dimanche 21 mars 2010

D'autres vies que la mienne


Quand on évoque ce livre d'Emmanuel Carrère, tiré d'une histoire vraie, souvent les mots qui viennent sont : "Ah oui, c'est ce livre sur ce type qui a vécu l'histoire du tsunami." Il s'agit du tsumani du 26 décembre 2004 qui a fait 280.000 morts, la plupart dans les pays de l'Océan Indien.

Bien sûr le livre commence par le récit de la mort d'une petite fille, Juliette, emportée par les vagues monstrueuses. L'auteur est proche de ses parents dont la douleur est immense. Lui-même s'interroge sur son couple, sur son indécision, sur cette forme de légèreté qui consiste à ne rien voir au-delà de soi. Le drame qu'il vient de vivre en tant qu'observateur, et la mort quelques mois plus tard de Juliette, la sœur de sa femme, vont déclencher en lui un changement profond : il va s'intéresser à d'autres vies que la sienne. A celle d'Etienne tout d'abord, l'ami, le confident de Juliette, atteint lui aussi par un cancer, dans sa jeunesse. Juge atypique, défenseur systématique des "petits", des floués par les banques et les assurances (voir sur le net l'interview d'Etienne). Mais surtout la vie de Juliette, personnage principal du récit.
Ce livre est écrit simplement, au plus près des entretiens que l'auteur a réalisés avec les différentes personnes qui lui ont parlé de Juliette et des derniers temps de sa maladie. Le style - sans pathos - traduit ainsi une certaine vérité qui correspond à la gravité de l'histoire.
La mort, la souffrance, le deuil, l'absence, la perte, toutes ces choses de la vie (des vies ordinaires) qui nous parlent de la mort sont écrites sans artifices, sans précautions, sans ce silence mensonger que la société veut imposer, dans une tentative absurde de conjuration de l'évidence.
Mais la réflexion qui accompagne ses situations douloureuses conduit l'auteur à aimer à nouveau, c'est à dire désirer un avenir partagé.
C'est un livre fort qui, en écrivant sur la Mort, nous parle de la Vie.

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