Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
samedi 7 août 2010
L'ombre de ce que nous avons été
"L'ombre de ce que nous avons été", de l'écrivain chilien Luis Sepulveda, est un petit roman qui se lit avec délectation tant le style est jubilatoire (je cède au cliché, mais je n'ai pas trouvé d'autres qualificatifs), l'histoire drôle et émouvante, les personnages assez truculents.
Trois anciens militants sexagénaires et de gauche du Chili d'Allende se retrouvent après plus de 35 ans de séparation et d'exil, et attendent le "spécialiste" dont l'expression favorite est "On tente un coup". Mais le "spécialiste" n'arrivera jamais, victime de la chute d'un tourne-disque balancé par la fenêtre d'un appartement par une femme excédée de vivre avec un mari minable ; lequel, pseudo militant de gauche, minable également dans son engagement, va se retrouver malgré lui embarqué avec les trois autres dans un "coup" mis au point par le "spécialiste".
Mais on ne peut pas réduire ce livre seulement au fait qu'il soit "plaisant" à lire ; il évoque les heures sombres du Chili, celles de Pinochet, de la torture, des exécutions sommaires, des disparitions. Il dénonce également l'inégalité extrême de la population chilienne, l'enrichissement crapuleux d'une faction de militaires. Il dépeint avec beaucoup d'humour le socialisme grotesque des Ceaucescu et, d'une manière générale, les excès du militantisme de slogans.
Bref : un petit livre comme on aimerait pouvoir en lire le plus souvent possible.
Extrait (et vous comprendrez mon enthousiasme) :
"...ils se sont éloignés de la foule qui comparait les vertus d'un beau carré de porc préparé à la mode de Chillan, des kilomètres crépusculaires de saucisses, du tressage parfaitement wagnérien des tripes, des tétines présentées avec les hommages d'un lit de persil et des testicules qui, ouverts, exhibaient toute la virilité de la caste des taureaux d'Orsono."
Voir également le commentaire sur "Contrastes et lumières" le blog de Gérard.
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