dimanche 19 septembre 2010

Le mystère Roger Anger


Roger Anger était une sorte d'aventurier ; c'est Claude Parent qui nous l'a dit à l'occasion de son introduction à la conférence de l'architecte indienne Anupama Kundoo qui a travaillé plusieurs années avec l'architecte en chef d'Auroville, et qui a écrit le livre "Roger Anger, recherche sur la beauté".
Il y a un mystère Roger Anger : un début de carrière tonitruant, des quantités de réalisations - surtout dans le logement, et surtout en région parisienne - caractérisées par cette écriture reconnaissable entre toutes inspirée de l'art cinétique autant que sériel, une sorte de tissage simple et savant à la fois, toujours différent et pourtant toujours "signé", un exercice de plastique jubilatoire parfaitement maîtrisé

; et puis le départ pour l'Inde, du côté de Pondichery, Auroville, une cité utopique, inspirée par "la Mère", la possibilité (ou l'illusion ?) de disposer de tout ce dont peut rêver un architecte : un terrain de jeu immense, aucun règlement d'urbanisme imposé, aucune contrainte budgétaire, un programme unique et varié, ...une nouvelle vie qui ressemble à un engagement (comment pourrait-il en être autrement ?), un engagement définitif, sans retour à la vie d'avant, celle des salons parisiens, des cocktails mondains en costume-cravate ; exit alors l'esprit de ces façades traitées en trompe-l'œil alternant le minéral et le végétalisé dans une composition toujours harmonieuse, disparue la géométrie précise de ces décrochements subtils, seul reste le goût pour la conjugaison intime de l'art et de la technique, mais déclinée dans une architecture de volutes ésotériques, dans laquelle le cercle et l'ellipse triomphent définitivement de l'angle droit.

Comment cette révolution a-t-elle été possible ? Comment un seul homme peut-il, presque instantanément, se radicaliser dans une posture si opposée au travail qu'il avait développé quelques années plus tôt ?
Voilà ce que j'appelle le "Mystère Roger Anger".

1 commentaire:

  1. C'est tout le mystère d'une vie qu'exprime celle de Roger Anger. Comment, et pourquoi, celle-ci bascule t-elle vers un ailleurs, un au-delà de l'être? Il aura fallu qu'un événement extérieur fasse céder une digue. Comment l'expliquer autrement?

    RépondreSupprimer