samedi 20 octobre 2018

"La guerre civile espagnole", une BD de Paul Preston (historien) et José Pablo Garcia (illustrateur)

Cette guerre terrible qui déchira l'Espagne, non seulement pendant les trois années du conflit armé entre juillet 36 et avril 39, mais encore durant les années de dictature de Franco jusqu'à sa mort en novembre 75, fut passée sous silence dans l'histoire enseignée en France.
Cette BD, sortie il y a tout juste un an, nous permet d'y voir un peu plus clair dans le déroulement des événements bien que certains passages restent encore aujourd'hui confus, même pour les historiens. Le travail engagé en 2000 suite à l'initiative du sociologue Emilio Silva à la recherche de son grand-père enterré dans une fosse commune a donné naissance en Espagne à un vaste mouvement : l'Association pour la récupération de la mémoire historique. Ce dernier permettra certainement dans les années qui viennent de lever le voile sur quelques "trous noirs" de cette tragédie.
Car il est encore difficile aujourd'hui de mesurer l'ampleur des massacres perpétrés par l'un ou l'autre des camps, bien qu'il soit admis que le nombre de ceux commis par les "rebelles" soit plus élevé. Une autre différence est également à souligner : le fait que les exécutions, les viols ou les tortures infligés aux républicains ou à leurs partisans ont été couverts et encouragés, dans une large majorité, par la hiérarchie des franquistes (et du clergé !) ; dans le camp opposé, les exactions ont été dénoncées dès l'origine par les autorités légitimes, et furent commises par des éléments incontrôlés ou sous le coup d'une vengeance aveugle en représailles des bombardements meurtriers ou des crimes abominables des légions d'Afrique ou des phalanges.
Ce qu'il faut sans doute retenir : le cynisme de Franco, la lâcheté des démocraties européennes, le calcul froid de Staline, le soutien idéologique (et matériel) d'Hitler et de Mussolini. Quelle est la plus criminelle des attitudes ? Elles le sont toutes, à des titres différents : sanguinaire et idéologique pour le caudillo, diplomatique et frileuse pour la France, économiquement intéressée pour l'Angleterre, tactique pour le "Petit père des peuples", stratégique et guerrière pour le Fuhrer et le Duce.
Il ne faudrait pas oublier les Etats-Unis, avec un Roosevelt chantre du non-interventionniste guidé par des intérêts financiers et conservateurs.
Autre enseignement : il est toujours plus difficile de réussir à construire quelque chose de positif dans la durée que de renverser un système ; d'autant plus s'il s'agit de proposer un nouveau monde avec un idéal de justice.
Franco
Ultime enseignement : à l'heure de la montée des extrêmes droites un peu partout dans le monde, y compris en Europe, nous aurions tort de penser être à l'abri d'une telle tragédie.
Détail : On peut regretter enfin qu'il n'existe pas un index des principaux protagonistes du conflit et que le correcteur ait laissé passer un certain nombre de coquilles.
El Campesino

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