vendredi 25 décembre 2009

Cigogne de Chenaud. Mobilisation générale !


Vous me direz qu'il y a des causes plus nobles, plus utiles et moins confidentielles que celle consistant à appeler au sauvetage et à la conservation de la cigogne de Chenaud. Mais enfin, si elle devait disparaitre, que resterait-il de poésie à ce petit village des confins de la Dordogne et de la Charente, déjà bien amoché par l'exode rurale, la fermeture du bureau de Poste et celle de l'école communale ? De la cigogne, ses origines, son géniteur, on ne sait pas grand chose. Il est probable qu'elle est arrivé avec un contingent d'alsaciens, exilés de début de la 2ème guerre mondiale, ou bien peut-être avant. Pour ma part, depuis plus de 30 ans que je connais Chenaud, je  l'ai toujours vue au même endroit.  Cet été, elle était encore superbe, droite, indifférente aux trafics des promeneurs ou des véhicules qui passaient souvent sans la remarquer, tant elle avait su, discrète avec le temps, se fondre dans le crépi blanc de la maison d'angle où elle avait élu domicile. Avec les ans, ses couleurs s'étaient un peu ternies, bien sûr, mais elle gardait toujours une silhouette de jeune première et une certaine élégance. Et puis, tout récemment, un camion sans doute un peu trop grand, sans doute un peu trop large, a frôlé l'angle de la maison de trop près si bien que la cigogne a été percutée et arrachée de son appui. Elle git maintenant à l'horizontal, immobile et abandonnée, décorée par une main méchante ou bien par le hasard, d'une pelote dérisoire de trois ou quatre bouts de rubans colorés.
J'ai décidé que cette cigogne minérale devait être remise en état et à nouveau scellée sur le haut de la porte de bois où un inconnu, un jour sans date, il y a tellement longtemps que l'on risque aujourd'hui de ne plus en avoir la mémoire, l'a placée avec attention, sous le crénelage de la triple rangée de génoise qui vient lui apporter une ombre imaginaire aux heures chaudes de l'été.
A suivre !

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