vendredi 6 août 2010

Le pet (je me marre !)


Tout le monde pète, il ne faut pas se le cacher. Moi, pour commencer, je pète. Le pet est un dénominateur commun de l'humanité.
Le Président de la République, sa femme, l'ensemble des membres du gouvernement jusqu'aux plus obscurs secrétaires d'état, les huissiers des palais ministériels, les cuisiniers, les chauffeurs, tout le monde pète dans les sphères politiques. Ça pète rue du Faubourg Saint Honoré, mais on n'est pas en reste à Bercy ; et que dire de Matignon !
Le pape lui-même ne bénéficie d'aucune dérogations : il pète dès sa descente d'avion, semble-t-il. Son prédécesseur qui avait une drôle de manie d'embrasser le sol de tous les tarmacs d'aéroport, pétait très vraisemblablement avant sa génuflexion.
Toutes les stars d'Hollywood, les "peoples", les bimbos, les nouveaux riches, les rois du pétrole, le ghotta princier, les nouveaux milliardaires chinois sont, d'après leurs biographes, des péteurs sans gênes.
Le pet n'épargne aucun continent. On pète en Amérique avec un chapeau de cowboy sur la tête, au Japon en dégustant des sushis, en Papouasie-Nouvelle Guinée avec un os dans le nez, et en France, bien sûr, avec une baguette sous le bras.
Pète-t-on plus fréquemment quand il pleut que quand il fait beau ? Si c'était avéré, l'islandais ou le londonien auraient, en la matière, un rythme plus soutenu que le Nigérien ou le nomade du désert de Gobi.
Le pet est sensible aux aliments ingérés (normal, voir en fin d'article). Une chose est certaine : n'en déplaise à nos amis belges, le choux de Bruxelles fait plus péter que le melon charentais.
Les vacances sont-elles une période propice pour le pet ? On peut le penser : c'est la période du relâchement, de la décontraction, de la jouissance immodérée des congés payés. Mais je n'en suis pas certain. Une étude sérieuse et documentée pourrait amener à des conclusions diamétralement opposées ; en effet, le pet a besoin de contraintes (ce "marchepied du talent" comme dirait le philosophe). En effet, un pet sans un minimum de contraintes n'a pas de tenu ; j'oserai même dire : aucune éducation. Et sans éducation, pas de valeurs. Vous en voudriez, vous, d'un pet sans valeur ? Et pourquoi un pet serait-il étranger à la notion de valeur ? Moins qu'une spéculation boursière ? (J'entendais l'autre matin à la radio un gestionnaire de fonds quelconque parler de la "valeur sentimentale économique" ! Il se la pétait !). Revenons au sujet.
Le pet est-il plutôt masculin ou féminin ? Il y a, comme dans chacun de nous, une part de féminité ou de virilité dans le pet. Ça dépend des individus. J'en ai connus qui avait le pet matinal tonitruant, bourré de testostérone, et d'autres un pet moins éveillé, comme encore assoupi, maniéré, presque charmant (et oui, comme le vin !).
Le pet du soir est éminemment variable : il dépend des rendez-vous de la journée, de l'humeur de votre patron (ne jamais oublier : il pète gaillardement également !), du menu du soir (cf précéd. le choux de Bruxelles versus le melon charentais, mais on pourrait aussi faire la comparaison entre l'andouillette 5A et le rumsteck), et surtout du programme télé ! Un bon film appelle le pet de satisfaction, un tantinet guilleret (c'est un constat) ; la mauvaise série, le pet de dépit qui semble s'interroger sur le bien-fondé de la redevance télé.
Le questionnement sociologique est d'une richesse inouïe. Le pet caractérise-t-il une classe sociale ? Je veux dire : pète-t-on différemment à Neuilly où 80% de la population vote Sarkozy qu'à Villiers le Bel ou Sarcelles ?
