Ci-dessous, un double hommage. A nos amis, Anne et Gérard, qui fêtaient hier soir leur trente années de vie commune dans les caves de Saint-Germain des Prés (génial) et à l'inspirateur-conspirateur Léo Ferré. J'ai tenté une libre adaptation de cette sublime chanson "La mémoire et la mer" que je soumets, comme toujours, à vos orbites cruelles.
J'y ai respecté le nombre de vers (80) et l'octosyllabisme... à défaut du talent !
Trente ans, tu l’as dans le cœur
Qui te remonte comme un livre ;
Tu vis de ton tendre bonheur,
De ton enfance et tu t’enivres.
Un blog, ça dépend comment
On l’épuise chaque jour de caresses ;
Il pleure ton cathodique écran
Des abîmes écrits et t'en laisse.
Tu es le fantôme Saint-Cloud,
Celui qui vient les soirs fébriles
Nous jeter des phrases en voyou
Et bloguer des images mobiles.
Comme le grill parfait d’un mois d’aout
Où cuisaient des sardines amères ;
Celles dont les chairs se ragoûtent
Avec les doigts et sans manière.
Rappelle-toi ce Panama de mer
Que je portais sans gondole,
Qui s’envolait dans le courant d’air
Par-dessus les bourgeoises carrioles.
Tu en rêvais, vieux, jour et nuit
Avec sa silhouette magique,
Quand il évite les parapluies
Du grésil qui nous panique.
Souviens-toi des soirs de Bréhat,
Le rose des rochers sur l'écume
Depuis la tour aux créneaux ras
Au raz des grèves d’amertume.
Ö parfum des années perdues,
Ö souvenir des solitudes,
Ton enfance dès lors n’est plus
Qu'un regret reclus d’habitudes.
Et ton épouse des soirs conquis
Avec son espiègle frimousse
Et le gratin de spaghettis
Dans le plat géant de couscous.
Reviens parmesan thermidor
Reviens olives des olivades
Régaler le conquistador
Et l’abreuver de rigolades
Ö parfum rare des algues fières
Exaltation des exilés
Quand t'allais nu sous la guêpière,
Ton blog beuglant sans hésiter,
Dans le désordre de ton rut
Froissé des délices coquines
Tu voyais un rêve occiput,
Et moi algue verte, ton spleen.
Le maquillage des impostures
Sur l’écran lisse du computeur
Les mots vains assoiffés d’allure
Comme les cravates des traders.
Dieux cybernétiques, pitié
Pour leur décadentes parures
Quand le doigt glisse sur le clavier
Avec innocence et sans censure.
Et tu voyais se compressant
Comme on pressent une rupture
Entre les lignes traitant du Gland
Et que les images capturent.
Une rhétorique de figurants,
Dans cette nuit jamais étale
D'où surgissent en sinistres mendiants
Des hallucinations brutales.
Cette rumeur qui s’amplifie
Sous le regard des camarades
Ces heures qui nous lient entre amis
Ces mains jouissantes qui paradent
Sur l’ombre du temps qui s’enfuit,
Comme blessé des conquêtes blêmes
Comme le temps qui prend une vie
À consolider ceux qui s’aiment.
Et sous le front tatoué d’orage
S'en vient battre comme une sève
Cette chaleur que l’on partage
Dans cette pièce, aux musiques brèves.
C'est là, sous le pavé la plage
C’est là, la tendresse infinie
De deux êtres qui partagent un rêve
Comme la mémoire et la vie.
Nous nous sommes permis de porter en notre blog éphémère ce beau poème qui vient droit du coeur et qui va droit à nos coeurs.
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