dimanche 14 février 2010

Pritzker Price et malfaçons


Un de mes amis m'alerte sur la publication d'un article dans "Le Figaro" de vendredi concernant l'action en justice intentée par la Chancellerie contre les acteurs de la réalisation du TGI de Nantes, et parmi eux l'architecte Jean Nouvel, concepteur de l'ouvrage.
Quels sont les faits incriminés ? 9 séries de malfaçons allant de défauts d'étanchéité entrainant des fuites d'eau dans les salles d'audience ou la salle des pas perdus, jusqu'aux dysfonctionnements thermiques (14°C maxi dans certains bureaux), en passant par des pierres de façade de 30 kg qui tombent ou des portes trop lourdes à manipuler.
Le journaliste à cette phrase assassine : "La modernité côtoie soudain le rudimentaire".
Force est de constater - une nouvelle fois - que le bâtiment est un secteur d'activité malade sur le plan de la qualité de réalisation. Pourquoi ?

1) Un bâtiment qui sort du commun est un vrai prototype ; n'oublions pas que même des industriels qui développent pendant des années un modèle - Toyota par ex ? - ne sont pas exempts de "malfaçons"
2) Parce que les délais sont en règle générale extrêmement tendus (ceux de réalisation, mais également ceux de conception) ; on veut toujours "aller plus vite" ; contrainte plus forte dans le privé que dans le public
3) Parce que la qualité a été (ou est) sacrifiée trop souvent sur l'autel du profit
4) Parce que l'ingénierie est insuffisamment considérée (sur le plan de la décision, et sur le plan de la rémunération) par rapport à "l'image"
5) Parce que l'ingénierie (encore) est un métier dévalorisé qui n'attire plus en nombre les têtes bien faites, qui sont aspirées vers d'autres filières qui paient plus et/ou qui correspondent à une image plus valorisante (par rapport aux critères que se donne notre société) : pour "réussir" mieux vaut aller vers la finance ou le marketing (- de 25% des élèves de l'Ecole des Ponts et Chaussées vont dans les métiers du BTP, et le mastère des finances de cette même école est parmi les plus côtés !)


Alors oui, certains bâtiments fuient, certaines façades ont besoin d'être emmaillotées dans des filets pour épargner le promeneur, et il fait parfois trop froid ou bien trop chaud dans les bureaux.
Mais globalement, compte tenu des 5 points évoqués plus haut, les honnêtes acteurs de ce secteur n'ont pas à rougir. Ils aimeraient seulement que la société revienne à des valeurs "durables".

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