samedi 6 octobre 2018

Arles incontournable ? Série 2 : l'architecture. Barani, Peneau, Fluor, Gerhy, Ando, Pardo, Romanet, Wieder

Arles, ce sont d'abord les ruines, magnifiques que le soleil provençal ou les éclairages nocturnes révèlent dans toute leur splendeur déchue. C'est évidemment le magnifique portail de l'église Saint-Trophime qu'on lit comme une bible de pierre. Ce sont aussi ces belles demeures patriciennes que les Rencontres photographiques permettent de découvrir, et le dédale des rues profondes ponctuées de terrasses accortes propices aux inoffensives réinventions du monde.
A l'hôtel Léautaud de Donines, bel édifice du XVème, l'agence Fluor a travaillé à introduire la lumière au cœur de cet établissement dont les murs ont longtemps résonné prêts hypothécaires, taux de rentabilité et autres dispositifs financiers*, et présentent désormais des œuvres de très belle qualité dont plusieurs Van Gogh, sous l'hospice de la Fondation éponyme portée par la famille Hoffman** ; contenu et contenant valent bien une visite entre deux expositions photographiques.

Tadao Ando s'affaire en secret dans un autre hôtel particulier du centre ville, rue de Vernon, à concevoir une fondation pour l'artiste coréen Lee Ufan, pour lequel il a déjà réalisé un écrin avec le musée de Naoshima au Japon.

L'Arlatan, une autre acquisition de Maja Hoffman, véritable mécène de la ville d'Arles, ouvrira ses portes le 18 octobre prochain et donnera à contempler son décor, "un univers à la fois très Provencal et international, terrien et onirique***", conçu par l'artiste d'origine cubaine Jorge Pardo dans un autre hôtel particulier datant du XVème dont la restructuration a été confié aux architectes Max Romanet et Renzo Wieder.


Le collège Frédéric Mistral, proche de la gare et des quais du Rhône, est à découvrir, plutôt côté fleuve, pour la qualité de la modénature de sa façade  - rythme et équilibre - et, avec davantage d'attention, pour sa belle et audacieuse matérialité alternant béton sculpté et pierre naturelle. On peut regretter que le parvis très minéral ne se soit pas vu doté de quelques platanes dont plusieurs beaux spécimens voisins prodiguent ailleurs leur ombre bienfaitrice. A remarquer encore le dessin des pignons de l'entrée principale avec la composition très ordonnée de bas reliefs géométriques dont les contours parfaitement exécutés sont mis en valeur par les rayons rasants du soleil. Tout ce remarquable travail a été conçu par l'architecte Gaëlle Peneau.









Face au totem de Frank Gehry érigé sur les anciens ateliers SNCF, se dresse actuellement, en cours de montage, la carcasse métallique du futur musée de la photographie de Marc Barani dont la silhouette évoque la Neue Galerie de Mies à Berlin, ce qui ne constitue certainement pas une insulte pour l'architecte niçois amateur d'immenses plans cadrés sur un horizon infini. Ici point de Mer Méditerranée, mais les Baux-de-Provence et les Alpilles en succédanés ; il y a pire !



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 Enfin, le bâtiment - mais s'agit-il véritablement d'un "bâtiment" ou davantage d'une sculpture ? - de Frank Gehry, pièce maîtresse de la Fondation Luma de Madame Hoffman, à l'architecture aussi tourmentée que sera apaisée celle de son vis-à-vis urbain, semble par sa présence incontournable constituer le nouveau repère de la cité camarguaise.
Il y a semble-t-il, dans le dernier avatar du génial concepteur du musée Guggenheim de Bilbao, un désir de provocation, dans lequel certains verront la duplication de son célèbre doigt d'honneur, coulé définitivement dans le béton et l'acier inoxydable, d'autres, la quintessence de la transgression architecturale, du "sublime, forcément sublime" durassien.Résultat de recherche d'images pour "frank gehry doigt d'honneur"






* jusqu'en 1924 l'Hôtel fut le siège de la Banque de France
** descendante des fondateurs des laboratoires Hoffmann-Laroche
*** dixit "Arles info" du 22 mai 2017

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