jeudi 17 mars 2011

Téléscopage



Sean Connery est un acteur formidable, les Bahamas sont des îles vraisemblablement paradisiaques, et les sacs Louis Vuitton des accessoires très haut de gamme. Mais, si vous avez mon défaut qui consiste à commencer la lecture du "Monde" par la quatrième de couverture après avoir jeté un oeil sur la première page, il est difficile de ne pas être choqué par le contraste entre ces deux feuilles, dans le numéro daté du mardi 15 mars. Sur la gauche, une star dilettante coiffée d'un Panama de séducteur sur fond de plage de rêves, le bas du pantalon relevé - probablement pour se rafraichir les pieds dans les vaguelettes ; sur la droite, la détresse d'une femme seule, assise dans un décor d'apocalypse à Naori au Japon, ville détruite par le tsunami, le visage défiguré par le chagrin, les pieds et les jambes nus.
Bien sûr il faut de la "pub" pour faire vivre la presse quotidienne, mais est-ce trop demander à un journal comme "Le Monde" d'avoir ce supplément d'attention qui permettrait d'éviter un télescopage d'images de cette nature qui, non seulement me semble déplacé vis-à-vis des victimes japonaises, mais contribue à banaliser une certaine forme de cynisme dans laquelle notre société se complait.
Mais peut-être, après tout, est-ce une image assez symbolique de notre monde : d'un côté, ceux qui n'ont plus rien, et de l'autre, ceux qui ont tout ; y compris le superflu.

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