Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
dimanche 7 novembre 2010
Installation d'Ai Weiwei à la Tate Modern de Londres
Imaginez que vous découvrez d'une passerelle un peu en surplomb, une étendue d'environ 50m de long et 20m de large constituée d'une multitude de petits granulats de quelques centimètres de longueur (3 ou 4), de couleur uniforme, parfaitement étalée sur le sol de l'ancienne salle des machines d'une usine électrique reconvertie en musée d'art contemporain, et vous aurez une idée de ce que le visiteur découvre en pénétrant dans la grande nef de la Tate Modern. Il s'agit d'une installation gigantesque de l'artiste chinois Aï Weiwei qui est constituée de plus de 100 millions de petits objets de céramique oblongs, sur la surface desquels des villageois chinois on peint des bandes noires imitant l'aspect des graines de tournesol.
Vu de loin, ce champ de "granulats" ne peut laisser imaginer que chaque élément est différent, qu'il a nécessité une attention particulière dans sa décoration ; bref qu'il est unique.
L'artiste explique qu'il a voulu travailler sur plusieurs thèmes :
- celui de la multitude constituée d'êtres chacun différents (métaphore de l'humanité)
- le nombre car il s'agit d'une image de la Chine avec son milliard de chinois, insaisissable, "tous identiques"
- l'artisanat (le processus de fabrication de ces éléments de céramique est extrêmement artisanal) et l'image que l'on a de la Chine : objets produits en masse, standardisés, de manière industrielle
- l'évocation du tournesol, plante singulière que Mao incorporait fréquemment dans le fond des portraits à son effigie
- la relation entre des paysans du fin fond de la campagne chinoise et un public occidental dont la vie et les références sont très éloignées
L'art en général a une fonction de représentation et, en particulier pour l'art contemporain, une fonction de réflexion, d'interrogation supplémentaire qui prend en quelque sorte la place réservée à la figuration dans les œuvres du passé.
Mais il serait faux de dire que l'art figuratif n'interroge pas et que sa représentation se suffit à elle-même. Les artistes d'hier n'ont jamais cessé de glisser dans leurs œuvres des secrets, des codes ou des énigmes. A l'inverse, on ne peut réduire l'art contemporain (et en particulier l'abstraction) à un questionnement et un processus mental.
Il est donc tout à fait possible d'avoir des émotions aussi fortes devant "La ronde de nuit de Rembrandt" ou devant un Rothko ; il n'y a pas d'incompatibilité.
Une autre œuvre de Weiwei vue à Venise en 2008 :
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Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJe ne connais pas Weiwei, mais j'aime bien que la création artistique aille au bout des choses. Nous avons trop tendance à nous censurer nous-même - Pourquoi ? Pour plaire... à... ? Ah si la censure personnelle n'existait pas ! Vive l'acensure personnelle !
RépondreSupprimerOuais la Modern Tate une autre manière d'environner l'art !
Dans le mot environnement, il y a envie !
(Le premier message a été effacé pour cause de "phôt de phrapp")