dimanche 7 février 2010

Le temps des crises (retour)


Ce petit livre (- de 80 pages) dont j'ai un peu parlé il y a quelque temps, recèle quelques réflexions qui me semblent extrêmement intéressantes, et sur lesquelles je souhaite revenir rapidement :
1) le constat que des évènements nouveaux majeurs sont advenus au 20ème siècle avec des conséquences extrêmement importantes pour l'humanité sur le plan de : l'agriculture, les transports, la santé, la démographie, les connexions, les conflits ; autant d'évènements (dont l'importance se mesure à la durée d'existence de la situation qu'ils viennent bouleverser)qui sont les ferments de crises locales et dont l'amplification et/ou la conjonction potentielle peut amener à une crise globale
2) le constat suivant, et qui découle du 1er, c'est que l'Homme n'a pas pris la mesure de l'écart énorme qui s'est installé entre son rythme propre (celui de la nature) et celui de la société qu'il a créée ; dont un des avatars est l'écart entre riches et pauvres ; ces fractures sont, comme dans la tectonique des plaques, sources de catastrophes
3)La proposition de Michel Serres c'est la création d'une instance mondiale fondée sur d'autres valeurs et un autre référentiel que celui qui prévaut encore aujourd'hui : le WAFEL (Water, Air, Fire, Earth, Life) ; dans lesquels les savants (toutes sciences confondues...les "dures" et les "molles") auraient véritablement leur place dans les décisions du monde (et pas seulement les "politiques") sous réserve d'avoir prêté serment ; le 1er : de ne jamais participer au dévoiement de leurs inventions pour servir des objectifs contribuant à l'augmentation de la misère, de l'ignorance, de la servilité ou de l'inégalité ; le 2nd : de ne servir aucun intérêt militaire ou économique

Cet opuscule souffre d'un sentiment vague que l'on peut avoir en 1ère lecture d'un "livre de commande" (thème porteur + nom de l'écrivain = recette de ventes assurée). Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain !
Dommage, car de véritables questions sont posées dont les propositions de résolution auraient mérité un exposé plus dense et, paradoxalement, moins abscons par endroit. Mais, si l'opuscule avait fait ne serait-ce que 200 pages, l'aurais-je lu ?

4 commentaires:

  1. Une instance mondiale fondée sur d'autres valeurs, facile à dire, mais quid de l'incapacité actuelle des instances internationales existantes (ONU par exple) à régler le problème de la Palestine et des palestinien ???

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  2. Michel Serres constate l'échec de nos stratégies traditionnelles. Ce que tu fais dans ton commentaire d'ailleurs. Il dit qu'une cause majeure de cette échec est très probablement le fait que notre raisonnement n'est plus le bon car il n'intègre pas la donnée "Monde" (ou Nature si on veut). Il prétend que la composition des pôles de décision doit changer en intégrant plus de "savants" (on va dire "sachants") avec une très grande éthique. Serres appelle quelque part à une révolution des systèmes de décision. Il pense que cette révolution peut se faire en douceur si on accepte de changer de référentiel. Faut-il une décision autoritaire ou bien une certaine "citoyenneté" ? Il a l'air d'être optimiste. Je lui suis moins que lui.
    Mais, pour revenir au pb de la Palestine et des Palestiniens, il est clair que l'histoire a radicalisé les positions. La haine s'est incrustée dans les consciences. Comment parvenir à faire que ces gens cohabitent et se partagent une terre commune ? Et si on s'essayait quand même à être optimisme ? J'ai vécu un temps où on n'imaginait pas que l'apartheid deviendrait illégal en Afrique du Sud, un temps où l'URSS était une et indivisible, un temps où jamais un noir n'aurait pu être président des USA, etc... Alors, pourquoi pas un temps, demain, où la Palestine sera la terre des juifs et des palestiniens ? Je n'ai évidemment pas la solution pour y parvenir. Mais beaucoup de gens de bonne volonté travaillent dans ce sens.

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  3. Merci pour cette "défense" de Michel Serres ; d'accord pour l'éthique mais pas d'accord pour les experts sans contre-pouvoir, le blanc-seing ou le bulletin de vote sans contrôle et sans droit de regard, nous en sommes revenus...
    Pour la Palestine et les palestiniens, je crois hélas qu'ils sont partis pour vivre l'apartheid ; d'accord avec toi sur les derniers événements que tu cites (que les experts n'avaient pas vu venir !)mais je suis moins optimiste que toi, les multinationales et les mafias des armes de guerre ne vont pas lâcher le morceau...Et pourtant, je ne baisse pas les bras, et je milite à tour de bras !!!

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  4. Bravo pour ton courage : militer aujourd'hui me semble relever effectivement du courage. Peut-être est-ce un exercice que nous devrions pratiquer afin d'être prêt, un jour, à s'en servir ? Il n'existe que peu de vies exemptes de cette obligation : avoir du courage !

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