Certains vont dire que je suis obsessionnel : encore un livre de Laurent Gaudé ! Plutôt quatre réçits rassemblés sous le titre du dernier "La nuit Mozambique".
L'écriture est toujours simple composée de phrases courtes, mais j'ai envie de dire pleines, suffisantes. J'imagine que Gaudé travaille en enlevant au fur et à mesure ce qui n'est pas essentiel dans son texte.
"La nuit Mozambique" parle de la nostalgie, de l'amitié, de l'absence, des choses qui ne seront plus possibles car un être n'est plus là pour les faire vivre. L'amiral Aniceto de Medeiros et Da Costa, l'aubergiste, sont les seuls à être encore en vie du groupe de 4 amis qui se réunissaient 1 à 2 fois par an pour un dîner entre anciens marins aux destinées très différentes. Lors du dernier dîner, le commandant Passéo parlait : "(...) si vous me demandez aujourd'hui qui je suis, je ne vous dirais ni mon nom, ni mon âge, ni que je suis marin ou portugais, je dirais sans hésiter que je suis celui qui connaît l'histoire de la fille de Tigirka. Et celà suffit."
Une très belle phrase tirée de ce réçit : "Ils aimaient ce vieux restaurant où la porte des cuisines restait toujours ouverte - laissant s'échapper de chaudes odeurs de fritures marines, où les bouteilles de vin, lorsqu'on les débouchait sous leur nez, poussaient de longs soupirs de table."
"Le colonel barbaque" évoque la folie d'un ancien de la guerre de 14 qui s'enfuit en Afrique après la guerre, pour y retrouver le fantôme de son ami M'Bossolo emporté par la grippe espagnole. Il devient une sorte de loup solitaire, un moment leader des révoltes indigènes et finalement abandonné par eux. "Je suis la guerre. C'est pour cela qu'ils m'appellent le colonel Barbaque. Ils ont reconnu cela en moi : une hyène, qui s'ennuie lorsqu'elle ne tue pas."
"Gramercy Park Hotel", c'est le retour accidentel d'un vieil homme sur son passé , la chambre de cet hôtel désuet où il a passé, avec Ella qui est morte depuis 30 ans maintenant, une extraordinaire nuit d'amour. "Cette nuit est la nuit gagnée de notre vie. La seule, au fond, que nous ayons sauvée."
"Sang négrier" est l'histoire, tragique également, d'un négrier qui revient chez lui, dans cette ville où jadis il participa, avec une populace assoiffée de sang, à l'exterminantion d'un groupe d'esclaves échappé du bâteau dont il était le capitaine, et qui est persuadé que l'un d'entre eux a survécu et va venir l'exécuter. C'est "l'oeil était dans la tombe et regardait Caen" revisité.
Génial ton blog, il génère des envies de lire extraordinaires. Oserais-je dire qu'il me faut trouver le temps ? Je prends beaucoup de retard décidément, comment fais-tu ? J'aime bien ta façon de parler des livres.
RépondreSupprimerJ'accepte tous les compliments !....
RépondreSupprimerJe lis dans les transports en commun, le soir qd Monique corrige consciencieusement ses copies. Je ne prends en règle générale que des livre d'env. 200 pages afin de les lire en 1, 2 ou 3 fois maxi.
J'ai lu le livre mais je n'arrive pas a en détacher un portrait de l'amiral (Medeiros) Pourrais-tu m'aider ?!
RépondreSupprimerTrès bien ton Blog