jeudi 18 octobre 2018

Cluny versus Desmoulins

L'exercice n'était pas facile : adjoindre un corps de bâtiment aux augustes vestiges des thermes de Cluny sans en déprécier la valeur architecturale originelle, composer avec un édifice néo-médiéval un peu pesant et affirmer une architecture contemporaine dans un quartier dénué de tout repaire équivalent. L'architecte Bernard Desmoulins a su assez habilement résoudre cette quadrature du cercle par quelques stratagèmes à commencer par éviter de trop faire allégeance à la matérialité des ruines actuelles et à leur modénature. Une subtile concession a été faite dans le dessin du pignon donnant sur le boulevard qui reprend la forme à deux pentes des édifices existants et affirme ainsi une attention particulière au "déjà là". L'emploi des panneaux de fonte et leur traitement de surface jouent d'une opposition intéressante : le métal versus la pierre comme une insolence assumée, et une matérialité qui alterne le lisse et le plus tourmenté à l'image des reliefs des vestiges romains. Le Moyen-Age n'est pas oublié avec le motif des grilles, tantôt moucharabieh tantôt clôture, inspiré de celui d'un escalier de pierre de la partie gothique du musée de Cluny.

Le hall d'accueil voit triompher la modernité avec un béton-planchette plutôt réussi et un escalier en Corian à la surface lisse et blanche comme un marbre de Carrare.
Que peut-on regretter ? Peut-être cette poutre en béton brutal, oubliée des planchettes, qui forme linteau au-dessus de la grande baie vitrée de la librairie ? Les deux poteaux en béton bouchardé de ce raccord difficile avec les réaménagements XIXème ? Le soleil dont les rayons, absents cet après-midi là, auraient transformé cette oeuvre en trésor ? Des détails.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire