samedi 18 février 2012

Cette année je me prends au mot et j'écris ! (7)




Aujourd'hui le Post-it dit ceci :
" C'est l'histoire de Plume et de Crayon qui allaient écrire un livre ensemble, mais ne le savaient pas encore." Charlie
Pour les orbites cruelles qui prendraient Everybody Knows juste maintenant (je vous en prie... pas de pensées incorrectes !), l'exercice consiste, à partir d'un Post-it extrait d'un minuscule opuscule en contenant 48 dont le titre est "Cette année.....", de broder quelques mots. Nous en sommes donc à l'exercice 7.
En classes primaires, nous écrivions avec des plumes Sergent Major que nous trempions dans l'encre bleu marine des encriers de porcelaine blanche encastrés dans les tables de bois scarifié de nos pupitres d'écolier. Tour à tour, nous étions en charge de remplir d'encre les minuscules orifices. L'opération s'effectuait tous les deux ou trois jours, le matin, un peu avant que la sonnerie retentisse qui convoquait les élèves à s'aligner sur deux rangs, face au porche d'entrée des classes. Il s'agissait d'une pension de curés. Le maître, immense et sec, sanglé dans une blouse grise, observait avec autorité sous la marquise de verre armé, la manœuvre brouillonne des gamins. Dans la journée, de mauvais bougres s'employaient à introduire dans les encriers des premiers de la classe - forcément des fayots - des boulettes de papier buvard. Ainsi se rétablissait un certain équilibre des chances dans les travaux d'écriture : les futurs cranes d’œufs régalaient leurs cahiers de superbes pâtés comme pouvaient le faire les cancres, avec une facilité équivalente, mais moins de naturel, bien entendu.
Avez-vous déjà vu une plume de cigogne ? C'est une chose incroyable ; elle vous fait immédiatement penser à un ange.


Il serait possible d'écrire encore longtemps - mais ne serait-ce pas ennuyeux ? - sur la pension de curés. Les dortoirs avec les alignements de lits métalliques. Les lavabos comme de grandes auges. Les repas pris dans un silence perturbé seulement par le bruit imbécile des couverts qui raclent les assiettes et la voix d'un élève, perché sur une chaise au milieu de la cantine, lisant les aventures de Bob Morane. Les coups de règles sur les doigts. Les mercredi après-midi Walt Disney avec, en apothéose, les aventures de Zorro sur un écran de télé en noir et blanc posé sur le bureau du maître. Les vespasiennes dans la cour. Le grincement sinistre des trains de banlieue sur les voies toutes proches. Le gymnase en brique et métal du fond de la cour où venaient s'entrainer régulièrement le soir de jeunes gymnastes aux corps fragiles que nous espionnions en secret par une fissure dans le mur. etc. etc.
Il serait possible également d'écrire sur les plumes de cigogne.

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