lundi 8 octobre 2018

Un autre matin sur Terre (3)

Quoi de neuf ? Blablacar.
D'abord une passagère potentielle qui me reproche d'avoir changé de voiture par rapport à mon "profil" et de modifier le lieu de rendez-vous par rapport à mon annonce (je n'ai pas mis à jour mon "profil" depuis 3 ans que je ne suis pas allé sur cette "plate-forme" et je me suis effectivement trompé sur l'adresse, mais à quelques centaines de mètres près). Flairant le serial killer elle a préféré changer d'attelage.
Ensuite Fatima (le prénom a été changé pour des raisons de sécurité) parfaitement ponctuelle mais, surprise, c'est en fait son père que je dois embarquer ; personnage au demeurant sympathique quoiqu'un peu fort en gueule.
Enfin, Joseph (le prénom a été changé pour des raisons de sécurité) qui vient de l'autre bout de la région parisienne et pour lequel il faut faire un petit détour car il est coincé ce dimanche après-midi à La Défense ; personnage au demeurant fort sympathique quoiqu'un peu africain (je rigole !).
Fatima a 60 ans, après avoir commencé à travailler à l'age de seize ans, il vient de prendre en juin sa retraite d'ouvrier spécialisé dans les tracteurs des avions. Il est d'origine algérienne, Oran, naturalisé français et vivant à Tours. Il est plutôt partisan d'un régime fort car "c'est plus comme avant". Il s'excuse fréquemment de ne pas être poli quand il s'emporte contre les politiques, car "vous m'excusez de pas être poli, mais c'est la merde et c'est plus comme avant !", m'assène-t-il d'une voix puissante avec un fort accent algérien.
Pendant ce temps, à l'arrière, Joseph (le prénom a été changé pour des raisons de sécurité) tente d'en placer une et finit par nous avouer entre deux éclats de rire tonitruants : "Les politiques, ils sont trop, franchement, je vois pas ce qu'ils peuvent changer, franchement. Et Marine Le Pen si elle vient au pouvoir ça ne changera rien !" Joseph est bardé de diplômes - management, master spécialisé en diplomatie internationale - ce qui lui a permis de décrocher un contrat de trois ans pour poser des compteurs Bickie (le nom a été changé pour des raisons de sécurité).
Je parviens à avoir raison de cette petite troupe en me branchant sur France Culture et une émission sur l'économie sociale et solidaire : Fatima pique un petit roupillon et Joseph téléphone.
Nous avons déposé Fatima à mi parcours  et j'ai poursuivi avec Joseph les 2H30 du trajet restant. Nous avons traité de l'avenir de la planète, de la politique africaine, de la mal-bouffe, des américains "franchement, c'est trop, ces américains", de la pluie, du beau-temps, des villes balnéaires qui s'endorment l'été, d'Hitler, du réveil de l'extrême droite, etc. et tout ça nous a conduit à Nogent-le-Retrou (le nom a été changé pour des raisons de sécurité).

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