La Révolution française a-t-elle aboli les privilèges en matière de pet ? Le pet en majesté a-t-il un sens ? Subsiste-t-il une aristocratie du pet ? A cette dernière question, la réponse est : affirmatif ! Dans certains milieux on n'émet aucun pet. Mensonge me direz-vous. Non : sémantique. Le pet des beaux quartiers se dénomme "flatulence". Il est parfumé au caviar et au champagne millésimé ; ce qui lui donne une indéniable distinction par rapport au pet de camping, qui ne se hissera jamais au rang de la flatulence, et qui renifle la chipo et le ricou.
Que dire du pet d'intellectuel par rapport à celui de l'ouvrier ? Le premier minaude, se pose des questions (je sors, je sors pas ?), s'interroge sur l'opportunité de se lancer dans une brillante démonstration ; c'est un pet complexe qui appelle l'exégèse, qui sent la "Closerie des Lilas". Celui de l'ouvrier est franc et massif. Il se lâche en une fois, sans remords. Le danger avec le pet de prolétaire, c'est qu'il revendique fréquemment - ce qui peut lasser - et qu'il est susceptible d'en appeler à la mobilisation générale.
Je vous laisse vous interroger sur le pet du terroriste (qui se lâche comme un ultimatum), le pet de la femme de l'agent de police (un phantasme !), le pet du trader (spéculatif), celui du comptable (pointilleux), du notaire (hypothéqué), de l'agent immobilier (flambeur), de l'assureur (garanti), du dentiste (creux et fétide), celui de la prostituée (suspect), de l'écologiste (certifié HQE), du bouddhiste (qui imite le son du dungchen dans les vallées tibétaines), du belge (une fois), du catcheur (que du chiqué !), du suisse (anonyme), du blagueur (contrepet), de l'africain (marabouté), celui encore de la poule de luxe (fantasque), etc. (A vous !)
Le pet le plus spectaculaire est bien entendu le pet flambé (voir illustration).
La langue française fourmille d'expressions dans lequel le pet est célébré :
- "comme un pet sur une toile cirée", dénote la réplique bien envoyée
- "il pète plus haut que son cul", fustige le vantard
- "il pète dans la soie", comme un gestionnaire de fortune par exemple
- "faire le pet", comme à La Courneuve par exemple
- "ça ne vaut pas un pet de lapin"
On pourrait aller jusqu'à substituer le terme "pet" dans certaines expressions comme :
- "à pet moucheté"
- "long comme une journée sans pets"
- "à pets feutrés"
- "il a pris son pied à petits pets"
- "il a le pet mauvais"
- "le pet en est jeté"
- "un pet vaut mieux que deux tu l'auras"
- "ne pas lâcher le pet pour l'ombre"
etc.
On le voit, le pet est un terme d'une richesse insoupçonnée. Mais ça méritait la démonstration !
Aux grincheux qui vont trouver que ce blog ne sait plus se tenir, je les renvoie à certaines chansons du grand Brassens (Quand je pense à Fernande) ou à Ferré (La solitude) ; avec mon respect (bien entendu).

Et pour ceux qui ne me croit pas (que tout le monde pète et qu'il s'agit d'une question essentielle) j'en appelle à Wikipédia dont sont extraites les quelques phrases suivantes (et pan, et proutt !)

"En moyenne, une personne libère par jour de 0,5 à 1,5 litre de gaz, en 12 à 25 occasions. Les pets (ou flatulences) sont le résultat de la fermentation des matières décomposées ; on y trouve notamment des gaz non odorants : du méthane (gaz inflammable produit par des bactéries), du dioxyde de carbone, de l'azote, de l'oxygène, de l'hydrogène, et des gaz odorants sulfurés.[réf. nécessaire]

Leur intensité, et notamment celle des gaz odorants, dépend de nombreux facteurs : la constipation, et certaines autres maladies.

Issus de la fermentation intestinale, ces gaz sont d'autant plus présents que les aliments se décomposent : les protéines complexes, notamment. Chez l'être humain, la consommation de légumes secs (flageolets, cassoulet, soja, lentilles, pois cassés) et de viandes rouges en augmente donc la production. La mauvaise absorption de certains glucides (lactose, fructose...) peut aussi provoquer des flatulences. Plus rarement, la giardiase, une parasitose bénigne de l'intestin, peut causer des flatulences."

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