vendredi 29 décembre 2023

« Comment saboter un pipeline » d’Andreas Malm

La question centrale de cet opus jugé « subversif » est la suivante : comment se fait-il que les défenseurs du climat n’aient pas davantage recours à la violence à l’encontre des infrastructures des énergies fossiles ou des instruments qui en dépendent, l’enjeu climatique étant d’une gravité et d’une urgence capitales - la survie de l’humanité -, quand d’autres causes (accueil des migrants, droits des minorités raciales, droit de vote des femmes, etc.) ont dû s’y résoudre après avoir constaté l’échec des actions non-violentes ?

Cité dans le décret de dissolution des Soulèvements de la terre par Darmanin, le livre de l’universitaire Suédois, Andreas Malm, développe une thèse qui n’est en aucun cas une apologie de la violence : « si l'on accepte l'idée que la destruction de biens relève de la violence et qu'elle est moins grave que la violence contre les êtres humains, cela ne condamne ni ne justifie en rien la pratique. Il semble qu'il faille l'éviter aussi longtemps que possible », écrit-il. Mais il dresse un constat, en s’appuyant sur des faits historiques ; celui que les avancées majeures pour les droits humains ou les luttes de libération, si elles ont pu être portées par des mouvements se réclamant de la non-violence, ont toutes été accompagnées, pour leurs victoires finales, par une radicalisation de leurs engagements ; de Gandhi à Martin Luther King, des suffragettes à Nelson Mandela.

Objectivement, sauf à croire à l’illusion de la géo-ingenierie, on ne voit pas très bien quel moyen pacifique permettrait d’adopter les lois indispensables pour changer de paradigme car, comme l’écrit Andreas Malm, « la probabilité que les classes dirigeantes mondiales mettent en place une prohibition mondiale de tout nouveau dispositif émetteur de CO2 parce que les scientifiques le leur demandent, ou parce que des milliards de personnes subiront des dommages terribles si elles ne le font pas, ou parce que la planète pourrait se transformer en serre, est à peu près la même que celle qu'elles s'alignent docilement au pied de la plus haute montagne et commencent à se jeter du sommet. »

Et si nous recherchions tous un « pipeline » - même de faible importance - à saboter ?

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