mercredi 19 juin 2024

Ce matin au kiosque 33 - Rivarol, « Ça pourrait être pire ! »

A quoi ressemble un lecteur de Rivarol, journal d’extrême-droite, raciste, complotiste, islamophobe et antisémite ? A rien de particulier : cheveux courts (sans crâne rasé), visage régulier, taille moyenne, vêtements banals style vieille famille versaillaise (un côté un peu mili en « pékin » ? Ancien scout d’Europe ?). Une trentaine d’années ; peut-être une petite quarantaine ? Voila : c’est l’allure du gars qui vient chercher son Rivarol chaque semaine au kiosque de Bécon. Tout simplement.

Il passe un certain temps à considérer les couvertures des magazines qui sont sur le présentoir, sans émotions particulières. Il en feuillette même quelques uns. Ça lui prend bien 10 minutes d’une sorte d’expectative. Puis, il s’approche de la caisse - mais pas trop près - lâche un bonjour timide en regardant ses chaussures (normales elles aussi). Il donne l’impression d’un type gêné de vous annoncer qu’il vient d’écraser votre animal de compagnie préféré. Mieux peut-être : l’allure du type qui n’ose pas demander la revue porno qui est planquée derrière le kiosquier.

Jean-Michel connaît ce client et lui a préparé son torchon. Je me fais des idées ou ledit torchon est plié de telle façon que son titre soit caché ? L’échange se fait assez discrètement et l’homme s’en va comme en catimini. Mais peut-être est-ce un homme timide, discret. Est-il possible qu’il défile en hurlant sa haine des « bougnoules » au milieu d’un ramassis de fachos, rue de Rivoli ? Pourquoi j’imagine toujours que ces types-là ont des têtes patibulaires de brutes épaisses ?

Jean-Michel profite de ma présence pour s’en griller une petite dehors. Un petit papi, la face rayonnante, nous salue. Me demande comment ça va. « Ça pourrait être pire ! », je lui réponds. « Le pire est à venir ! » du tac-au-tac et il s’en repart. 

Les habitués n’ont pas encore pris possession des tables. Je dois m’en aller « me faire rafraîchir les douilles chez le merlan ». Au fait : savez-vous pourquoi on surnomme le coiffeur le « «merlan » ? Jadis les coiffeurs-perruquiers usaient du talc pour leurs exercices de coiffure, et les clients s’en prenaient plein sur le visage. Vous avez remarqué comme moi que Macron se laissait pousser les douilles ? Un peu à la manière de Mitterand du temps du programme commun. Croyez-vous qu’il s’agisse de la recommandation finale d’un rapport de McKinsey ?

Me voilà de retour de chez mon coiffeur préféré, Jean-Marie, un amateur d’art contemporain et de design. Il va aller passer 3 nuits à Venise pour la biennale d’art. Un esthète curieux avec lequel nous échangeons des recommandations de visite, chacun dans son domaine de prédilection. Il m’informe qu’il a aperçu récemment Jean Nouvel traverser la rue ; ça n’avait pas l’air d’aller fort.

Quand je reviens au kiosque vers 11h, quelques habitués sont là. Je suis accueilli avec beaucoup de sympathie. Martine me lance un « bonjour Claude » et Philippe, son mari : « enfin de retour ! ». Je n’ai hélas pas le temps de rester un peu avec eux. Ce sera pour demain ou après-demain.

Cet après-midi, j’irai faire un tour du côté de St Sulpice où se tient « Le marché de la poésie ». D’ordinaire, nous ne sommes jamais sur Paris à ces dates. Je vais aller « humer » ce que poesie signifie aujourd’hui.

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