dimanche 1 août 2010

Profondeurs


Henning Mankell est un romancier et dramaturge suédois de 62 ans à la superbe crinière blanche, dont la vie se partage entre son pays natal et le Mozambique. Il s'est imposé comme le premier auteur de romans policiers suédois nous indique l'éditeur. Télérama a célébré pour "Profondeurs", "un roman d'amour forcené, une célébration de la langueur et de la fureur, de la tendresse et du désarroi".
Concernant la langueur, l'histoire m'a paru décoller qu'à partir de la page 100, soit, sur un livre qui en comporte 345, presque 1/3 de l'ouvrage... La fureur, celle d'un capitaine hydrographe de la marine suédoise, alcoolique, enfermé dans une vie conjugale qui lui est étrangère et qu'il subit par lâcheté ; un homme qui devient subitement amoureux-fou d'une femme sauvage, sans grâce particulière à l'exception de l'inconnu qu'elle représente et une image de la liberté ; étranger à lui-même ("un jour, dans un avenir lointain, je pourrai peut-être lui expliquer qu'elle a épousé un homme qui n'est jamais entièrement visible, pas même à ses propres yeux"),un homme qui croise et provoque la mort, brutalement de manière irraisonnée. La tendresse, celle d'un homme encore enfant qui se berce du souvenir du parfum de son épouse, et qui est capable de gestes d'amour pour sa maîtresse improbable. Le désarroi, celui d'un officier sans cesse au bord du gouffre, happé par un destin dont il est conscient, qu'il accompagne mais qu'il ne peut maîtriser.
Si j'ose la métaphore facile de l'iceberg, la vie de Lars Tobiasson-Svartman, est comparable à ces blocs de glace dont la part immergée, invisible, est incroyablement plus importante que la partie apparente.

Que recherche cet hydrographe, maniaque de la mesure, dans l'identification des hauteurs des fonds marins sinon, simultanément, à se rassurer et à découvrir des mondes inconnus (les siens), à des profondeurs insoupçonnées ?
"La mer, l'émergence des terres, tout ce mystère ressemble au lent mouvement de l'enfance vers la maturité et la mort. En chaque être humain, la terre sort des eaux. (...) La mer est un rêve qui ne rend pas les armes."
Belle réflexion, profonde, sur l'âme humaine. Le mensonge comme espérance de vie ? Sur la part cachée dans chacun d'entre nous. Voir "Invisible" de Paul Auster également.

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