lundi 8 novembre 2010

Ravel


Cette petite histoire des dix dernières années de la vie du compositeur du Boléro constitue l'une des trois pièces de l'exercice que s'est imposé Jean Echenoz en écrivant sur trois personnages aussi différents que Zatopeck dans "Courir", qui ouvre le triptyque, Ravel dans le roman éponyme, et l'ingénieur NiKola Tesla dans "Des éclairs", qui vient de paraître.
Dans "Ravel", le personnage n'est pas un héros, un surdoué de la musique. Bien entendu il voyage dans le monde entier dans des cabines ou des wagons de première classe, il a certaines manies de star - plus de dandy maniaque d'ailleurs - mais c'est plutôt le quotidien d'un homme à la santé fragile, incertain, paresseux, déprimé, qu'Echenoz décrit. Les foules l'honorent et lui souhaiterait parvenir simplement à dormir plusieurs heures d'affilée la nuit !
Echenoz adopte un style très simple à l'image des petites choses de la vie avec lesquelles il compose l'univers d'un des plus grands compositeurs du début du 20ème siècle.
Très affaibli physiquement, mais surtout mentalement, Ravel à cette ultime révolte teintée de désespoir quand, sa gouvernante tentant de le réconforter en lui affirmant que "même s'il ne peut plus rien produire, son œuvre est là. Son œuvre est accomplie (...) elle est nombreuse et magnifique.", il lui dit "Mais comment pouvez-vous dire ça ? (...) Je n'ai rien écrit, je ne laisse rien, je n'ai rien dit de ce que je voulais dire."
Quelques jours plus tard il devait mourir après avoir subi une opération au cerveau. Il avait 62 ans.

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