Gérard a fait un commentaire en indiquant qu'il trouvait ce texte beau, mais que sa désespérance le gênait. Peut-être faut-il resituer le passage dans la nouvelle : Marcel est vautré assez lamentablement et dort à côté de son épouse, Janine, sur le siège d'un car qui les emmène dans l'arrière-pays algérois afin que Marcel tente de négocier directement des tissus à des revendeurs. L'assoupissement de Marcel ne contribue pas à embellir son physique de "faune boudeur". Janine est avec Marcel un peu par dépit, mais "surtout, elle aimait être aimée, et il l'avait submergée d'assiduités. A lui faire sentir si souvent qu'elle existait pour lui, il la faisait exister réellement."
Marcel était étudiant en droit, mais il finit par reprendre le commerce de son père et bientôt "rien ne semblait intéresser Marcel que ses affaires". L'ennui s'installe. "Le plus dur était l'été où la chaleur tuait jusqu'à la douce sensation de l'ennui." Et puis, c'est le hasard d'une promenade en haut d'un fort, où elle traine son mari, qui est une révélation. L'horizon est immense, composé de mille détails qui sont autant de découvertes. Mais ce "royaume (qui) de tout temps, lui avait été promis (...) jamais , pourtant, il ne serait le sien, plus jamais, sinon à ce fugitif instant (...)".
La peine et l'émerveillement se mêlent. Il y a douleur et exaltation. Et puis une sorte de résignation.
Et puis la nuit, alors qu'elle ne parvient pas à trouver le sommeil, elle finira par quitter le lit où dort déjà Marcel d'un sommeil profond. Elle trompera son mari avec...
Je m'arrête là en pensant que, peut-être, certain(e)s voudront lire cette nouvelle.
Alors pour revenir au thème de la désespérance : oui, elle est totalement présente dans cette nouvelle, mais Camus ne veut pas en faire une cause inexorable. Il y a désespérance, s'il y a routine ou habitude ; s'il y a absence de surprises, d'étonnements, d'émotions, d'attention, d'exploration, de naïveté, de liberté.
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