mercredi 17 février 2010

Apollon et les putains


Gérard nous recommande ce livre. Je partage son point de vue, mais j'ai envie d'aller plus loin dans le résumé qu'il nous propose sur son blog.
Je reprends donc là où il a laissé le lecteur en suspentation : ... donc l'Apollon va chercher dans un bordel du coin, une fille un peu paumée, blonde et pulpeuse, à qui il va faire miroiter une vie de starlette. Comme la fille n'est pas très maline, elle va gober toutes les histoires de l'Apollon (qui pourtant n'est pas bien malin non plus !). Il parvient, en se faisant prendre pour un agent du FBI, à embarquer la pintade hors de son cloaque. Quelques jours plus tard, on les retrouvent installés à Los Angeles dans un studio minable avec vue immédiate sur les issues de secours d'une cantine de l'Armée du Salut, au 2ème étage d'une pension de famille décrépite. L'Apollon est en fait un raté (normal pour un Apollon), inculte, avec un tour de taille un peu gras. Qui plus est, la poupée - Gloria - se rend compte qu'il est impuissant comme un eunuque de 3ème génération, qu'il a très mauvaise haleine et qu'il empeste des pieds. L'Apollon se vautre à longueur de journée devant les soap opéras en sirotant de la bière qu'il décapsule avec les dents, et en s'empiffrant de chips bon marché. Gloria a vite compris que pour manger correctement, la meilleure solution restait encore de donner de sa personne. Mais une putain est capable de supporter beaucoup de choses ; pas un maquereau aussi lamentable. Un matin, alors que l'Apollon est encore endormi, elle enlève le drap et découvre entièrement le corps dodu et gentiment imberbe de son partenaire inactif. Le naturiste assoupi est sur le côté, le sexe flapi et tirebouchonné comme une sorte de virgule qu'on aurait abandonnée, lâchement et sans raison, en milieu de phrase. Elle s'empare de son IPhone et mitraille la silhouette ridicule de l'Apollon de camping municipal ; plus particulièrement, l'organe de ponctuation en état d'anémie évidente. Gloria va alors se transformer en épouvantable maîtresse-chanteuse et faire subir à l'Apollon les pires sévices ; sexuels, il s'entend ! Suite à une panne de télé, l'Apollon se rebiffera un jour dans un ultime baroud d'horreur et l'on assistera alors à un carnage comme rarement une œuvre littéraire en aura décrit : tout ce qui peut représenter un organe ou des viscères, entier ou en morceau, se retrouvera aux quatre coins du studio, jusqu'à ce que l'Apollon, dans une fulgurance démoniaque, se mette frénétiquement à recomposer Gloria à partir des morceaux préalablement écorchés et éparpillés sur la moquette, avec le renfort d'une machine à coudre de marque Singer (ce détail fut attesté par l'agent fédéral O'Connor qui le précisa dans son rapport). C'est alors à un travail de patchwork sanguinaire auquel est convié le lecteur ; l'Apollon prenant un malin plaisir à coudre un pied de Gloria sur le crâne de l'ingénue, un sein au milieu du visage, un bras au milieu du ventre, en poussant des cris démoniaques et hurlant : Picasso ! Picasso ! La nouvelle s'achève quand le voisin du dessous, un vieillard aigri ayant ressenti des vibrations dans sa prothèse fémorale dues à l'agitation du voisin du dessus, remet son appareil d'audition sur "on", perçoit nettement le raffut de l'Apollon déjanté et décharge la totalité de son fusil M16 à travers le plafond en plâtre. Il faut trois chargeurs pour venir à bout de l'Apollon. Quand le vieillard - qui est également un vétéran du Vietnam, tout le monde l'a compris - verra enfin l'hémoglobine couler à gros bouillons à travers les lambris de son plafond, il débranchera son Sonotone et ira se coucher dans sa chambre, avec le sentiment du devoir accompli. Les critiques littéraires ont cru déceler dans cette fin un réquisitoire contre l'engagement de l'Amérique en Afganistan ; ce qui a été formellement démenti depuis par l'auteur et ses ayant-droits !

1 commentaire:

  1. Ha ha ha! Je vois que notre ami Pergame reprend les bonnes habitudes ! Ce greffon me fait plaisir et me rappelle quelques épisodes épiques narrés d'une main de maître, notamment les pérégrinations d'un jogger dans les dédales d'un parc londonien à partir d'une photo mystérieuse...
    Que cela ne t'empêche pas de te délecter quand même de la prose de Carlos Fuentes !

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