mercredi 15 février 2012

Le TGI de Paris (enfin) dévoilé !

Nous avions la Très Grande Bibliothèque (TGB), le Train à Grande Vitesse (TGV), les Lignes à Grande Vitesse (LGV), le Grand Paris (GP) ; nous avons désormais le TGI de Paris qui, comme son abréviation ne l'indique pas, n'est pas le Tram à Grande Innovation ou le Très Grand Inquisiteur, mais simplement le Tribunal de Grande Instance (de Paris).
Sa silhouette en forme de gradins va dans quelques années prendre place dans le Skyline parisien du futur aux côtés des inamovibles (Tour Eiffel, Tour Montparnasse) et des possibles (Tour Triangle, B3a et Hermitages).
L'exercice était complexe : une tour qui n'en soit pas vraiment une, un bâtiment pour le public et un pour les magistrats tout en gardant une cohérence à l'ensemble, un site à Paris mais un positionnement qui ne soit pas vécu comme un dos tourné vis-à-vis de la banlieue, un geste architectural mais sans ostentation, l'appel à la modernité mais une certaine intemporalité également, solennité et humanité, ...



La proposition de Renzo Piano, qui parvient à résoudre cette quadrature du cercle, est d'une intelligence remarquable ; elle donne vraiment corps à un mythe : celui de la ville verticale, mais avec mesure, équilibre et humanisme. Le dessin ne cède à aucune des facilités que la société du spectacle impose trop souvent à l'architecture : débordements de végétation verticale, colorations excessives et autres déhanchements. C'est une architecture sérieuse qui vient rappeler qu'un bâtiment de la République est d'abord un outil de travail, respectueux d'un site, pensé pour les utilisateurs avant les magazines spécialisés...
L'exposition qui se tient actuellement dans les locaux du Palais de Justice de Paris est tout à la fois d'une très grande richesse et d'une grande modestie. Elle fourmille de détails constructifs, de dessins, de croquis. Elle ne s'égare pas dans le jargonnage pédant. En bref, elle honore le monde de la conception (architectes et ingénieurs) et celui de la construction (entreprises). Elle témoigne de la qualité du dialogue entre art et technique.
Un petit texte imprimé sur le haut d'un panneau rappelle qu'un tel projet est bien entendu imparfait et qu'un certain nombres de choses doivent encore être mises au point.
Le talent particulier d'un grand architecte est de savoir enrichir son projet jusqu'au terme de sa réalisation.
On peut faire confiance à Renzo Piano pour qu'il en soit ainsi.

1 commentaire:

  1. Article qui m'a particulièrement intéressé, bravo! Je suis allé ensuite sur le site du Ministère de la Justice voir le dossier de presse et la brochure de présentation du futur palais, c'est tout à fait remarquable.
    La question qu'on peut se poser, mais qui ne concerne absolument pas l'architecte, est-il judicieux d'investir dans des symboles de la centralisation et de la concentration du pouvoir, aujourd'hui, alors que l'ensembler de l'administration judiciaire manque cruellement de crédit. Nous avons des amis magistrats qui n'en peuvent plus de gérer la pénurie.

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