mercredi 17 octobre 2018

Hommage à l'architecte Paul Andreu. Eloge du plat de spaghettis.


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L'un de mes amis m'a appris vendredi dernier la disparition de Paul Andreu. La dernière fois que nous nous sommes croisés c'était à la Librairie Volume, 47, rue Notre-Dame de Nazareth, dans le 3ème arrondissement. Probablement la meilleure librairie spécialisée en architecture et en urbanisme de Paris. Il devait s'agir du lancement d'un ouvrage. Nous nous sommes retrouvés côte à côte, un peu par hasard, un gobelet plastique de vin à la main, et je l'ai interrogé sur l'écriture. Ce devait être la seconde fois que nous échangions quelques propos. Je regrette de ne pas avoir pris le temps ? eu l'audace ? de lui demander un rendez-vous afin de nous donner le temps d'un véritable échange comme j'ai eu la chance de le faire avec Claude Parent. Le souvenir que j'ai de ces quelques minutes avec Paul Andreu c'est une grande disponibilité, des propos clairs sans banalités, toujours intéressants et décalés et une grande modestie eu égard l'impressionnante liste des œuvres remarquables qu'il a conçues. 


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Paul Andreu comme dans mon souvenir

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Le Terminal 1 de Roissy. Métaphore du plat de spaghettis ?

Mais ce que je n'oublierai jamais s'est passé à Venise, il y a plusieurs années, à l'occasion d'une biennale d'architecture, dans le Palazzo Zorzi où se tenait une rencontre sur le thème "architecture et littérature". Les invités se présentaient en duo - un écrivain et un architecte - et chacun devait parler du champ culturel de l'autre. J'ai oublié qui était le partenaire de Paul Andreu, mais je me souviens de cette photo qu'il avait projeté sur l'écran derrière lui : celle d'un plat de spaghettis à la tomate. Stupeur sans tremblements ! Et Paul Andreu de nous expliquer que la matière sur laquelle il avait travaillé toute sa vie dans les projets architecturaux ressemblait à ce plat de spaghettis aux innombrable boucles entremêlées dont il fallait dénouer les arcanes. Je lui ai volé cette idée et il m'est arrivé à plusieurs reprises, lors d'interventions auprès de jeunes ingénieurs ou architectes, de leur projeter un plat de spaghettis en dissertant par la suite sur la complexité du monde.
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L'Opéra de Pékin
Le miracle d'internet est que l'on retrouve tout en un clic. La rencontre entre architectes et écrivains a eu lieu le 23 octobre 2008, il y a 10 ans donc. Les écrivains étaient Marek Alter et Eric Orsenna. Les architectes, outre Paul Andreu, Rouïda Ayache, Jean-Michel Wilmotte et Bernard Reichen.
Frédéric Lenne en a fait un résumé dans Le Moniteur que vous retrouverez en suivant ce lien :
 https://www.lemoniteur.fr/article/l-afex-croise-des-regards-d-architectes-et-d-ecrivains-a-venise.1189534
La phrase rapportée est du "Andreu" parfait : "Quand on a travaillé dans un pays, qu’on s’est inscrit dans sa vie économique, qu’on a travaillé avec des gens de sensibilités différentes, on découvre que des formes abstraites s’enracinent dans ce pays. On débouche dans l’universel. L’universel et le particulier sont enclenchés l’un dans l’autre. Le global c’est rien, c’est un truc de Walt Disney. L’universel, oui, c’est formidable. La goutte d’eau est universelle. Une larme, ce n’est jamais pareil. C’est particulier."

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