lundi 1 octobre 2018

Arles incontournable ? Série 1 : La photo (à suivre Série 2 : pièces d'architecture)

Il y a un petit parfum de Biennale de Venise dans les rues d'Arles durant les "Rencontres". On y retrouve un peu de cette ambiance de terrasses aux détours de ruelles envahies par des chercheurs d'imaginaires et quelques lieux "improbables" d'exposition qui recèlent, dans des espaces amochés ou reconquis, des témoignages, le passé simple ou composé, l'artifice ou le vif, de l'intime ou du spectaculaire, en bref, des petits trésors visuels qui nous parlent de la beauté et de la laideur qui composent notre Monde.

En quelques heures sur place et en ces premiers jours de septembre (plusieurs expos ne sont plus visibles ... ça c'est dommage), inutile de prétendre tout voir car, même si certains se sont déjà carapatés, il reste encore de quoi régaler largement le visiteur.


A mon palmarès, sans hésitation : Véronique Ellena qui bénéficie d'une rétrospective au Musée Réattu, belle demeure patricienne au cœur de la ville. On peut y admirer la palette de sensibilités très large de cette dame encore jeune (52 ans) au travers de ces "séries" dont la dernière, "Les clairs obscurs", qui permettent à la photographe "d'extraire l'essence de ses sujets et de sonder la profondeur mémorielle des lieux, des objets ou des œuvres d'art qui la fascine."
Robert Franck et Raymond Depardon, bien sûr, deux "blockbusters" de cette édition qui exposent dans le même lieu, à l'espace Van Gogh, leur vision en noir et blanc du "America great again", et on se laisse à s'interroger sur la magie philosophale de certains clichés qui transforme une scène ordinaire en une icone photographique.
Une visite nocturne par hasard - ou "by chance" comme disent les américains - à la Fondation Manuel Rivera-Ortiz où je fus accueilli par une jeune femme fort sympathique et fort éméchée, le tout dans une ambiance de musique boum-boum pour un public très clairsemé (nous devions être 4 ou 5 visiteurs), m'a permis de découvrir un photographe espagnol, Paolo Verzone, qui présentait une série de photos réalisées dans une école de cadet-te-s d'une armée sud-américaine, saisissantes par le mélange contrasté entre la jeunesse de ces futurs officiers, la solennité de leurs tenues d'apparat et le sérieux de leur future mission dans laquelle on les sent pleinement investis. Mais aussi, dans ce même palais décati, "Le pont entre les peuples", du photographe Patrick Willocq, une mise en scène grandeur nature de la question de l'accueil des migrants dans le petit village de Saint-Martory en Haute-Garonne, avec de "vrais figurants", les "opposants" de dos et les "pour" de face.


Croisière est un de ces "tiers lieux" qui semblent créés de toute pièce pour une clientèle bobo en mal d'espaces en déshérence - voire désespérés - où tout se fait un peu la malle, le plâtre des cloisons, les lattes des planchers, les faux-plafonds, les cheminées oubliées, etc. mais où j'ai pu faire de belles découvertes : une plongée riche en couleurs et en diableries africaines dans le pays de l'Esu des photographes Cristina de Middel et Bruno Marais ; les clichés de la préfecture de police de Mai 68, propulsées du statut de pièces administratives à celui de témoignages historiques ; la rétrospective des lauréats du prix Pictet avec ce saisissant pique-nique quelque part en Chine sous les piles d'un viaduc géant et sur une plage de galets contaminés de détritus en tout genres.
















Impossible de manquer à l'archevêché, William Wegman et sa collection de toutous - des braques de Weimar, pas n'importe quoi ! - grimés en mannequins humanoïdes ou photographiés dans des positions sophistiquées et parfois ridicules (BB si tu nous lis !).


Au cloître Sain-Trophime, stupéfiants faux-vrais décors urbains dans "Le village Potemkine" de Grégor Sailer, et belles compositions colorées à tendance psychédéliques de Baptiste Rabichon.










Une dernière visite au Ground Control, l'équivalent façon SNCF du "Croisière", avant de remonter sur Paris pour une petite déception avec Auroville qui méritait sans doute des photos plus ... (plus quoi !) et des quantités d'autres talents aperçus trop rapidement (Christo & Andrew, Thomas, Hauser, ...).

Nota : les "soleils" que vous voyez sur certaines photos sont dus au reflet d'un spot sur la photo et non rien à y faire (pardon aux artistes).










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