jeudi 11 mars 2010

Littérature et architecture


Après Parent, ce fut le tour de Paul Andreu, "l'architecte des aérogares", de s'exercer à débattre des relations entre littérature et architecture. Tout ça se passe dans le grand amphi de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine. Nous sommes une trentaine à tout casser. Il y a quelque chose de triste dans cet alignement de fauteuils vides. Face à Andreu : Cécile Guilbert dont la voix grave avec une pointe de rauque ne colle pas à la silhouette ; celle d'une longue femme brune (une autre).
"Le mot littérature ne s'oppose pas à la science, mais à l'ignorance", dit-elle.

"Un architecte est forcément quelqu'un qui va chercher dans la littérature, non pas une solution à ses problèmes, mais une espèce de vérité qui est celle des mots, une émotion dont il a besoin pour faire son travail d'architectes", lui répond l'X-Ponts-Archi.
L'écrivaine parle de son rapport à la ville ; des sensations qui naissent lors de ses flâneries, de son refus d'analyser l'architecture. Mais aussi de ce plaisir que lui procure l'ascension des escaliers mécaniques de Beaubourg qui vous hissent au-dessus de la ville afin que vous deviniez dans ce paysage nouveau - comme dans un jeu -, les bâtiments célèbres, les repères de la cité. Et puis aussi revenir sur les mêmes parcours, suivre les traces invisibles de ses précédents détours. "A chaque fois qu'on relie Proust, on ne sautera pas les mêmes passages", dit-elle, amusée, en citant Barthes.
Mais l'échange se perd dans une confusion molle, sans peut-être un souffle d'insolence qui sauverait une préparation d'amateur.
Je quitte la salle, additionnant un siège vide supplémentaire à la collection des sièges vides.
Pourquoi est-il si difficile d'échanger par la parole sur la Littérature et l'Architecture ? Ce n'est pas la 1ère fois que j'assiste à ce type de tentative ; déception fréquente. Alors qu'il existe des textes magnifiques écrits par des architectes sur le monde qui les entoure, et des textes tout aussi remarquables écrits par des écrivains sur l'architecture. Peut-être est-ce parce que "l'architecture est la musique du silence" ? Peut-être est-ce parce que les écrits sont une forme de parole silencieuse ? Il est possible que le lien que l'on veut instaurer entre Littérature et Architecture, ne peut être fait que du seul matériau "silence".
A propos de textes parlant de l'architecture, j'ai découvert ce matin celui que Maryline Desbiolles a écrit pour le livre sur le Tramway de Nice de Marc Barani. Le bonheur, simplement.

1 commentaire:

  1. Dans ce lien entre littérature et l'architecture, il y a la description de la pratique de l'architecture...Dans sa "trilogie new-yorkaise", Paul AUSTER nous décrit les déambulations des personnages dans la ville et leurs impressions. Ainsi dans le roman "Revenants", de la page 34 à 36, il raconte des anecdotes sur la construction du pont de Brooklyn qui avait été à une époque la plus construction la plus haute des Etats-Unis...

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