d'un supposé bon sens partagé par tous. La démarche est libérée de la contrainte du livre et de la référence savante. Construite sur le doute et l'observation, la méthode apporte joie et liberté au penseur Descartes. Le "je pense donc je suis" qui en est l'âme est aussi sa définition personnelle de l'âme.

En usant de la raison seule dans l'étude des phénomènes, Descartes fait figure d'apôtre de la modélisation scientifique. L'analyse ou anatomie minutieuse débouche sur une reconstruction, un véritable "comment ça marche", voire une cosmogonie palpitante. En dissociant la matière ou le corps machine de l'âme ou de la vie de l'esprit, le cavalier Descartes fonde une nouvelle métaphysique radicalement différente de l'ancienne qu'il fracasse, la charge ouvre notamment la voie à des penseurs de la morale, à un Malebranche et à pléthore de spécialistes des animaux-machines à l'époque des Lumières, ainsi qu'un surprenant christianisme épiscopal cartésien ou à des religions naturelles que sont le déisme et le théisme. Le méticuleux Spinoza qui a lu Descartes a pris ses distances.

L'évolution philosophique s'inscrit apparemment en prudente réaction au procès de Galilée qu'il soutient dès 1633, mais plus sûrement dans une quête des racines qu'il pense métaphysiques de l'arbre-tronc physique. Descartes a une influence considérable sur la pensée scientifique et religieuse, principalement en France et par conséquent dans l'Europe savante. L'impact cartésien concerne des questions théologiques et des ordonnances de gestion pratiques, de l'âme chrétienne jusqu'à l'arpentage en mille-carré du Nouveau Monde. On ne peut pourtant attribuer à Descartes l'entière paternité de la philosophie moderne, ni même de la variante cartésienne puisque ce sage jugeait nuisible un quelconque usage ou imposition politique de la philosophie.

4 commentaires:

  1. Je dois te faire un aveu, je suis un admirateur inconditionnel de Descartes. Son "cogito ergo sum", c'est très fort, car cela pose comme principe que l'homme se suffit à lui-même. Les références au divin dans les Méditations ne sont là que pour masquer toutes les conséquences de ce que peut être l'homme sans dieu. C'est ma conviction. C'est un peu comme si Descartes avait eu peur de sa propre découverte.
    Contrairement à ce qu'on croit, je ne suis pas certain que Descartes soit un hyper-rationaliste. Je pense en effet que dans le "cogito ergo sum", l"ergo" ne joue aucun rôle. Au départ, il n'y a selon moi que l'évidence de l'intuition "je pense, je suis". Ca change tout ! Le fondement de la méthode n'est plus un raisonnement, mais bien une intuition !
    Et c'est à mon avis cette intuition qui fait toute la grandeur de l'homme moderne. (Je sens qu'on va en revenir à Adam et Eve). L'intelligence intuitive, quelle belle idée, n'est-ce pas ?
    Puis-je conseiller aux lecteurs de ton blog ce livre de Dimitri Davidenko "Descartes le scandaleux" paru chez Robert Laffont en mars 1988. L'homme nous est présenté certes comme un philosophe, mais aussi comme un homme libre, un marginal. C'était aussi un homme plein de sève (sic) qui aimait le jeu, la ripaille, le vin et l'amour. Un libertin , un bretteur, un homme de guerre. Un aventurier sans cesse sur les routes, un mondain, enfin un amant redouté des hommes, aimé des femmes : la Princesse Palatine, la reine Christine de Suède et combien d'autres l'ont bien connu, bref... un pur produit des Jésuites !

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  2. Bien entendu, et même si je ne suis pas un ancien de cette prestigieuse institution militaire, je ne peux que soutenir ta proposition. Elle pose néanmoins un problème grave d'ubiquité ou de décapitation post mortem. Je trouve cela très triste, voire déchirant! Il te faudra peut-être faire un choix pour trancher ce dilemne cornélien entre un éternel repos marin et un royal compagnonnage cardiaque !

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  3. Je pense en te lisant à un type que j'ai croisé jadis, d'une intelligence remarquable, équipé d'un brillant CV (ENS Ulm en Lettre) et qui m'avais fait une réponse à une de mes célébrations de l'intelligence intuitive ; il faudrait que je retrouve précisément ces mots, mais c'était quelque chose comme : si l'intelligence devait se réduire à l'intuition, elle ne serait plus qu'une approximation. Je pense que c'était + fort, je retrouverai. Je vais me procurer ce "Descartes le scandaleux" au pas de course qui semble ouvrir un champ de promesses aptes à nous faire oublier l'"Annus Horribilis".
    Concernant ton 2nd commentaire, je trouve extraordinaire de parvenir enfin à dompter l'ubiquité ! C'est l'apanage des grands hommes ou des saints dont ont fabrique des reliques à tour de bras !
    Enfin, quelque chose qui n'a rien à voir : as-tu lu l'édito de Fottorino ds Le Monde de vendredi ? Formidable.

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  4. Non, je n'ai pas lu, mais je vais me le procurer (Le Monde).
    Sur l'intelligence intuitive, il y a une littérature mais essentiellement centrée sur le management.
    L'idéal consisterait à combiner intuition et raison. Exactement comme l'a fait René.

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