mardi 1 décembre 2009

Equerre d'argent 2010 (suite)


Tout faux ! Le lauréat est Bernard Desmoulin pour le conservatoire LEO-DELIBES de Clichy le Garenne. J'ai eu l'occasion de visiter ce bâtiment il y a quelques mois. La modénature de sa façade coté rue est précise, d'une élégance un peu (volontairement ?) austère qui n'aurait rien perdu (c'est mon avis) à abriter quelques "évènements" supplémentaires. Mais Bernard Desmoulin aime à souligner la "retenue" qu'il a érigée en principe dans son bâtiment.
L'espace d'accueil ne m'avait pas convaincu : sa dimension réduite par rapport à l'ouvrage (et peut-être sa fonction ?), la combinaison intrigante des plans obliques (plafond) et des verticaux, le traitement des parements en béton brut avec les empreintes des coffrages en planchettes de bois que j'apprécie en d'autres circonstances (plus de volumes, plus de surfaces ?) m'a laissé sur ma faim, et l'escalier un peu raide qui part sur la gauche : retenue, encore ?
Nous avons visité l'intérieur ; certaines salles de répétition très modulables, avec des astuces de reconfiguration simples et fonctionnelles.
L'utilisateur semblait "enchanté" par son nouvel outil de travail.
La nuit, les circulations éclairées derrière la grande (80 m) façade vitrée sombre affichant avec une certaine force la plastique sérielle de ces immenses poteaux d'acier noirs, donnent au bâtiment un tout autre aspect, moins sévère, animé, vivant.

Parole à l'architecte :

Ce projet conjugue deux idées qui s’enrichissent mutuellement :

- Celle d’une approche « théâtrale ». Un conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique est un équipement exceptionnel dont la mission culturelle doit s’afficher.

- Une approche urbaine. (...) Entre un axe de circulation bruyant, une station de métro (ligne 13) en sous-sol et une école qu’il importe de préserver de toute perturbation, le conservatoire articule deux milieux. Tempérant les contraintes acoustiques de l’un, il instaure avec l’autre une relation environnementale.

(...) Son enveloppe constituée d’une série de poteaux en acier, crée un effet grille qui le ferme de l’extérieur et l’ouvre, depuis l’intérieur, grandement sur la ville. Posé sur une trame de ressorts, c’est un long navire de béton (dimensions de la Caravelle de Colomb), qui s’affranchit des nuisances de la ville et des vibrations du Métro.
(...)

Ces salles se développent sur 4 niveaux, tous distribués par un large foyer ouvert en « v » sur la rue Martre. Cette double peau, bouclier acoustique et thermique théâtralise les circulations. Sa grille structurelle qui supporte la façade, lui donne l’image d’un équipement vivant et lumineux, préservant l’intimité de ses salles.
(...)

Les circulations, très généreuses, conçues pour multiplier les perspectives bénéficient toutes de lumière naturelle. Elles deviennent de vrais espaces, des lieux privilégiés rappelant qu’un conservatoire est un lieu de vie, d’échange et de rencontres.

Le programme est constitué de 34 salles dédiées à la pratique musicale, théâtrale et chorégraphique. Il comprend également un auditorium de 230 places ainsi qu’une salle d’art dramatique et un salle de répétition indépendante.

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